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Atlas Sound "Logos"

Publié le 25 novembre 2009 par Jb

atlas_sound_logos.jpgNote : 8,5/10

Meilleurs titres : Shelia/ Quick Canal/ Logos

Atlas Sound est le projet solo de Bradford Cox, leader du groupe Deerhunter.

Alors que Deerhunter sortait, en 2008, l’excellent double album Microcastle/Weird Era Cont. (que j’avais classé en tête de mon best-of 2008), alors qu’Atlas Sound sortait, juste avant, toujours en 2008, son premier album Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel, voici qu’Atlas Sound revient en cette fin 2009 avec un deuxième opus, Logos, enregistré entre 2007 et aujourd’hui.

Autant dire que cette nouvelle sortie confirme que l’inspiration de Cox semble ne jamais se tarir, tout en conservant, cerise sur le gâteau, un niveau très élevé.

Logos est moins directement électronique que son aîné Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel, il est par ailleurs plus ouvert aux influences extérieures : pour preuve, la présence de Noah Lennox (alias Panda Bear, l’un des leaders du groupe Animal Collective mais également adepte des projets solos) sur le titre "Walkabout", et celle de la Française Laetitia Sadier (leader du groupe Stereolab) sur "Quick Canal".

Mais Logos conserve malgré tout l’empreinte forte de Bradford Cox et de son univers, à savoir une impression évidente de claustrophobie, de mélancolie, le sentiment inéluctable d’une disparition prochaine. Sans doute le fait que Cox soit atteint du syndrome de Marfan peut-il en partie expliquer cette fascination pour les univers en décomposition, les ambiances éthérées et vaporeuses, les atmosphères maladives et quasi-oniriques. La pochette de Logos véhicule d’ailleurs tout cela de façon frontale, puisque l’on découvrira avec une certaine gêne une photo de Cox totalement décharné, avec en plus un halo qui remplace sa tête, un peu comme s’il avait déjà commencé à se dissoudre et disparaître.

Malgré tout, le climat général de Logos me paraît légèrement moins glauque que celui de Let The Blind Lead Those Who Can See But Cannot Feel, sans doute parce que les influences pop et rock (au sens très large : pour affiner il faudrait parler du shoegaze, du kraut, de la new wave, du psyche) sont plus présentes. Ainsi le riff de "Shelia", que n’aurait limite pas renié Kurt Cobain, ou bien la rythmique très soutenue du morceau "Logos", même si la production y ajoute toujours de grosses nappes d’ambient.

Il est probable que le morceau le plus gai de l’album soit "Walkabout" (le duo avec Noah Lennox), une chanson réussie qui parvient à mixer, sans dénaturer ni l’un ni l’autre, les univers musicaux des deux histrions de fort belle manière.

Dans un registre totalement différent, l’alchimie fonctionne aussi magnifiquement avec Laetitia Sadier sur "Quick Canal", titre très étiré (un poil trop long ?), répétitif à souhait, totalement dans l’esprit de Stereolab qui a toujours pratiqué ce type de compos basées sur la boucle.

Sinon, avec les très beaux "An Orchid" et "My Halo", Atlas Sound creuse le sillon de titres un peu retro, que je verrais assez bien utilisés dans un épisode de Twin Peaks par exemple, ces moments où les héros flirtent et se regardent langoureusement dans une pièce sombre.

L’attrait pour les compos en trois temps (le trois-temps, on le sait, étant celui de la valse : et rien ne dit qu’une valse soit toujours joyeuse !) éclate également avec la très belle "Criminals".

Une inspiration un peu plus blues/folk est perceptible avec "Attic Lights", ainsi que sur le premier titre de l’album, "The Light That Failed", sans doute le plus torturé de tous.

Je me demande si les morceaux "Kid Klimax" et "Washington School", sans être mauvais, n’étaient pas dispensables, mais on les pardonnera bien volontiers à Bradford Cox qui nous livre avec Logos un magnifique disque, dans lequel il est bon d’errer voire se perdre, un disque qui nous permet de voyager au sein de l’univers à la fois étendu et confiné d’Atlas Sound (paradoxe qui n’est qu’apparent : peut-être parce que, on s’en souvient, le héros mythologique Atlas était condamné à porter la voûte céleste sur ses épaules, ce qui crée ce double sentiment concomitant d’ampleur et d’enfermement).

Ecouté (je viens d’en faire la douce-amère expérience) couché dans son lit, semi-comateux, pris par des symptômes maladifs vagues mais bien réels, la tête lourde, les paupières piquantes, les muscles sans vigueur, Logos prend sans doute toute sa dimension et toute sa beauté. De là à vous conseiller de choper un virus ou pire, la grippe A, il n’y a qu’un pas (qu’évidemment je ne franchirai pas) !


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