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Le Louvre sauvé des flammes

Publié le 13 novembre 2009 par Louvre-Passion

Rassurez vous aucun incendie n’a ravagé le Louvre. J’écris cet article à la demande de « Justarrived » qui voulait des informations sur la plaque commémorative concernant un héros ayant sauvé le Louvre des flammes pendant la Commune. Comme elle m’a dit que «ça serait absolument génial d'avoir un article dessus!!! »,  je me suis donc rendu sur place muni de mon outil de travail de blogueur, autrement dit un appareil numérique, pour aller photographier la plaque en question.

Le Louvre sauvé des flammes


Comme vous le voyez il y a en fait deux plaques. Elles sont situées au rez-de-chaussée de I'aile Denon près de galerie Daru qui mène à la victoire de Samothrace. Il est écrit sur la première : « En mai 1871 Henri Barbet de Jouy, conservateur du musée du Louvre, Antoine Héron de Villefosse attaché au département des antiques, Léon Morand chef du bureau administratif des musées, par leur courage et leur décision ont assuré la défense intérieure du Louvre et conservé à la France ses collections nationales. ». Sur la seconde on lit : «Le 24 mai 1871, Martian de Bernardy de Sigoyer, commandant le 26e bataillon de chasseurs à pied, par son initiative énergique, a préservé de I'incendie le palais et les collections nationales du Louvre. » C’est donc Bernardy de Sigoyer le héros qui a sauvé le Louvre des flammes lors de la « semaine sanglante » il y a 138 ans.

Mais avant de vous raconter le sauvetage du Louvre, je pense qu’un rappel historique sur la Commune ne sera pas inutile !

En 1870 une guerre éclate entre la France de Napoléon III et l’empire Allemand dirigé par la Prusse du chancelier Bismarck. Très vite le conflit tourne au désavantage de la France dont l’armée est mal préparée et surtout technologiquement en retard par rapport aux Allemands qui utilisent notamment des canons à tir rapide. La capture de Napoléon III après la défaite de Sedan en septembre 1870 provoque la chute du régime impérial, la république est proclamée, un gouvernement de défense nationale sous l’impulsion de Gambetta lève 600.000 hommes pour arrêter l’ennemi. Mais ces armées improvisées ne peuvent venir à bout de la machine de guerre Prussienne bien équipée et bien entraînée.

Très vite un antagonisme surgit entre la nouvelle assemblée dirigée par Thiers et la population parisienne. L’assemblée est composée de notables de provinces qui veulent la paix même au prix de concessions territoriales. La population parisienne, qui à subit le siège des Prussiens, s’estime trahie par la volonté de paix de l’assemblée. L’assemblée, qui se méfie de Paris, multiplie les mesures vexatoires : transfert de l’assemblée à Versailles, suspension du moratoire sur les loyers et tentative d’enlèvement des canons de Paris. En mars 1871 le peuple de Paris se révolte, des mouvements révolutionnaires prennent le pouvoir et créent la « Commune », en référence à 1793. Pour les vaincre Thiers évacue la ville et laisse le champ libre aux insurgés pour mieux les écraser. Il obtient de Bismarck le rapatriement des prisonniers et dispose rapidement d’une forte armée face aux communards incapables de créer un commandement unifié. Les Versaillais entrent dans Paris et au cours de la « semaine sanglante » repoussent peu à peu leurs adversaires vers l’est de la ville, le 28 mai 1871 les derniers Communards sont fusillés au cimetière du Père-Lachaise. A la répression des Versaillais répondent les exécutions sommaires de prisonniers par les insurgés et les incendies qu’ils allument un peu partout pour couvrir leur retraite.

Le Louvre sauvé des flammes


C’est ainsi que le 23 mai 1871 les Communard mettent le feu au palais des Tuileries à la fois parce qu’il symbolise l’empire mais aussi pour couvrir leur retraite. Le conservateur du musée du Louvre, Henri Barbet de Jouy, aidé par le personnel du musée combat l’incendie mais celui-ci gagne du terrain. Il réussit à convaincre une compagnie de soldats Versaillais et leur commandant, Martian de Bernardy de Sigoyer de les aider. Dans la nuit du 23 au 24 mai les soldats tranchent la toiture de la Grande Galerie et stoppent l’incendie. Le palais des Tuileries est entièrement consumé mais le Louvre et ses collections sont sauvées. Le malheureux commandant, capturé la nuit suivante par les Fédérés, est retrouvé carbonisé le lendemain matin, quand à Barbet de Jouy il devient directeur des musées de France en 1879.

Il est donc juste que ces personnages aient leur plaque au musée. J’ajoute que je tiens mes informations du « Dictionnaire amoureux du Louvre » écrit par Pierre Rosenberg – ancien Président-Directeur du musée – publié chez Plon en 2007.


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