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Circonstances attenuantes

Par Grocher

MICHEL SIMON  Collection Christophe L.     et  Corbis SygmaARLETTY

 

 

                                                Dans un film de: JEAN BOYER

 

 

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                                                                       Vidéo

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Gaëtan le Sentencier était un magistrat intraitable et d'une sévérité absolue or depuis sa récente retraite il ne peut s'empêcher, chaque jour, de revenir respirer l'odeur de "la Grande Maison" dans laquelle il mena une brillante carrière. Il faut dire que chez lui  il vit très mal les colères et les caprices de son épouse, une bourgeoise insupportable, obsédée par ses intestins. Après un départ précipité pour la cure annuelle, la voiture tombe en panne à une vingtaine de kilomètres de Paris. Sans leur chauffeur, parti rejoindre sa belle et sous l'orage, ils sont alors contraints de trouver un refuge. Ce sera un hôtel assez "borgne" où résident une bande de mauvais garçons malfaiteurs et leurs belles. Monsieur et Madame le Sentencier, d'abord gênés et méprisants envers ce milieu plus que louche, vont petit à petit finir par sympathiser et comprendre leur entourage à tel point que l'ancien magistrat va prendre en main les destinées des mauvais coups accomplis par ses nouveaux amis et se laisser séduire par certains d'entre eux. Tout allait bien jusqu'au jour où "la Panthère", une ancienne condamnée est libérée de prison et reconnaît le magistrat, lui qui n'avait pas hésité à alourdir sa peine...

Pourquoi vous parler de ce film qui n'est pas, loin s'en faut, l'un des plus connus du cinéma français. Tout simplement parce que je trouve qu'il reflète bien un certain style de cinéma d'avant guerre. Tout cela respire une certaine insouciance, une joie de vivre communicative et plein de bons sentiments et de moralité. D'un côté, des bourgeois rigides aux idées bien arrêtées sur les soi-disant  convenances et ne se mêlant pas à la populace et de l'autre, des petits malfrats plus naïfs que méchants, hébergés par un brave aubergiste rusé et compatissant. Au milieu de tous ces gens règne leur égérie, très émancipée, Marie "qu'a d'ça" avec son franc parlé, ses combines mais aussi sa tendresse.  Une osmose va finir par se créer entre tout ce petit monde fort différent, réuni dans cette auberge sous l'autorité bienveillante et rusée d'un aubergiste rigolard et douteux. Le couple aux bons principes va quelque peu s'encanailler avec ces mauvais garçons autour de bonnes bouteilles, de bon petits plats de la patronne accompagnés d'airs d'accordéon. L'attachement va devenir tel que Monsieur le Sentencier va prendre lui-même en main ,et à sa manière bien particulière, les agissements de cette petite bande de malfrats, devenant un héros jusqu'au jour où... Peu importe, il y a toujours moyen de finir par s'entendre et vivre heureux ensemble malgré les différences de classe et de culture.

Jean Boyer qui réalisa ce film sympathique plein de quiproquos et de drôlerie fit tourner les plus grandes stars de l'époque puisque Fernandel, Bourvil et même Brigitte Bardot passèrent également devant l'oeil de ses caméras. Il est toujours bon de se retrouver comme autrefois à la campagne...  à vingt kilomètres de Paris. Il est bon de retrouver cette petite auberge malfamée, peuplée de comédiens hors pair, au jeu certes très théâtral , tels que Michel Simon à contre-emploi ,sélect, obnubilé par le code pénal et devenu plus roublard que les voyous,et Arletty éblouissate de beauté et d'humanité, faisant étalage de son inimitable gouaille. Suzanne Dantès en épouse d'abord insupportable puis encanaillée ne manque pas de charme non plus. N'oublions pas des acteurs comme Andrex, Dorville et bien d'autres qui nous brossent avec beaucoup de talent des personnages typiques de cette l'époque qui allait malheureusement s'assombrir peu après. Pour couronner le tout, il y a la célèbre chanson de Georges Van Parys "Comme de bien entendu" qui fait chanter et valser nos joyeux lurons au son de l'accordéon. Le seul regret peut venir d'un final bâclé un peu niais et moraliste à l'extrême. 

Voici donc un moment agréable à passer dans l'insouciance et le souvenir suranné d'actrices et d'acteurs aujourd'hui disparus. Ce film ne semble pas avoir été réédité et demeure donc assez oublié, c'est dommage...Toutefois avec beaucoup de chance, vous dégoterez peut-être une bonne vieille cassette pour vous faire tomber sous le charme et l'insouciance de cette époque révolue.

 

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