Magazine Beaux Arts

Anecdote ou profondeur ? (Paris Photo 2)

Publié le 23 novembre 2009 par Marc Lenot

photo_file_5601.1258975413.jpgJ’ai passé des heures à Paris Photo, et j’ai fait de belles découvertes. Mais, plutôt que de faire une fastidieuse revue de détail des stands maintenant que les portes  se sont refermées (allez, encore trois coups de coeur quand même : les finlandais chez TaiK, les photos expérimentales de Susan Derges chez Purdy / Hicks et une superbe et mystérieuse église romane de Rut Blees Luxemburg chez Dominique Fiat; et un coup de gueule : les prix effarants des photos de la NASA chez Daniel Blau, plusieurs dizaines de milliers d’euros, alors que ces photos spatiales ont été prises dans le cadre d’un programme public, financé par le budget de l’Etat), j’ai envie d’écrire ce billet sur ce que m’a inspiré l’attribution du Prix BMW. 

Ce prix a donc été décerné à la photographe hollandaise Karijn Kakebeeke pour Khadija’s dream : une jeune afghane a été sélectionnée pour participer à l’équipe de football de son pays. C’est une photographie documentaire, plate, anecdotique, qui ne dit rien de plus que ce qu’elle montre, une banale photo de reportage, bien faite mais sans profondeur. Certes, on peut avoir plein de sympathie pour les Afghanes et vouloir aussi saluer la présence de la galerie de Dubaï qui présentait cette photo, mais on n’est pas à Perpignan ici, et c’est un choix qui m’a beaucoup déçu par rapport à la qualité d’autres oeuvres sélectionnées.

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Parmi les vingt photographies présentées, Madame et Messieurs du jury, vous auriez pu choisir le paysage de dunes de Lamia Naji, où le regard se perd dans les sables, et qui devient une composition presque abstraite, qui pourrait tout aussi bien être un corps, une peau, ses rides, ses profondeurs. Are you there ? n’est pas seulement un poème de douleur envers un disparu, c’est aussi une calligraphie poétique, une recomposition du monde.

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Vous auriez pu choisir ce rocher méditatif, incongru dans une mer déserte et froide, comme un poinçon crevant l’image, dont on ne peut se détacher, tel un jardin zen (Wandering Rock de Per Bak Jensen).

Pour ma part j’aurais voté pour le somptueux photogramme de Nancy Wilson-Pajic ci-dessus : sans utiliser de caméra, elle a déposé sur du papier sensible une robe du couturier Alexander McQueen et a laissé la lumière faire son oeuvre. Cette corolle bleue épanouie est une trace de lumière, une empreinte de beauté, elle est rare (tant de photogrammes sont des échecs, dure loi de l’expérimentation), unique, précieuse et d’une splendeur époustouflante (Novem Lumen, en haut).


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