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“The Limits of Control” : grande déception et petits papiers

Par Kub3

Il y a des séances de cinéma dont on ressort immensément déçu : sans images en tête à mouliner durant les heures qui vont venir, sans l’envie soudaine de se mettre à marcher, sourire, réfléchir comme l’acteur forcément classe qu’on vient de regarder vivre durant une heure et demi. Le dernier film de Jim Jarmusch en fait partie.


“The Limits of Control” : grande déception et petits papiers

C’est l’histoire d’un type, Isaac de Bankolé, personnage énigmatique, belle gueule, qui traverse l’Espagne et va d’indices en indices, d’indicateurs en indicateurs - c’est un tueur à gages, finira-t-on par savoir. Chaque fois, le scénario se répète. Autour d’un café, le tueur échange une boîte d’allumettes contenant un message codé avec des personnages farfelus : une blonde, un vieux bohémien intello, un cow boy à la Dennis Hopper période L’Ami américain, un chanteur de flamenco.

Les dialogues se veulent évidemment mystérieux, les acteurs se doivent d’être impassibles et pince-sans-rire… Tout est poussif, ennuyeux. Rien à voir avec l’élégance d’un Ghost Dog ou avec les pérégrinations de Dead Man. Et ce n’est pas la citation de Rimbaud tirée du Bateau Ivre (d’où le titre) qui peut laisser espérer : seules quelques scènes de l’errance du tueur (voyage en train au bord de la mer, petite gare abandonnée, à pieds dans Madrid) laissent l’esprit se libérer d’un scénario pénible. Pénible car immensément naïf : si chaque personnage rencontré est le symbole d’un pays ( France, Chine, Espagne…), la scène finale où le tueur arrive à rentrer dans la résidence surveillée de Bill Murray (particulièrement sous-exploité ici) pour l’éliminer pousse le bâillement d’ennui à son paroxysme.

En filmant une allégorie ridicule de la lutte des “hommes libres”, des bohémiens et des artistes contre le Grand Capital encravaté, Jarmusch semble vouloir enfin achever son film - et le spectateur avec. Mais ce n’est finalement pas plus mal, car on en ressort que plus furieusement démangé par l’envie de revoir Ghost Dog et ses scènes d’errance beaucoup moins sages - et du coup formidablement plus proches du “déréglement de tous les sens” de Rimbaud que celles quelque peu raz-la-caméra de The Limits of Control.

“The Limits of Control” : grande déception et petits papiers

En salles le 2 décembre 2009

Crédits photos : © Le Pacte

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