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Les monts de l'Eléphant; Jean-François Chabas

Par Sylvielectures

Les monts de l'Eléphant; Jean-François ChabasVoilà un bien joli roman qui fait figure d'OVNI dans une collection de romans pour ados.
Le héros a 47 ans et il fait un retour sur son passé d'enfant né avec une "petite cuillère en or massif dans la bouche".
Rien de bien exaltant ni rien qui puisse appeler une quelconque identification ou empathie jusque là.
Mais le récit est mené avec originalité et sincérité.
Le point de départ de ce flash back est le prénom d'une femme. La rencontre de Promesse marque un tournant décisif dans la vie du narrateur.
C'est à ce personnage qu'il choisit de parler des errements de sa famille et de sa jeunesse.
Petit à petit il déroule le fil d'une enfance de moins en moins heureuse au cours des années qui passent et d'une famille qui se délite.
Nous suivons par le menu le climat malsain dans lequel celui qui raconte son histoire a grandit coûte que coûte. Nous comprenons comment son refus et sa révolte l'ont amené à tourner le dos à ses origines à particule pour échouer à son âge avancé en tant que veilleur de nuit d'un immeuble des beaux quartiers.
Mais il se trouve que c'est là qu'il va se réveiller. Le rire enchanteur d'une femme de ménage va l'intriguer autant que le réchauffer.
"Oui, il faut que je te parle de Promesse, celle qui m'a réveillé alors que j'avais fermé les yeux sur le monde."
C'est seulement à la fin du livre que nous connaîtrons l'histoire terrible de Kateka, prénom khmer qui veut dire Promesse.
Derrière son rire et sa présence rayonnante et chaleureuse se cache un drame humain d'une violence rare.
Toute cette douleur contenue est ramassée dans les dernières pages avec beaucoup d'intensité.
Ce livre parle des drames familiaux, de la méchanceté et de la cruauté, du racisme et du pouvoir. Il pose des questions, déplace des frontières, multiplie les points de vue en tentant de situer ou de cerner le bien et le mal, deux camps qui s'affrontent dans un mouvement qui semble perpétuel.
Des beaux quartiers de Paris au sommet des Monts de l'éléphant, un pont s'est élancé, le temps d'une brève conversation dans le noir d'un ascenseur en panne...
"Pol Pot est mort sans avoir été jugé. Aujourd'hui, on n'a fait le procès de presqu'aucun des autres dirigeants de l'Angkar, mais les touristes du monde entier viennent au Cambodge pour admirer l'art khmer. Nous n'avons pas eu notre Nuremberg, et les victimes doivent vivre à côté de leur bourreaux, pendant que les occidentaux prennent les temples en photo. C'est répugnant. Alors je n'irai pas. J'ai obtenu mes papiers pour rester en France, je suis très bien ici."


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