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Petits motets d'Henry Madin : quelques perles rares

Publié le 27 octobre 2007 par Philippe Delaide

Le label K614 continue à nous faire découvrir des compositeurs injustement délaissés dans le répertoire de la musique ancienne et baroque. Henry Madin fait visiblement partie de ceux-ci, alors qu'il a officié à la Cour de Versailles, auprès de Gervais et de Campra, sous le règne de Louis XV.

Avec le soutien de la région de Lorraine, (Henry Madin était natif de Verdun), Anne-Catherine Bucher, à la tête du Concert Lorrain, a enregistré un magnifique recueil d'une dizaine de petits motets de ce compositeur avec un choeur de six femmes (3 premiers et 3 seconds dessus) d'un excellent niveau. Ces motets pour les saluts étaient composés pour les "Cent Filles de la Miséricorde".

Ce qui frappe le plus à la première écoute de ces motets est le sentiment de plénitude qu'ils dégagent. Ils sont d'une grande simplicité et ne s'embarrassent d'aucune ornementation qui pourtant était souvent de mise à cette époque, y compris sur la musique sacrée. La beauté de ces motets est en grande partie révélée par le truchement d'une basse continue subtile et parfaitement mesurée mais aussi au travers du phrasé du choeur de femmes.

Les modulations de leurs voix, le vibrato régulier sur les bons points d'inflexion du texte, apportent une grâce, même une sensualité certaine à cette interprétation.

Henry_madin_motets
Je trouve que Le motet le plus profond et captivant est le tout premier "Tantum ergo". Il dégage dès les premières mesures une atmosphère de mystère et de recueillement (la ligne mélodique ressemble d'ailleurs étrangement au début du stabat mater de Pergolese). Ce début un peu ténébreux est ensuite vite supplanté par un chant enjoué et rythmé.

L'Adorote Mottet Elévation est également superbe.

Une chaconne et une sonate pour cordes de Nicolas Clérambaut, viennent ponctuer l'enchaînement de ces motets.

Ces pièces s'apparentent donc à une vision très humaine et naturelle de l'expression du répertoire sacré, se rapprochant finalement de la vision des musiciens luthériens qui aimaient associer subtilement grandeur et intimisme. Point de couleurs excessives et de transcendance. Tout simplement neuf voix à l'unisson qui servent une musique humble, fluide et finalement très touchante.

A saluer également (c'est encore assez rare) la qualité d'enregistrement : clareté, rendu très net des différents plans sonores et très vivant des différentes voix du choeur.

Une fois cette note terminée, j'ai eu le plaisir de recevoir le numéro de novembre de Diapason et de découvrir que ce disque avait obtenu le "Diapason découverte".

Lien direct vers plus de détails sur le disque (tiré du site cd-baroque.com). Sur cette page, il est également possible d'écouter un extrait d'un des motets (le 2ème Domine Salvum Fac Regem).

Henry Madin - Petits Motets - Le Concert Lorrain - Direction Anne-Catherine Bucher - label K614.


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