Calendrier Maya

S'il est une chose que je ne peux passer sous silence en ce moment, c'est la vague qui déferle - si j'ose dire! - avec la sortie du film 2012, et le florilège d'incongruités sur les Mayas qui l'entoure.

Je suis allée voir le fameux film ce week-end, entrainée par ma progéniture.

En ce qui me concerne, j'ai plutôt tendance à éviter les films dits "catastrophe", où les scénarios se répètent à l'identique, aussi reconnaissables que la catastrophe qui va anéantir la terre ou la galaxie, c'est selon.

Vie quotidienne, hommes - ô combien - insouciants ou inconscients, héros avertis, micro tableaux de la vie de chacun (<- nécessaires pour prendre toute la mesure du désastre et provoquer l'empathie), signes avant-coureurs - que personne ne voit, sauf le héros et les illuminés "on vous l'avait bien dit" - , et apothéose d'apocalypse avec happy end mi figue, mi raisin, ou non.

C'est prévisible, déprimant et ...déprimant.

Je dois reconnaître à 2012 la qualité de ses - hallucinants - effets spéciaux (ce qui était attendu). On prend presque plaisir à observer ce saisissant spectacle d'apocalypse bien à l'abri dans son fauteuil de cinéma. Il s'en dégage même un "supplément d'âme" qui fini par faire effet (c'est notre bonne vieille planète tout de même!).

A part cela, le mélange des vieux mythes et la "scientific touch" font que chacun peut être embarqué. Et allons-y du - vieux - président noir américain, du - jeune - scientifique noir américain (intéressant de voir l'image du scientifique comme pionnier du monde futur), du héros "ordinaire", de l'arche de Noé, du réchauffement climatique (le film sera-t-il projeté à Copenhague? Il y ferait son petit effet) et... des Mayas, c'est là aussi que je voulais en venir.

Ayant étudié l'archéologie Maya - il y a de cela fort longtemps, certes - je bondis sur mon siège à chaque fois que j'entends " Les Mayas avaient prédit que...". Comme dirait mon frère, si les Mayas étaient aussi forts en prédictions, ils auraient vu venir Cortés de loin!

Alors: oui, les Mayas faisaient usage de l'astronomie et possédaient plusieurs calendriers (séculier et religieux). Le cycle calendaire était de 52 ans (équivalent pourrait-on dire à un changement de "siècle"). Comme d'autres civilisations - nous y compris - ils accordaient de l'importance aux transitions et aux changements.

Il est bien d'autres richesses de la civilisation Maya (qui - au passage - sont confondus parfois avec les Aztèques, ou considérés comme de sanguinaires sauvages, en bloc).

Je me souviens encore - dans ma chambre d'étudiante - avoir passé des heures et des heures à dessiner, découper et fabriquer des cercles pour fabriquer des calendriers Mayas et comprendre leur fonctionnement. Patiemment recopier tous les glyphes les uns après les autres, apprendre à compter, lire les stèles photographiées, etc (avant que d'aller, enfin, les voir sur le terrain au Mexique!). Un empire et une civilisation d'une grande richesse architecturale, dont l'organisation sociétale est passionnante à étudier. A l'époque - où je l'étudiais - personne ou presque ne s'y intéressait - il n'y en avait que pour l'Égypte et la Rome antique. Seuls quelques linguistes Russes étudiaient les glyphes dans le but de déchiffrer - sans équivalent de la Pierre de Rosette - cette écriture. Bien-sûr quelques figures emblématiques comme le français Jacques Soustelle faisaient aussi office de référents. Mais, nous étions loin des prévisions apocalyptiques!

Alors, s'il vous plaît, laissez les Mayas là où ils sont, ne mélangez pas tout, appréciez le film si vous voulez (vous verrez, vous vous sentirez tranquille après... mais tranquille!), la fin du monde n'est pas pour demain, et, quand bien même elle le serait, c'est que nous faisons aujourd'hui qui compte.

Illustrations Terra Maya, et ressources sur la civilisation Maya d'hier et d'aujourd'hui.