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MY WORST 2000'S ::: Teki Latex

Publié le 08 novembre 2009 par Gonzai

Parce que démonter le présent reste un sacré pari sur l'avenir. A l'heure du droit d'inventaire, en marge des bilans d'une décennie qu'on n'a pas bien compris, plutôt que de s'épancher sur des listes aussi grosses que Teki Latex et Anthony & the Johnsons, Gonzaï s'arrête l'espace de quelques instants sur le pire des 2000's. Objets stupides, groupes éphémères, modes improbables et croyances absurdes, Gonzaï brule dix ans de vide rétro-futurisme, toutes les semaines et jusqu'au premier janvier 2010. Cette semaine, Clement fait subir un régime à... Teki Latex.

Le pire des années 2000 ? Sans doute ces immondes lunettes aux verres parcourus de raies de plastique (susceptibles de rendre épileptique n'importe quel modeux un peu trop consciencieux), très en vogue quelque part entre l'hiver 2007 et l'hiver 2007...

Une erreur esthétique en entraînant une autre, mon esprit dérive jusqu'à ce malheureux revival du fluo notamment porté par Teki Latex et consacré par le clip vomitif des Matins de Paris (en duo avec Lio), véritable bras d'honneur à l'harmonie et à l'esthétique. On ne tire pas sur l'ambulance, c'est vrai, mais le mauvais goût à la française mérite bien d'être cloué au pilori. Pour éventuellement être caillassé ensuite.

MY WORST 2000'S ::: Teki Latex
Au début des années 2000, j'ai découvert Ceci n'est pas un disque (TTC) et Le Buffet des anciens élèves (L'Atelier). Acette époque, les Inrocks et moi étions formels : Teki Latex était un garçon trop bat'. Faute d'être vendeuses, ses expérimentations acides, absurdes et bancales étaient saupoudrées de références culturelles suffisamment grand public pour que je sois en mesure de les comprendre et de les apprécier. En somme, de la musique de geeks désespérés à l'usage des geeks désespérés ; tout cela me convenait parfaitement et l'histoire aurait dû s'arrêter là.

Le problème, c'est un quiproquo : Teki Latex s'est rêvé en roi de la pop, Teki voulait faire danser les petites filles dans leur chambre (en écrivant ça, ma bouche se tord épinglant un air mi-dubitatif, mi-dégouté sur mon visage). En 2004, Bâtards Sensibles était symptomatique de cette entreprise de séduction de MTV. La démarche (subtile) consistait à calquer les textes du groupe sur ceux des rappeurs américains, ou plus prosaïquement à introduire du  « bitch » et du « salope » sur des mélodies électro répétitives. Risible faute d'être efficace, l'expérience Bâtards Sensibles avait pourtant le charme du film en VF québécoise téléchargé par erreur sur Emule.

Le temps a passé, Teki Latex n'a pas mué. Pour tout dire, je me fous de savoir s'il est capable ou non de se réinventer. Gardant à l'esprit la sensation provoquée par le visionnage du clip urticant des Matins de Paris, je ne pousserai pas le masochisme jusqu'à écouter ses dernières productions... Et j'invite ceux qui mettraient en doute ma bonne foi à expérimenter par eux-mêmes cette mauvaise blague de 3 minutes 59 secondes.

Le problème de Teki Latex est qu'il n'est à sa place nulle part, sauf peut-être accoudé au zinc du Paris-Paris, fermé depuis, rouvert après, rien ne se perd, tout se tranforme. Sauf Teki. Ce que j'avais pris pour un élan de machiavélisme le poussant à produire délibérément de la merde pour ensuite l'instaurer comme « tendance », s'avère n'être qu'une incapacité à faire de la pop audible. La carrière de Teki Latex restera donc le détail de l'histoire des années 2000, entre couleurs fluos et sucettes au gingembre. Même perdue sous des kilos de graisse, une métastase reste toujours toxique. Goodbye Teki.


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