
Jamais , avant d’avoir vu certaines demeures , dans l’émission : «C est du propre », je n’avais imaginé qu’on pouvait vivre dans un tel désordre et une telle saleté, au milieu des rats, des puces et de que sais-je encore?
Ce sont ces images que j’avais en tête en lisant le livre de Pascal Garnier :
L’ A26 du nom de l’Autoroute du Nord, alors en construction près du village où se déroule l’action.
Les lieux sont désespérants : près du grand chantier en construction, bien pratique pour y cacher les cadavres, Bernard et Yolande, le frère et la sœur, se terrent dans une maison encombrée d’objets et de détritus jusqu’au plafond. Jamais rien n’en sort, tout s’y accumule, aussi bien les choses que les souvenirs et les souffrances passées.
Yolande, tondue à la libération, s’y est enfermée à jamais. Elle ne voit le monde que par le « trou du cul » foré dans la porte d’entrée et sa paranoïa ne cesse de s’aggraver. Le seul lien à la relier encore avec le monde extérieur, c’est son frère Bernard qui a sacrifié sa vie pour elle. Mais celui-ci, retraité de la SNCF depuis peu, se meurt d’un cancer. Depuis quelque temps, il a profité du béton de l’autoroute pour mieux y cacher les jeunes filles du village qu’il viole et tue.
Des vies banales ou misérables glissant dans la folie ou le meurtre, tels sont les ingrédients des deux livres que j’ai lus de Pascal Garnier : « Lune captive dans un œil mort » et celui-ci : « L’A26 »Autant j’ai beaucoup aimé le premier, autant celui-ci me laisse une impression d’amertume, voire d’écœurement. Les personnages sont odieux, complètement « fêlés » et amoraux, frustes et cruels, irrécupérables, au bord de l’abîme dès le début du récit et les lieux évoqués tiennent du cauchemar !
Et pourtant j’ai tenu bon ! Je suis allée jusqu’au bout de ma lecture, sans jamais ressentir l’envie de l’abandonner et tout en détestant l’histoire elle-même !
Par quel miracle ? Le style tout simplement ! Le talent de l’auteur pour la construction et le rythme de son texte ! Il a su retenir mon attention jusqu’au bout, malgré mon adhésion rétive ! Un grand conteur et un excellent écrivain mais un livre que je n’ai aucune envie de relire !
In Cold Blog, dan son billet: "L'égoïste" a classé ce livre parmi ses grands crus.
L’A26 de Pascal Garnier ( Zulma, 1999, 115 p)