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Tant qu’à être sorcière, j’aimerais mieux en être une vraie, à l’ancienne, avec chaudron, breuvages et paroles magiques plutôt que cette Lucie de banlieue de province, mère de famille et fille de sorcières plus douées, qui pleurent de vraies larmes de sang, alors que de ses yeux à elle ne sort qu’un liquide pâlot un peu ridicule ! Ses filles peuvent se transformer en corneilles et sa mère en serpent, elle demeure une femme banale, timide, honteuse et malchanceuse. D’ailleurs, si elle peut vaguement prévoir l’avenir proche, tout semble lui échapper : ses deux filles qui s’écartent d’elle le plus possible, son mari qui rejoint un autre foyer, ses parents qui refont leur vie séparément et plutôt mal. Malgré sa bonne volonté, tout s’écroule autour d’elle et ses pouvoirs n’y peuvent rien. La solitude l’envahit, la court-circuite, et la contraint à se transformer en professeur de sorcellerie frelatée.
L’écriture est belle mais le roman ne me séduit pas ! Je n’ai pas adhéré à ces petites vies médiocres, ces petits appartements malodorants, vieillots et désordonnés, ces femmes sorcières aux pouvoirs inutiles et au quotidien étouffant. Le fantastique, l’insolite, l’au-delà du réel, le féerique, je les ai sans cesse attendus mais ils n’étaient là qu’au compte-goutte ! Sans m’être ennuyée pendant ma lecture, je suis restée étrngère au récit. Je n’aime décidément pas les romans métaphoriques !
La sorcière de Marie Ndiaye (Les éditions de Minuit, 1996, 189 p.), Livre de Poche.