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L’Imaginarium du Docteur Parnassus

Publié le 22 novembre 2009 par Mg

Terry Gilliam s’en sort toujours. Cinéaste malchanceux aux projets merveilleux, le cinéaste anglais s’est replié sur Londres pour nous dévoiler son nouveau film rempli d’imaginaire. Un foisonnement visuel et créatif sans doute un peu trop lourd, mais un éclatement artistique sans comparaison.

Le fameux docteur Parnassus (formidable Christopher Plummer) est un humble forain parcourant la ville de Londres avec chariot et sa troupe, dans des représentations toujours plus lamentables et maladroites, faute de moyen et d’ambitions. Suite à un pacte avec le Diable, il a troqué sa vie religieuse et son immortalité pour l’amour d’une femme. Un bien beau geste qui l’a conduit à une vie de mortel, et le voilà à un âge bien avancé… Conclure un pacte avec le malin suppose une contrepartie, et c’est bien là le début du film : Satan vient chercher sa fille de 16 ans (Lily Cole) pour remplir la part de Parnassus. Sur un pari de dernière minute, les deux décident d’un petit jeu, et le premier qui réussit à prendre 5 âmes aura gagné la jeune fille. Sur ça, arrive un homme amnésique pour le moins perturbant…

L’évènement (triste) du film, c’est évidemment le décès en plein tournage de Heath Ledger (formidable Joker), et son remplacement pour certaines scènes par Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrel. On fait pire. Et au final, les quatre s’en sortent la tête haute, on supporte les changements avec aisance à travers le miroir. Car c’est bien à travers un miroir placé sur la scène du bon docteur, et par ses capacités psychiques supposés qu’on entre dans des mondes merveilleux, les mondes de son imaginaire. On plonge ainsi pour une bonne partie du film dans les imaginaires de ceux qui traversent le miroir, permettant de nombreuses folklores visuels et colorées très animés. Entre le Londres moderne, triste et sombre, et les imaginaires complètement monty-pythonesque d’un Gilliam très imaginatif, le film est plein.

Mais plein de quoi? Outre cette histoire de mauvais pacte avec le diable, ponctué de quelques flashbacks explicatifs inutiles, on supporte deux heures de discussion sur les erreurs commises et les erreurs à commettre. L’apparition du personnage de Ledger demeure assez énigmatique et là-aussi gonflé de rien, ne laissant que quelques courses-poursuites blindées d’effets spéciaux. L’utilisation du tout numérique (acteurs filmés sur fond vert) en parallèle des scènes de rues anglaises est assez perturbante, laissant l’impression d’avoir croisé à certains moments un dessin animé de mauvaise facture, avec des palettes de couleurs assez flashies.. Gilliam, à trop vouloir en faire, coule son film dans un océan d’idées et de créations qui noie l’intérêt premier de son histoire, à savoir les personnages et les situations. On avance vite, trop vite, et c’est bien triste … Sans avoir le temps de se poser, le docteur Parnassus nous transporte très loin sans nous en apprendre davantage. On aura au moins voyagé en bonne compagnie (notez la présence de Andrew Garfield, ex-Boy A, au futur prometteur).


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