Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j'ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité... Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. »
Une France monstrueuse
Faut dire qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuillère, la récente Goncourtisée, Marie N'Diaye, dans une interview donnée aux Inrocks.
Mais bilan des courses, elle a froissé les sensibles oreilles du député français et UMP Éric Raoult, qui n'a pas trouvé mieux pour fayotter auprès du président que d'écrire au ministre de la Culture, dévoilaient nos confrères de BibliObs.
Rama Yade, sors de ce corps !
Et que souhaite-t-il ce brave député de Seine-Saint-Denis ? Qu'on rappelle à l'ordre cette Rama Yade de la littérature, qui parle un peu trop fort et ne prend pas le temps de réfléchir à l'identité nationale avant de donner un avis qu'impunément elle donne alors qu'on lui demande. Quelle insolence !
Éric Raoult attire l'attention « sur le devoir de réserve, dû aux lauréats du Prix Goncourt. En effet, ce prix qui est le prix littéraire français le plus prestigieux est regardé en France, mais aussi dans le monde, par de nombreux auteurs et amateurs de la littérature française. » Et attendu qu'elle en a été gratifiée, Marie, bien que domiciliée Berlin, il serait bon qu'elle n'emploie pas ce registre de langue.
Suite de la lettre adressée au ministre, toujours de la main du député UMP :
Ces propos d'une rare violence sont peu respectueux, voire insultants, à l'égard de ministres de la République et plus encore du Chef de l'État. Il me semble que le droit d'expression ne peut pas devenir un droit à l'insulte ou au règlement de compte personnel. Une personnalité qui défend les couleurs littéraires de la France se doit de faire preuve d'un certain respect à l'égard de nos institutions, plus de respecter le rôle et le symbole qu'elle représente.Et de remettre le couvert sur le devoir de réserve que les lauréats doivent respecter, lequel irait alors « dans le sens d'une plus grande exemplarité et responsabilité ». Et de demander au ministre de donner son point de vue, ce que l'impudent ne manquera probablement pas de faire... On croit tout de même rêver.
Devoir de réserve et de tourner sa langue dans sa bouche
Beigbeder qui gagne un Renaudot en crachant sa bile d'un procureur qui l'aurait maintenu à l'ombre quelques heures, lui aussi pourrait recevoir un blâme ?
D'ailleurs, s'il a fait un tour en prison, c'est bien pour avoir tapé de la coke sur un capot de voiture, non ? Et qui encore, va devoir se taire pour respecter la réserve des écrivains. Mais M. Raoult fait fausse route : l'identité française est en partie dans cette contestation ! Doit-on encourager des Yasmina Reza et faire que tous les romanciers ne nous pondent que des torchons du genre L'aube le soir ou la nuit, bien respectueux de la Sarkozycité ?