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Un peu parti, un peu naze…

Publié le 29 novembre 2009 par Boustoune

« Un peu parti, un peu naze, j’descends dans la boîte de jazz… »
… Et je tombe de sommeil au bout de l’ennui…
Un soir au club est en effet une œuvre aux vertus lénifiantes assez prononcées, qui nous laisse aussi fatigués que son personnage principal, à qui Thierry Hancisse prête sa mine de Droopy sous somnifères… Pour son premier long-métrage, Jean Achache a choisi d’adapter le roman éponyme de Christian Gailly (1), un auteur qui a le vent en poupe dans le cinéma français puisqu’il est aussi l’auteur de « L’incident » (2) qui a inspiré à Resnais Les herbes folles.
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Il raconte l’histoire d’un ex-pianiste de jazz célèbre, qui a cessé de jouer du jazz le jour où il a arrêté de boire et qui, parce qu’il a raté le train qui devait le ramener sur Paris, se retrouve bloqué à Brest et entraîné malgré lui dans un club de jazz.
Là, il va céder à ses vieux démons, rejouer du piano, boire et s’abandonner à l’attirance qu’exerce sur lui une belle chanteuse (Elise Caron). Dans le même temps, à cinq-cents kilomètres de là, sa femme s’inquiète de le voir perdre pied à nouveau…
Il ne se passe pas grand-chose. Entre deux morceaux de jazz de plus en plus lents, on comprend juste que le bonhomme se pose des questions sur ses choix de vie. Il a cessé de boire, certes, mais il a aussi renoncé à sa passion pour le piano et la composition de chansons. Il vit avec une femme qu’il aime parce qu’elle l’a sauvé de ses pulsions autodestructrices en lui apportant une certaine stabilité, un enfant, une vie de famille normale, mais il se demande s’il n’est pas passé à côté d’un véritable grand amour, comme celui qui pourrait découler de cette rencontre fortuite avec la jeune chanteuse.
Bref, l’éventail habituel de clichés dont use et abuse le cinéma indépendant français, péniblement étalé à l’écran, sans grande idée de mise en scène. Et le jeu des deux comédiens principaux, inégal, n’aide pas vraiment… Si quelques séquences sont réussies, beaux échanges de regards entre deux âmes solitaires, juste unies par un même amour du jazz, d’autres sont plombées par un jeu d’acteur un peu trop forcé, un peu théâtral, pas franchement crédible.
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Certes, le film a le mérite de sortir des sentiers battus en privilégiant une atmosphère intimiste, en jouant plus sur les sensations que sur le scénario et les dialogues. Cela change un peu des blockbusters américains au montage épileptique. Mais le rythme est hélas bien trop lent pour que l’on adhère à cette histoire d’amour atypique. Bercés par les chansons jazzy, il faut lutter pour ne pas tomber dans les bras de Morphée.
Mais ce combat contre le sommeil vaut la peine, car il permet de guetter les quelques scènes où apparaît, dans le rôle de l’épouse, la formidable Marilyne Canto. L’actrice possède ce don rare de faire exister son personnage en seulement quelques bribes de scène, de lui apporter une incroyable densité en seulement quelques gestes, quelques regards. Elle est une fois de plus impeccable dans ce rôle qui n’est secondaire qu’en apparence…
Tous comme les deux acteurs principaux, elle est magnifiquement filmée par la directrice de la photographie Chrystel Fournier, l’habituelle chef op’ de Delphine Gleize et l’une des meilleures techniciennes françaises.
Grâce à ces deux femmes, à ces deux talents, on évite de peu le naufrage dans la rade de Brest, submergés par une vague d’ennui profond.
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Je n’aime pas tirer sur les petits films qui ne sortent que dans quelques salles et disparaissent très vite des écrans, mais il faut bien reconnaître que, malgré des qualités plastiques indéniables, ce Soir au club n’a rien de très excitant, ni sur le plan musical, ni sur le plan cinématographique. Dommage…
« Un peu parti, un peu naze, je sors de la boîte de jazz… »
… et je ne rêve que d’aller regagner mon lit…
Note : ÉtoileÉtoileÉtoile
(1) : « Un soir au club » de Christian Gailly – éd. Minuit
(2) : « L’incident » de Christian Gailly – éd. Minuit
Un soir au club

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