Je termine ma troisième et dernière clope (le paquet de trente est encore à sept euros vingt), il est presque vingt-trois heures et je suis toujours accoudé au garde-corps de l’échafaudage, devenu heureusement pérenne. Ce courrier inintéressant me tombe des mains (l’éclairage, aussi, est insuffisant, il faudra y remédier dans les prochaines semaines).
Nom d’un petit bonhomme ! m’exclame-je tandis que la maison trace son sillage dans le jardin chagrin. L’herbe est peu agitée, tout juste quelques lueurs scintillantes et plus ou moins brèves tentent un glissement plus à l’Ouest. L’Express de Meaux, curieusement, n’a pas coulé mais une sorte de chuintement asthmatique atteste son humidité. Il a une minute et trente- trois secondes de retard, à l’oreille; je me dis que cela n’a guère d’importance.
Habituellement, ma montre retarde de quinze secondes dans la journée, c’est un fait. Il est d’ailleurs prévu qu’à moyen terme je me déplace en ville, pour consulter un analyste spécialisé. Ce midi elle était à l’heure, il n’y a aucun doute là-dessus; cependant, compte tenu des tous nouveaux contrastes climatiques, il est absolument certain qu’elle prendra vingt secondes dans la nuit, et dans toutes celles qui suivront.
La question surgit, implacable, atterrante presque (ce qui est un comble, pour le nautique que je suis). Dans combien de jours aura t-elle avancé de deux minutes ? Deux minutes…