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Critique • Ingrid Michaelson - Everybody

Publié le 25 novembre 2009 par Madnestef
Critique • Ingrid Michaelson - Everybody
Ingrid Michaelson est typiquement l'une de ces artistes dont on entend peu parler mais que les médias adorent - et nous aussi. On n'est pas avides de compliments quand il s'agit de qualifier le travail de la jeune new-yorkaise qui fait régulièrement les belles heures de Grey's Anatomy, un show duquel il est difficile de dissocier sa musique, tant elle a été de nombreuses fois utilisée (pas plus tard que dans le dernier épisode, d'ailleurs). On vous avait brièvement parlé en août de la sortie du dernier album de cette dernière, Everybody, sans prendre le temps de développer. La fin d'année approchant, nous nous retournons désormais sur ces albums qui ont marqué 2009, et Everybody en fait partie. Il n'est jamais trop tard pour bien faire.
Dire que Everybody s'arrête là où Boys & girls s'était arrêté serait mentir. On sent une réelle évolution dans le son d'Ingrid, qui a trouvé véritablement sa voie / voix avec ce style acoustique propre à la "débâcle des sentiments", mais qui s'avère terriblement efficace chez elle. Pour faire rapide, Ingrid Michaelson se présente avec ce nouvel album comme une sorte de tailleuse de diamants moderne. Sa recette ? De petites mélodies généralement pas très compliquées qu'elle cisaille et polit en posant sa voix dessus. C'est toujours très frais, toujours sur le fil, toujours fragile on a envie de dire, mais en même temps se dégage de la frêle jeune femme une force assez hallucinante. Si l'on ajoute à ça des textes touchants sur l'amour dans ses grandes largeurs et ses petites douceurs, on obtient un disque qui frôle avec douceur les oreilles, rempli d'une émotion qu'on sent sous-jacente mais qui ne déborde jamais.
L'amour est et a toujours été le sujet de prédilection de 99% des artistes, et l'on en a sûrement fait le tour. Ou peut-être pas tout à fait. Ingrid Michaelson, avec son petit corps et sa grande voix (on aurait presque envie de l'imaginer comme une Patty Griffin encore ado) nous raconte ses histoires d'amour enfantines, qui suivent les aléas des sentiments avec un positivisme souvent à toute épreuve. Le meilleur exemple est sans doute Maybe, premier single et titre qui clôt l'album, ballade somptueuse qui parler de l'espoir, l'espoir du retour de l'être aimé, avec cette force quasi désespéré. Le titre n'est en revanche pas vraiment représentatif de l'album, qui contient généralement des titres bien moins instrumentalisés, et qui privilégie les silences aux cris. On valide. Le bijou de l'album pour nous, c'est le petit The Chain, dont le refrain en voix de tête part vers les hauteurs en vous emportant, sans jamais vous lâcher. Seuls un piano et la voix d'Ingrid Michaelson accompagnent ce titre doux-amer, abordant une fois encore le départ de l'être aimé, avant d'éclater en chœurs angéliques, rappelant l'inédit Turn to stone, qu'on avait adoré au possible.
On trouve malgré tout bien plus positif dans l'album, notamment le titre qui donne son nom à l'album, le jouissif Everybody. Le refrain reprend en chœur un "Everybody, everybody wants to be loved" qui vous donnera envie de taper du pied. La guitare et le "ooh-owoh-oh" font tout le sel de la chanson qui ne ferait pas tâche à la fin d'un Disney - le côté cheesy et cheap en moins, bien entendu. Quand on parle de Disney, c'est dire si la douceur et l'entrain de l'artiste donnent le sourire. Sourire qu'on garde pour le poétique Incredible love et le mignon Mountain and the sea, qui métaphorise l'amour de la façon la plus touchante qu'on ait entendu cette année. Sort of, quant à lui, joue sur le côté geek un peu lunatique qui a fait la célébrité et le charme d'Ingrid avec The way I am, notamment. Men of snow, qui traduit parfaitement cette idée d'hiver musical, et Once was love, plus pêchu, donnent un bilan plus amer des relations amoureuses, qui semblent ici vouées à l'échec. Mais le miracle, c'est que la voix d'Ingrid, parfois glaciale par sa précision et sa clarté, s'avère aussi chaude que l'été dans les sentiments qu'elle cherche à faire passer - et ça marche, ça marche vraiment.
On retrouve une Ingrid impatiente comme une enfant (encore une fois) mais toujours fragile et touchante dans So long et Are we there yet, le texte de ce dernier ayant une saveur particulière pour une artiste qu'on sait souvent en tournée à travers le monde: elle demande avec espoir dans la chanson si elle est déjà arrivée à la maison, sans succès. On sera aussi touché par Soldier, le titre qui ouvre l'album, et qui joue habillement avec le parallèle entre le combat d'un soldat et la bataille qu'est toute relation amoureuse - un de nos grands favoris parmi l'album. Locked up, enfin, garde cette perspective innocente et amère à la fois sur les multiples chemins que propose la vie et la difficulté de s'ouvrir aux autres. L'album, comme un conte, s'ouvre et se lit / s'écoute comme on écouterait attentivement un grand-parent attentif et souriant.
Ce qu'il faut retenir d'Ingrid Michaelson, c'est que c'est une artiste dont on entendra encore parler d'ici quelques années, tout simplement parce qu'elle a su amener de la personnalité dans le style de musique qu'elle a choisi. Elle nous rappelle un peu une certaine Sarah McLachlan - en moins dépressive, parfois - dans ses textes forts et accessibles à la fois qui prennent vraiment la force qui est la leur grâce à l'interprétation mature et nature de l'artiste. Au-delà des grandes orchestrations divaesques, au-delà des pouvoirs larmoyants d'un orchestre de violons qui s'accélère, il y a les artistes qui n'ont pas besoin de musique pour faire passer les émotions qu'ils souhaitent transmettre: la magie de la voix opère seule. Il n'y a pas de fioritures, de trémolos mal placés ou de tirades moralisatrices: juste la simplicité d'une artiste qui garde les pieds sur terre, le cœur sur la main et sa voix dans vos oreilles, on espère.
Du côté de l'info qui sert à rien, on vous dira que les visuels de l'album sont sublimes. Voilà, vous ne ferez pas les surpris.
On garde : Surtout The Chain, Everybody, Maybe, Once was love & Soldier, et on les place dans une série TV à un moment propice.
On ne jette strictement rien, tant tout raconte une histoire qu'il serait difficile de se refuser à écouter.Critique Ingrid Michaelson Everybody

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