Magazine Cinéma

“L’Imaginarium du docteur Parnassus” : hommage et dommages

Par Kub3

Avec L’Imaginarium du docteur Parnassus, Terry Gilliam  nous ouvre les portes d’un monde délirant alimenté par son imagination débordante. On se laisse impressionner par l’univers visuel, tout en reconnaissant la prouesse d’avoir pu mener ce film à son terme malgré la mort de Heath Ledger en plein tournage. Dommage cependant que l’Imaginarium n’accepte qu’une seule personne à la fois : pendant que le réalisateur y prend son pied, le spectateur ronge son frein.

“L’Imaginarium du docteur Parnassus” : hommage et dommages

A environ mille ans, le docteur Parnassus (Christopher Plummer) est un vieil homme. Après plusieurs paris avec le Diable (Tom Waits), il traîne aujourd’hui sa carcasse et sa carriole de forain dans les rues de Londres. Sa troupe essaye tant bien que mal de faire son beurre en faisant vivre leurs rêves aux spectateurs ayant accepté de traverser le miroir, s’en remettant à la transe de Parnassus. Mais le vieillard est inquiet. Dans trois jours sa fille Valentina,  incarnée par Lily Cole, aura 16 ans et deviendra alors propriété exclusive du cornu, pari perdu oblige. Mais le Diable au melon est trop amoureux du jeu pour s’en tenir là. Il propose donc à Parnassus un nouveau pari, auquel prend part malgré lui un beau parleur au passé trouble (joué tour à tour par Heath Ledger, Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell).

Il faut bien s’arrêter là dans l’énoncé du synopsis, car la dizaine de lignes qui précède résume déjà la moitié de la bobine. Il s’agit là du premier défaut flagrant du film : la lenteur de mollusque avec laquelle l’action se met en place. Alors que certaines réalisations s’essoufflent une fois passée la première heure, L’Imaginarium du docteur Parnassus commence à peine à décoller quand débute la deuxième.

Alors pourquoi la machine met-elle autant de temps à se lancer ? On peut d’abord avoir l’impression que la faute en revient à un scénario un peu décousu, voire brouillon, dans lequel Gilliam perd parfois son spectateur. Mais il est vrai qu’on ne se permet pas de crier au scandale lorsque David Lynch tourne un énième film sans queue ni tête. C’est “du” Lynch. Et de la même manière ici : c’est “du” Gilliam, dont le style est parfaitement reconnaissable (il a entre autres réalisé Monty Python : le sens de la vie, Brazil ou encore Las Vegas Parano). En outre, la trame narrative reste quand même relativement claire - la compétition entre Parnassus et le Diable -, avec un va-et-vient entre mondes oniriques et monde réel.

Mais il manque néanmoins un fil rouge : celui des différents protagonistes et des émotions qui les transportent. Bien que servis par une belle brochette d’acteurs, les personnages semblent plats, presque irréels, et interdisent toute forme d’identification. Résultat : l’ensemble est beaucoup trop démonstratif et ne laisse que peu de place à l’interprétation. Un comble pour un film prétendant interroger les notions de rêve, de fantasme et d’imagination.

Au final, il reste néanmoins des images en papier glacé dont on ne peut nier la beauté poétique, qui par exemple plairont aux amateurs de l’univers psychédélique de Philémon, la bande-dessinée de Frank. Et, bien sûr, il reste également un bel hommage à Heath Ledger, rendu par trois beaux gosses d’Hollywood.

affiche-parnassus

En salles le 11 novembre 2009

© Metropolitan FilmExport


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kub3 1789 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines