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Grands patrons : deconnecter remuneration et bourse

Publié le 24 novembre 2009 par Cajj

Faux patrons et mauvais traitements

C'est amusant d'appeler "patrons" dans gens qui ne sont pas des patrons. Un patron est le propriétaire dirigeant d'une entreprise. Les grands patrons sont des dirigeants employés.

Cette confusion n'est pas sans poser les difficultés que nous connaissons.

Quand une entreprise va mal, une PME-TPE, le patron commence par payer les salaires et charges de ses employés et se sert ensuite. Quand il est en perte, il n'a plus de revenu.

Le "grand patron", lui, procède à des licenciements, voit les profits de l'entreprise s'effondrer et finit par être licencié avec un très gros chèque, que dis-je, un très très très très très gros chèque.

Où est la perversité du système ?

Autrefois, l'employé payé à diriger l'entreprise avait comme objectif de faire croître le chiffre d'affaires de l'entreprise et la rentabilité de ses activités. Si ces résultats étaient bons, il y avait une évolution du positive du cours de la bourse pour autant que cette dernière était orientée à la hausse.

L'actionnaire, propriétaire de l'entreprise, gagnait sa vie par une appréciation convenable du cours des actions et le versement de dividendes.

Aujourd'hui, les potentialités de variations des cours de bourses ont explosé.

La responsabilité du dirigeant n'est plus de bien gérer l'entreprise, mais de faire monter le cours de l'action sur le marché boursier. Bien sûr, le cours de l'action profite d'une bonne gestion de l'entreprise. Mais des opérations de pure finance permettent d'obtenir des résultats bien plus spectaculaires. Ainsi Jean-Marie Messier a commencé à créer un grand groupe en achetant des entreprises dont il payait l'achat par la valorisation des actions du nouveau groupe.

A J1, Vivendi valait 100 ; l'entreprise cible 50. Il achetait l'entreprise cible pour 50, mais le nouveau groupe valait 175 et non 150 ; il revendait les 25 de bénéfices pour payer les 50 d'achat. Son rôle était de construire un groupe et non de gérer des activités. Le jour où la bourse a chuté, 100 + 50 = 125 ; et alors Messier n'était plus en capacité d'honorer une dette quelconque ; il a du être procédé à un sauvetage.

Pire encore, ce type était issu de la grande fonction publique matinée de banque.

Tirer les leçons de la crise ?

Finalement le problème ne tient pas au niveau de rémunérations des "grands patrons". Le problème tient à ce qui fonde leur rémunération.

Aussi, je préconise qu'on légifère pour :

— interdire tout ce qui relie la rémunération au cours de bourse (dont plus de stocks options) ;

— interdire tout supplément variable de rémunération à un patron qui aurait un solde négatif de l'emploi sur ces 12 derniers mois ;

— interdire toute indemnité de licenciement pour un patron ayant un solde négatif de l'emploi (somme des licenciements – somme des créations de postes).

Si un patron est embauché pour mettre en oeuvre une restructuration, l'actionnaire doit lui verser un salaire fixe sans prime de résultat. Sa prime étant de rester en emploi.

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On peut estimer qu'une telle loi ne serait pas sans conséquence à long terme sur les entreprises. La question est de savoir si ses conséquences seraient positives pour les entreprises françaises ou non.

Il me semble que dans la compétition mondiale, au lieu de faire bêtement comme les autres, nous devons essayer d'inventer un autre modèle avec ses propres avantages concurrentiels.

cajj


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