Incertain trois jours avant le dÄĹ but du GPTL, le Marseillais l'a remporté pour la première fois hier en disposant de Marc Gicquel (7/6, 6/4) à l'issue d'une finale très disputée. A vingt-neuf ans, le voilà totalement relancé
L'un a rejoint Yannick Noah, Fabrice Santoro, Arnaud Clément, Paul-Henri Mathieu et Richard Gasquet, vainqueurs avant lui du Grand Prix de Tennis de Lyon. L'autre n'a pu faire mieux que Cédric Pioline et Tommy Haas, finalistes deux ans de suite au palais des sports (92 et 93 pour le Français, 97 et 98 pour l'Allemand).
Quand il reviendra l'an prochain à Gerland, Sébastien Grosjean, vainqueur hier en deux sets de Marc Gicquel (7/6 (5), 6/4 en 1H37'), pourra donc sourire en regardant le palmarès du tournoi, affiché au pied du troisième niveau. Pourtant, il y a dix jours, il fut bien loin d'imaginer un tel scénario. « Vendredi dernier, je ne savais pas si j'allais venir à Lyon. Cela faisait un mois que j'avais mal à une côte et dix jours que je ne pouvais pas servir. Il a fallu qu'on me fasse une infiltration pour que je puisse jouer. »
Le docteur Montalvan (FFT) a sans doute de l'or dans les doigts. A Lyon, Grosjean a en effet servi quarante-deux aces (17 hier !), 56 % de premières balles, conquis 77 % des points joués derrière celle-ci et concédé deux breaks, contre Santoro (seulement six balles de break sauvées par ailleurs). « C'est assez surprenant ! » commenta le Marseillais, aux anges après un titre qui lui a permis d'effacer cinq ans de disette (Saint-Petersbourg 2002) et surtout de confirmer les espoirs placés en lui par Bernard Fritz, qui l'entraîna durant cinq ans avant de le retrouver en juillet dernier et qu'il vint chaleureusement remercier au bord du court.
« Il sortait de Wimbledon. Nous avons déjeuné au bord de la plage à Saint-Cyr. A la fin du repas, je l'ai pris à part : « Tu es très loin de ton niveau. Si tu veux, je pars avec toi. » Cela durait trop longtemps. Je lui ai donné deux jours de réflexion. »
Grosjean, qui considère Fritz, ancien numéro 5 français (soixante-quinzième joueur mondial), comme son « deuxième père », n'a évidemment pas dit non. « J'ai annulé mes vacances en Bretagne et nous avons attaqué à Washington » se souvient l'entraîneur. Trois mois et demi plus tard, le duo est reparti de Lyon la tête dans les étoiles et en se disant sans doute que le Top 30, son objectif, n'est plus très loin.
« Au début Sébastien, qui ne sera jamais un grand athlète du tennis, a eu un peu de mal, mais il a entendu mon discours de motivation. C'est un grand bonheur pour un entraîneur de travailler avec lui. Il assimile tout de suite ce qu'on lui demande. » Extrêmement talentueux, Grosjean, retombé dans le ventre mou de l'ATP Tour, était relancé. « J'avais perdu l'envie et Bernard a eu un rôle très important. Il a eu confiance en moi, tout simplement. » Et quand Grosjean, beaucoup plus souriant aujourd'hui qu'il ne l'était quand il fréquentait les hautes sphères du classement, joue avec le sourire et libéré, le public se régale, comme cette semaine à Gerland.
« J'ai besoin de ce plaisir pour bien jouer. Alors, oui, j'ai retrouvé un excellent niveau. Mais c'est surtout l'envie que j'ai retrouvée » souligna-t-il après avoir battu Gicquel à l'issue d'une finale très disputée (quatre balles de break, trois pour le Provençal, une pour le Breton, un break, 77 points pour le premier, 68 pour le second) qui fera date dans la carrière de l'ancien leader de l'équipe de France, qui ne manqua pas d'affirmer son soutien à Guy Forget avant de quitter Lyon.
« Il faut que les meilleures personnes restent aux bons postes. Guy fait-il partie de celles-ci ? Bien sûr ! » Rien ne dit, pourtant, que ce soutien suffira pour sauver la tête de l'autre grand marseillais du tennis français
Luc Paganon pour le progrès