Le vide, le rien, l'absence qu'on découvre au-dessus des épaules n'est pas un néant, un désert mort.
Le rien est conscient ; l'absence est une présence.
Et surtout le vide est plein.
Immédiatement, le vide que je suis se remplit du monde qui apparait en moi. On ne peut avoir l'un sans l'autre, le vide sans la forme, le rien sans le tout.
Dans le Sutra du Coeur, on lit:
"Ô Shariputra ! La forme n'est pas différente du vide, le vide n'est pas différent de la forme.
Donc la forme, c'est le vide; le vide, c'est la forme."
Le vide n'est pas différent des formes qui naissent de lui et disparaissent en lui.
Ken Wilber décrit bien cette plénitude qui jaillit du vide:
"Dans le coeur de la vacuité, il y a une mystérieuse impulsion, mystérieuse parce qu'il n'y a réellement rien dans le coeur de la vacuité . Pourtant elle est là, cette mystérieuse impulsion pour ...créer. Pour chanter, pour faire briller, pour illuminer; pour manifester, pour étendre, pour célébrer; pour chanter et crier, et pour mettre en effervescence, pour faire déborder cette mystérieuse exubérance dans le coeur de la vacuité.
La vacuité se vide elle-même de la vacuité, et ainsi elle devient pleine, enceinte de tous les mondes, fruits de l'impulsion infinie à jouer, cachée dans le coeur de votre propre Soi profond. Si vous reposez dans l'état de témoin, si vous vous installez en tant que JE-JE, et regardez très attentivement celui qui regarde - si vous vous tournez à l'intérieur juste maintenant et essayez de voir celui qui voit - vous ne verrez rien du tout, car vous ne pouvez voir celui qui voit. Tout ce que vous trouverez est une vaste liberté et vacuité, dans laquelle le Cosmos entier est en train de surgir maintenant. Sortant de la pure vacuité, qui est votre plus profonde réalité, tous les mondes surgissent. Votre propre impulsion de regarder a fait naitre l'univers, et là il réside, dans la vastitude de l'espace, c'est-à-dire, dans la pureté de votre propre éveil primordial. Cela a toujours été évident; cela vous l'avez su toujours.
Seulement cela, et rien de plus, seulement cela."
One Taste, Ken Wilber