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Une marque curieuse au musée de Salers (15)

Par Jean-Michel Mathonière

Odette et André-Charles Gros m'ont communiqué cette belle photographie d'une marque se trouvant dans le musée de Salers (Cantal) et qui leur a été indiquée comme étant compagnonnique.

Une marque curieuse au musée de Salers (15)
© Photographie Odette et André-Charles Cros, D.R.

Elle représente un triangle équilatéral dont les sommets sont marqués par des fleurs, deux étant à peu près semblables, la troisième étant différente.

S'il est certain que semblable marque, très soigneusement réalisée, est nécessairement due à un tailleur de pierre et n'a rien d'une simple marque de tâcheron, et que le triangle équilatéral et les fleurs font partie de la symbolique fondamentale des Compagnons tailleurs de pierre, il n'en demeure pas moins qu'il est tout à fait hypothétique de qualifier de « compagnonnique » cette belle marque — ou « remarque » comme disent les Compagnons à propos de semblables éléments qu'il convient à l'itinérant de remarquer.

Suite:

Le bâtiment du musée, curieusement (touristiquement ?) dénommé « Maison des Templiers », date en effet de la Renaissance (la partie la plus ancienne est du XVe siècle, le dernier grand-maître de l'Ordre du Temple ayant été brûlé vif en... 1314 !). Et même si une telle ancienneté paraît être une évidence pour l'esprit, les historiens aimeraient bien disposer de preuves documentaires précises non seulement quant à l'existence du compagnonnage des tailleurs de pierre dès cette époque, mais aussi, en la circonstance, quant à la symbolique qu'ils auraient employé durant cette période. Il faut en effet se méfier de transposer trop hâtivement ce que l'on sait des époques ultérieures (en l'occurrence surtout les XVIIIe et XIXe siècles) aux époques plus anciennes.

Cette marque peut aussi renvoyer à un symbolisme chrétien — la Sainte Trinité — qui ne possède pas nécessairement de rapport immédiat avec celui des Compagnons tailleurs de pierre.

Tout ceci étant dit, j'aurais mauvaise grâce, après les études que j'ai exposées dans Le Serpent compatissant, où les fleurs et la géométrie occupent une grande place et me permettent de faire l'hypothèse d'une existence du compagnonnage des tailleurs de pierre en France dès le début du XIIIe siècle, j'aurais mauvaise grâce donc à ne pas voir dans la marque du musée de Salers un nouvel indice méritant de prendre place dans le dossier de la « préhistoire » des Compagnons tailleurs de pierre.


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