Magazine Culture
Le musée des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye (Hauts-de-Seine) reçoit jusqu'au 26 avril 2010 une remarquable exposition sur la culture protohistorique de Golasecca (Italie du Nord), dont on sait aujourd'hui que, de langue et culture celtique, elle fut une plaque-tournante du grand commerce entre les peuples d'Italie (Etrusques, Picéniens, Grecs) et les Celtes transalpins de Suisse, de France et d'Allemagne. La civilisation de Golasecca s'épanouit principalement au Hallstatt (VIIIème - Vème siècles av. J.-C.), mais perdure un peu au-delà. L'exposition présente aussi bien l'histoire des recherches que les caractères et les différentes phases de la culture des Golaseccani, ainsi que la diffusion de leurs productions dans le monde celte.
Une exposition que nos lecteurs franciliens ne manqueront sous aucun prétexte !
Golasecca. Du commerce et des hommes à l’âge du Fer
Musée d’Archéologie nationale, château de Saint-Germain-en-Laye
27 novembre 2009 – 26 avril 2010
Au premier âge du Fer les acteurs des échanges avec les Celtes sont traditionnellement les Étrusques et les Grecs. Pourtant, les études menées depuis les années 1970 en Italie du Nord montrent le dynamisme des communautés périphériques qui se révèlent des intermédiaires non négligeables dans ce trafic entre l’Europe tempérée et la Méditerranée, notamment la « culture de Golasecca ». L’exposition s’attache à montrer les spécificités de cette culture au sein des communautés de l’arc alpin. Le bilan des recherches du XIXe siècle et les derniers travaux universitaires en cours ont permis cette réévaluation archéologique. On doit à l’intérêt, au savoir et à la passion du jeune abbé Giovanni Battista Giani la fouille systématique, la conservation, ainsi que la documentation minutieuse de nombreuses tombes et de découvertes fortuites signalées par les paysans dans la commune de Golasecca depuis la fin du XVIIIesiècle. Plusieurs éléments soulignent la place spécifique de la culture de Golasecca, dans le processus de formation de la culture du Hallstatt occidental. Dès lors, la « culture de Golasecca », par sa richesse et ses particularités culturelles entre monde italique et monde celtique, a été au cœur des débats scientifiques européens. A la création du musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines en 1862, un lot important, représentatif de la culture matérielle de Golasecca (céramique, mobilier métallique, parure), fait partie des premières acquisitions. Au cours des années 1870, Gabriel de Mortillet et Alexandre Bertrand, alors à la direction du nouveau musée des Antiquités nationales, sont parmi les premiers à s’y intéresser en relation avec les savants italiens contemporains : P. Castelfranco, B. Biondelli et G. Chierici.
L’étude de l’occupation du territoire montre l’émergence de centres urbains (Côme et Castelletto Ticino-Sesto Calende). Au VIe-Ve siècle avant J.-C., ces centres se caractérisent par la présence de plusieurs couches sociales (paysans, artisans, aristocratie commerciale) et par une distribution fonctionnelle de l’espace, articulée autour de quartiers résidentiels, artisanaux (céramique et métallurgie), commerciaux (ports fluviaux associés à des zones de stockage) et de sanctuaires. Ces éléments révèlent une structure sociale complexe et organisée où cohabitent paysans, artisans, marchands aux côtés d’une élite qui bénéficie de la productivité ainsi que du commerce à moyenne et longue distance. De plus, les Golasecchiani se distinguent par l’acquisition précoce de l’écriture (première moitié du VIe siècle av. J.-C.), résultant de l’adaptation de l’alphabet nord-étrusque à une phonétique appartenant au groupe des langues celtiques. Le savoir-parler celtique, l’acquisition précoce de l’écriture comme instrument de contrôle supérieur du marché, la forte activité artisanale sont les facteurs qui expliquent le succès de « la culture de Golasecca » dans la gestion partielle du commerce transalpin. Marchands, colporteurs, artisans arpentent ainsi l’Europe à la recherche de matières premières comme l’étain ou de matériaux plus précieux comme l’ambre. Ils assurent aussi le transbordement d’objets précieux voire de luxe qui, provenant de la Méditerranée, étaient destinés aux élites celtiques installées au nord des Alpes. Des mariages politiques viennent renforcer ces liens tissés par les Golasecchiani depuis au moins le Bronze final avec l’ensemble des partenaires les plus puissants de la protohistoire européenne : les Celtes, les Étrusques, les Grecs et les Picéniens. Parmi les objets réunis pour l’exposition, se trouvent le mobilier funéraire en provenance de plusieurs tombes comme le couvercle de situle de Grandate du musée municipal Pio Giovo, Côme, la fibule à côtes et très longs pendentifs du musée des Antiquités, Turin, le mobilier de la sépulture de la « route de Dun », du musée du Berry, Bourges, le mobilier du dépot d’Arbedo, du musée archéologique de Bellinzona, Suisse etc…., les objets conservés au musée d’Archéologie nationale, dont celui de la tombe n°4 de Monsorino, ainsi que les relevés, dessins et aquarelles inédits d’Abel Maitre (XIXe siècle) etc…, un ensemble de Trezzo sur l’Adda, de la collection archéologique du Palazzo Sforzesco, Milan, un collier à perles d’ambre du musée d’Art et d’Histoire, Genève.
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