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La lune de miel

Publié le 05 novembre 2009 par Politicoblogue
Barack Obama - Yes We Can

Barack Obama - Yes We Can

Le journaliste français Franz-Olivier Giesbert l’avait écrit dans son livre La tragédie du Président (edt.Flammarion), sur les années au pouvoir de Jacques Chirac. Pour un gouvernement ou un président nouvellement élu, il n’y a qu’une seule période qui compte vraiment dans son action politique, une seule période où il peut réellement faire bouger les choses : la « lune de miel » qui suit son élection. Ce sont des mois durant lesquels le nouveau président, au faîte de sa popularité et de son aura de nouveau couronné, a les coudées franches pour agir rapidement, et profondément. C’est cette même leçon que semblent avoir comprise les dirigeants de la Maison blanche sous la nouvelle administration Obama. En à peine 10 mois, ils ont lancé de nombreux chantiers et fait bougé de nombreux dossiers, dont celui, et non le moindre, de l’assurance-maladie.

Des attentes inhumaines

Sous le slogan « Yes we can », tout semblait possible pour les électeurs démocrates et les Américains qui désiraient un réel changement à Washington. Portés par le charisme d’Obama, ils croyaient pouvoir tout changer et balayer d’un seul revers la culture politique installée dans leur capitale depuis des décennies, et ce, par la seule force de leur nouveau président. C’était d’ailleurs une situation qu’Obama lui-même avait très bien comprise le soir du 4 novembre 2008 lorsque, dans son discours de victoire, il avait dit aux Américains qu’ils n’y arriveraient peut-être pas en un an, ou en un mandat. Déjà, il tentait d’abaisser la barre des espérances, mais c’était peine perdue. L’euphorie était la plus forte. Le nouveau président l’avait redit lors de son discours inaugural en janvier dernier : « Today I say to you that the challenges we face are real. They are serious and they are many. They will not be met easily or in a shot span of time. But know this, America – they will be met. » Le contexte de l’élection d’Obama était l’un des plus difficiles qu’un nouveau président élu puisse affronter : deux guerres menées simultanément en Irak et en Afghanistan, la pire crise économique depuis la Grande dépression de 1929-39 et une réputation internationale des plus affaiblies. Or, cela n’a pas empêché la nouvelle administration de mener plusieurs dossiers de front : annonce de la fermeture de Guantanamo, annonce du retrait des troupes d’Irak, règlement de l’équité salariale, nouvelles mesures contre les crimes haineux, adoption d’un plan massif de relance de l’économie de plusieurs centaines de milliards et élaboration de la réforme de l’assurance-maladie. Tout cela, en plus de parcourir le monde et de prononcer plusieurs discours, dont deux principaux en Turquie et au Caire en Égypte, qui ont jeté des ponts en direction du monde musulman et rétablit la crédibilité des Etats-Unis sur la scène internationale. Or, plusieurs s’affirment aujourd’hui déçus de la première année (ou plutôt des dix premiers mois) de mandat de Barack Obama. Comment pouvait-il faire plus en quelques mois ? Force est de constater que le nouveau président a été pris au propre piège de sa popularité.

Une réelle réprimande ?

Le 3 novembre dernier, les électeurs de deux États, la Virgine et le New Jersey, ont élu de nouveaux gouverneurs républicains, chassant de ce fait deux élus démocrates de ces sièges importants, malgré l’implication personnelle d’Obama dans la campagne. Si les observateurs de droite ont crié à la défaite du président et à la réprimande publique de la population, il faut tout de même nuancer la portée réelle de ces deux élections. La Virginie est un État aux racines traditionnellement républicaines, alors que le gouverneur du New Jersey, Jon Corzine, était aux prises avec des frasques de sa vie personnelle révélées au grand jour et une impopularité galopante (une procédure populaire de destitution avait même vu le jour en janvier 2008). Or, bien que le chemin qui mène à l’adoption de la réforme de l’assurance santé semble ardu, ce dernier projet est en bonne voie d’être adopté alors que le Congrès est toujours contrôlé par une majorité d’élus démocrates. Les élections de mi-mandat pourront peut-être changer la donne, mais pour le moment, le président dispose toujours – en principe – d’une majorité sur laquelle s’appuyer pour passer ses pièces législatives majeures. Et il semble profiter au maximum de la force parlementaire que lui aura donnée sa lune de miel. Rappelons-nous du président Franklin Roosevelt, qui, dans les années trente, est arrivé à la tête des États-Unis dans un contexte politique des plus difficiles, en plein cœur de la grande crise économique. Lui aussi a dû faire face aux turbulences économiques, politiques et à la guerre. Et, bien qu’il fut décrié à l’époque, l’on se souvient aujourd’hui de lui comme de l’un des plus grands présidents que ce pays aura connus. Si Obama, qui jouit tout de même d’une certaine popularité (toujours à 52%) réussit à réformer le système d’assurance-maladie d’ici les Fêtes et à procurer une assurance abordable aux citoyens non couverts, tout le reste sera oublié et son élan politique reprendra de plus bel. Surtout lorsque l’on considère que le Grand old party, le Parti républicain, se cherche toujours un nouveau souffle et une nouvelle direction. Le décompte est cependant enclenché en vue des prochaines élections législatives, mais il y a une chose que le président Obama nous aura prouvée : que s’il le veut, « yes he can » !

pierrelucbrisson.wordpress.com

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