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La dérisoire effervescence des comprimés

Par Liliba

Marie a mal. Marie en a assez. Elle ne supporte plus d'être allongée sur ce lit, liée à tous ces tubes, piquée de toutes parts. Elle ne veut plus voir les médecins qui prennent l'air sérieux et pressé, ni les infirmières, gentilles et douces, mais qui ne peuvent rien faire pour la soulager. Marie voudrait mourir.

Au début, elle y croyait. Elle pensait qu'elle allait s'en sortir, que ce serait une affaire de quelques semaines, et puis au revoir l'hôpital ! Avec les progrès de la médecine, l'évolution des nouvelles technologies médicamenteuses, la Science, avec un grand S, elle n'avait pas de soucis à se faire : ils trouveraient ce qu'elle avait, et la guériraient, c'était certain... On faisait maintenant des miracles !

Et puis le temps avait passé, lentement, tellement lentement. Les jours mornes et blancs s'étaient succédés, étaient devenus des semaines, et les semaines des mois... Tout le monde la rassurait, une petite complication, rien du tout, nous maîtrisons parfaitement l'infection, ne vous inquiétez pas, vous serez bientôt sur pieds, et elle y croyait, oh oui, elle s'accrochait à ces paroles comme à une bouée de sauvetage, et les buvait et s'en repaissait ensuite la nuit, quand la douleur la réveillait, quand elle se retrouvait seule face à ses démons, à ses peurs, seule face à la maladie...

Et puis, imperceptiblement, elle avait changé. Elle n'était plus aussi vaillante, physiquement, bien sûr, mais surtout, dans la tête. Elle n'avait plus de ressort, plus d'énergie, elle était fatiguée, tellement fatiguée. Elle avait mal, tellement mal. Elle n'en pouvait plus de cette douleur qui la broyait, la tenaillait, qui se jouait d'elle comme d'un pantin, et la laissait inerte, vide, presque morte déjà. Et elle s'était mise à détester tout le monde, et tous les objets qui l'entouraient. Elle ne pouvait plus entendre sans frémir les bips continus des appareils de contrôle sur lesquels on l'avait branchée en permanence... Le glouglou des perfusions résonnait dans sa tête, la rendait folle alors qu'autrefois il la calmait, la rassurait. Tous ces médicaments qu'on lui administrait... toutes ces drogues... pour quoi ? Pour rien... Dérisoire effervescence des comprimés qu'elle avalait sans plus croire maintenant à leur efficacité... Elle n'était plus qu'une pauvre chose reliée à des machines...

Marie voudrait mourir. Quelqu'un l'aime-t'il assez pour l'aider ?

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