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Le syndrome DTM (Degré de Torchabilité Maximum)

Par Eric Bernardin

Le soir suivant la visite à la tonnellerie, nous avons eu avec Antoon un petit souci : toutes les bouteilles se vidaient à vitesse grand V. A se demander si elles n'étaient pas percées ? Ou alors les verres? Vérification faite, rien à signaler. Une seule explication : un degré de torchabilité au dessus de la normale.

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Ca a commencé avec champagne rosé brut de l'ami Boulard. Un nez de griotte et d'épices. Une bouche ronde, aux bulles caressantes, et toujours ces notes fruitées/épicées. Un joli compagnon pour le Saucisson du marin de Normandie. Une bouchée de saucisson, une gorgée de rosé. Une bouchée de saucisson. Une gorgée de rosé. Et ainsi de suite. A un moment, on s'est calmé sur le saucisson. On est passé à la viande des Grisons. Un peu écrasée par le champagne d'ailleurs. Mais bon, on a fait avec. De toute façon, il en restait presque plus, de champagne... Et le temps d'écrire cette phrase ... elle était vide !

Bon, ça tombait bien, il fallait que je prépare la suite du repas. Je ne vous dirais pas ce que c'est, parce qu'Antoon n'est pas sensé aimer celui-ci ;o) En fait, c'est passé comme une lettre à la poste, comme la bouteille suivante...

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Ce vin fait partie de mes coups de coeur. Ceci dit, j'ai hésité à le faire déguster à Antoon, car il est probablement l'un des plus grands connaisseurs français en syrah rhodanienne. Alors lui présenter une syrah languedocienne, c'est comme présenter un cabernet espagnol à Jean Marc Quarin (un critique bordomaniaque). Pourtant, dès qu'il met le nez sur cette Côte dorée 2002 de l'Aiguelière, il semble séduit : olive noire, lard fumé, garrigue, épices... Il lui reproche au départ un certain manque de corps, mais au fil de l'aération, le vin prend de l'assurance, gagne en sensualité, en gourmandise. On ne se lasse pas de le humer, de le siroter à petites gorgées. D'en parler. Et d'en parler encore. Et de le regoûter pour apprécier ses subtiles variations. Et le sort s'acharne alors que le fromage pointait son nez : vide !!!

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On ne se décourage pas pour si peu : Antoon va puiser dans sa réserve : il sort un Châteauneuf Mont Redon 2003. Au nez comme en bouche, je dirais qu'il fait pas châteauneuf, et encore moins 2003. Un nez très pur sur les fruits rouges frais (fraises, framboise) mâtiné de poivre blanc. Une bouche fine, ciselée, d'une grande ampleur et gourmande en diable. Ah ben c'est malin d'ouvrir un vin pareil : au moment où l'on se dit qu'on va être raisonnable, voilà le "petit Jésus en culotte de satin" qui débarque. Forcément 1 - fô lui faire honneur : ce serait injure d'en laisser une goutte 2 - fô pas gâcher la marchandise : demain, il s'ra plus bon. Bon, ce sont des raisonnement a posteriori, mais je crois que ça s'est passé plus ou moins comme cela dans nos p'tites têtes. En tout cas, le résultat est là : torché, le Mont-Redon !

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Y avait pas de dessert de prévu : j'ai donc ouvert une bouteille de Bohémienne 05 de Grès Saint Paul (muscat passerillé). Le vin était d'une fraîcheur étonnante pour un vin de 4 ans. On avait l'impression qu'il venait d'être embouteillé. Ceci dit, je ne sais pas si la lassitude venait, mais nous n'en avons bu qu'un verre. C'est là que je me dis que nous avons été très raisonnables ;o)

Il n'empêche que le lendemain matin, j'avais comme une barre au front. C'est sûr, c'est ce satané muscat matraqué en SO2 ! Le pire, c'est que je ne blague pas. On en a rebu au repas de midi, sans le finir. Re-mal de crâne. Du coup, il a fini à l'évier : la torchabilité, ça ne se commande pas, comme dit le poète...

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