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Enfants du Darfour : les coulisses d'un fiasco

Publié le 27 octobre 2007 par Willy


Enfants du Darfour : les coulisses d'un fiasco



DELPHINE CHAYET, CYRILLE LOUIS et JEAN-MARC PHILIBERT (à Vatry).  Publié le 27 octobre 2007 - http://www.lefigaro.fr/  
es familles membres de l'association L'Arche de Zoé étaient venues à l'aéroport de Vatry (Marne) pour accueillir 103 enfants venus du Tchad et du Darfour.
" /> Jeudi, les familles membres de l'association L'Arche de Zoé étaient venues à l'aéroport de Vatry (Marne) pour accueillir 103 enfants venus du Tchad et du Darfour.  François Nascimbeni/AFP


Malgré l'ouverture d'une enquête judiciaire dès la fin juillet et leur convocation par la police, rien n'a pu dissuader les responsables de L'Arche de Zoé.

  L'EXTRAVAGANT projet visant à faire venir en France un millier d'enfants du Darfour n'avait rien de secret. Au contraire, les responsables de L'Arche de Zoé l'ont abondamment fait connaître au cours des six derniers mois. Or, malgré diverses initiatives, les pouvoirs publics ont été incapables de les dissuader.
  LE PROJET AVAIT ÉTÉ LARGEMENT MÉDIATISÉ.  Dès le 28 avril, L'Arche de Zoé annonce par un communiqué son intention de « sauver au moins 1 000 enfants du Darfour ». Un appel aux dons et aux candidatures de familles d'accueil est lancé, les médias sont informés. Rapidement, les autres ONG réagissent. « Des familles adoptantes ont pris contact avec nous car elles s'interrogeaient », se souvient Geneviève André, directrice de la mission adoption de Médecins du monde, qui saisit bientôt la justice en référé pour faire retirer son logo, abusivement utilisé par L'Arche de Zoé sur son site Internet. Également saisie par une famille, France Terre d'asile répond que l'opération lui semble « irresponsable et malhonnête », avant d'ajouter : « Le procédé d'un charter d'enfants sans visa ni laissez-passer ressemble plus à une aide à l'entrée irrégulière sur le territoire qu'à une action de sauvetage. »
  LA JUSTICE SAISIE DÈS LE 9 JUILLET.  Au mois de juin, le ministère des Affaires étrangères (MAE) reçoit, à son tour, plusieurs coups de fil de particuliers qui, pour certains, s'étonnent de devoir débourser plusieurs milliers d'euros afin de faire venir un enfant. Le 14, un premier communiqué invite ces familles à la prudence tandis que le 9 juillet, le ministère, par la voix de l'Autorité centrale pour l'adoption internationale transmet un signalement au parquet de Paris. Deux semaines plus tard, une enquête préliminaire est confiée à la brigade de protection des mineurs qui, courant août, entend Éric Breteau et Stéphanie Lefebvre, respectivement président et secrétaire générale de l'association, et leur rappelle les règles qui régissent l'adoption internationale.
  LE DIALOGUE SE CRISPE AU CoeUR DE L'ÉTÉ.  Le 30 juillet, ces deux responsables de L'Arche de Zoé sont reçus par la directrice de cabinet de Rama Yade, secrétaire d'État aux droits de l'homme. « Ils nous ont expliqué qu'ils avaient le soutien de nombreuses ONG et qu'ils voulaient faire venir des orphelins dont le statut serait attesté par les chefs de village, se rappelle-t-on au ministère. De notre côté, nous leur avons confirmé nos réserves en des termes parfaitement clairs. » Ce sera leur dernier contact.
  AU TCHAD, DEUX MOIS DE TRAVAIL AU GRAND JOUR.  Les responsables de l'association se rendent sur place les premiers, dès le 9 septembre. Une grande bâtisse est équipée de matériel de soins dans le centre-ville d'Abéché, tandis que les enfants sont rassemblés sur la base d'Adré. « Nous nous donnions deux mois pour rassembler les enfants et les évacuer, explique Christophe Letien, un membre de l'association. Mais la reprise des conflits a précipité les choses. »
  LE 23 OCTOBRE, L'OPÉRATION SE PRÉCISE. Alors que des rumeurs annoncent depuis plusieurs jours le début imminent de l'opération, une famille appelle le Quai d'Orsay, le 23 octobre, pour s'étonner de ce que L'Arche de Zoé a encaissé son chèque de 2 800 euros. L'inquiétude monte d'un cran et une information judiciaire contre X pour « exercice illicite de l'activité d'intermédiaire en vue d'adopter » est ouverte, le 24, par le parquet de Paris. Vingt-quatre heures plus tard, neuf ressortissants français sont interpellés à Abéché pour avoir tenté de faire sortir, dans la plus stricte illégalité, 103 enfants du territoire tchadien.

DOUX RÊVEURS OU « MERCENAIRES DE L'HUMANITAIRE » ? Selon l'avocat de L'Arche de Zoé, Me Céline Lorenzon, « les responsables de l'association étaient sûrs de leur bon droit, même s'ils avaient conscience de courir un danger car toute opération humanitaire dans une zone en guerre est à risque ». Proche d'associations qui militent pour une meilleure prise en comptedu conflit au Darfour, Éric Breteau, commercial de 37 ans et pompier volontaire, s'entête pourtant. Après avoir projeté l'adoption des enfants par des familles françaises, il invoque désormais leur simple accueil pendant la durée du conflit. Au total, 257 familles auraient chacune déboursé 2 400 euros en moyenne, soit pour adopter un enfant, soit pour l'accueillir pendant la durée du conflit. Selon le proche d'un journaliste parti avec Breteau, « il n'a pas le profil d'un trafiquant d'enfants, mais plutôt d'un doux rêveur qui cherchait à faire un coup médiatique dans l'espoir de sauver le Darfour ».

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 Loin d'être tous des orphelins 26.WWW000000382_larche_de_zoe_une_association_aux_contours_flous.html" title="L’arche de Zoé : une association aux contours flous">L’arche de Zoé : une association aux contours flous

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