l’état brut
Essayer de classer les Fiery Furnaces dans un genre musical précis serait une tache impossible, et ne leur rendrait certainement pas justice. "Widow City", sorti dans les bacs au début du mois d'Octobre, est de ces albums qui ne semblent être qu'une seule longue chanson de plusieurs dizaines de minutes. A l'instar des White Stripes, les Fiery Furnaces mettent en avant le côté intuitif, presque expérimental qui rappelle par certains aspects le rock des années 70.
Lorsque l'on écoute "Widow City", on pense aux Doors, voire même aux Beatles; mais on pourrait également les rapprocher des Moldy Peaches, ou de Franz Ferdinand et des Shins, deux groupes dont ils ont longtemps assuré la première partie en concert. Ils ont cependant ce côté un peu brut que n'ont pas les groupes à qui on pourrait les comparer. Les Fiery Furnaces privilégient avant tout l'aspect "garage blues"; comme si cet album n'était en fait que l'enregistrement fortuit des expérimentations musicales de Matthew et Eleanor Friedberger, les deux membres du groupe.
Et si ce mélange de genres et ces irrégularités rythmiques peuvent en apparence paraître peu professionnelles ou du moins, sembler offrir un résultat "peu abouti", les Fiery Furnaces n'en sont pas à leur coup d'essai. "Widow City" est en effet leur sixième album, et fait honneur à ce en quoi le groupe avait habitué ses fans. Chaque chanson est une sorte de "collage", alternant des phrases musicales à tendance blues, électro, acoustique, rock. Les textes sont tantôt chantés, tantôt parlés. La diversité des instruments employés ajoute à la richesse de l'univers des Fiery Furnaces (batteries, guitares, claviers, basses), tout comme les textes pour le moins "surréalistes", célèbrent une nouvelle fois ce côté "déjanté" et l'originalité propres au groupe.
Les Fiery Furnaces laissent perplexe, même le plus grand fan de rock indépendant doit accepter de mettre en danger ses repères musicaux pour décrypter et apprécier cette musique pour le moins dense et confuse (pour notre plus grand plaisir !), et cet enchevêtrement d'influences comme mises bout à bout. Car si le groupe déconstruit, en apparence, les différentes influences du rock, ce n'est que pour mieux construire son propre genre.
"Widow City" est un album à écouter sans modération, pour revenir au véritables origines du rock tels que le vivaient les grands artistes des années 60-70, tout en s'éloignant de la tendance un peu trop lisse et commerciale de notre époque. Avec une mention spéciale pour des titres tels que "Japanese Slippers", "Ex-Guru" et "Restorative Beer".
Elsa Lorphelin
« Widow city » des Fiery Furnaces, Ed. Thrill Jockey, 15 €
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Enregistrement du morceau "Japanese Slippers" :