Une attaque cinglante vient d'être portée contre Herta Müller, prix Nobel 2009 de littérature, depuis qu'un agent roumain, Radu Tinu, vient de porter certaines révélations à l'oreille du grand public.
Espion en charge de surveiller la romancière pour le compte de la police secrète, Radu vient de dévoiler que l'auteure avait de très sérieux problèmes psychologiques : « Elle est atteinte de psychose et n'a aucun contact avec la réalité », explique-t-il dans le quotidien de Bucarest Adevarul.
Herta avait affirmé qu'on l'avait licenciée de son poste d'enseignante parce qu'elle avait refusé de travailler avec la Securitate, police secrète. Mais la romancière avait invoqué le fait qu'elle fumait dans sa salle de classe.
Durant le régime de Ceausescu, ce « monstre abstrait », comme elle le décrivait, Müller avait répété à plusieurs reprises combien elle avait subi de mauvais traitements. Elle fut terrorisée pour des années, et dans un récent essai intitulé La Securitate est toujours active, elle explique que malgré la fin du régime, tombé en Noël 1989, les services d'espionnage sont encore actifs.
Même une fois qu'elle eut quitté la Roumanie, Herta assure qu'elle a continué d'être suivie, que l'on a espionné sa maison, interrogé ses amis, et même menacé de la tuer. Des éléments que l'on retrouve également dans ses romans, et qu'elle a pu détailler comme une « terreur psychologique » endurée pendant des années. « Souvent, ils [NdR : Les services secrets] laissaient des signes de leur passage, comme des mégots de cigarettes, des photos ôtées des murs, ou une chaise tournée. » Elle aurait même retrouvé un corps de renard chez elle, pattes, queue et tête tranchées.
Mais Tinu - si, le petit espion, qui aujourd'hui bosse pour une société d'assurance - affirme que la romancière a été traitée avec des gants, de par ses relations avec l'Allemagne. Ses attaques portées dans ses livres, contre Ceausescu, lui auraient peut-être mieux valu un Nobel de la paix, plutôt que littéraire, estimait un journaliste roumain influent...