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Peut-on participer à une compétition avec des règles différentes ?

Publié le 27 novembre 2009 par Jblully

Peut-on participer à une compétition avec des règles différentes ?On prête à Warren Buffet l’aphorisme selon lequel « c’est quand la marée baisse qu’on découvre ceux qui se baignaient sans maillot ». C’est quand le cycle se retourne qu’apparaissent insensés les paris faits pendant la phase ascendante. C’est ce qui est en train de se produire avec la quasi faillite de l’émirat de Dubaï : face aux quelques 80 milliards de dettes des entreprises publiques locales, il n’y a pratiquement plus de recettes, suite à la disparition de tous les nouveaux riches de la région …Au-delà d’une certaine morale, ce que révèle cette histoire, c’est que tout le monde ne joue pas avec les mêmes règles dans la mondialisation.

Si les Dubaïotes ont pu se lancer dans autant « d’éléphants blancs », c’est que le robinet du crédit était ouvert sans restriction. Aucune garantie, sauf celle de l’émir, aucun business plan un tantinet sérieux, aucune entrave réglementaire, rien que des projets pharaoniques pour construire un avantage compétitif sur du sable.

Si on peut admirer cette ambition prométhéenne (à condition de fermer les yeux sur les conditions de travail d’un prolétariat asiatique exploité pour construire les immeubles), on peut aussi s’interroger sur les conséquences pour les entreprises occidentales qui suivent d’autres règles, en l’occurrence celles de l’économie de marché classique. Que la compagnie Emirates ait pu construire ex-nihilo une flotte aérienne mondiale est spectaculaire et sûrement bénéfique pour Airbus et Boeing. Mais qu’en pensent les compagnies aérienne occidentales qui voient surgir du néant un concurrent, qui peut se permettre de construire une flotte à crédit sans aucune contrainte de solvabilité et sans qu’on soit bien sûr qu’il honore ses traites ?

A la puissance cent, c’est le même problème qui se pose aujourd’hui avec la Chine. Pour échapper à la crise mondiale, les autorités chinoises ont ouvert en grand les vannes du crédit, permettant une explosion de l’investissement en nouvelles capacités de production, créant de gigantesques surcapacités de production. Résultat, les chinois se préparent à inonder le marché mondial de leurs produits invendus, en vendant à perte, car les banques sont derrières pour couvrir les déficits. Quant aux mauvaises créances bancaires, elles seront couvertes par les pouvoirs publics.

Ces deux exemples très actuels montrent que la mondialisation (ou la globalisation comme le disent les anglo-saxons) n’est acceptable que si chacun respecte un minimum des règles du jeu communes : pas de triche (fraude, contrefaçon etc.), pas de comportements déloyaux (manipulation de sa monnaie, protectionnisme déguisé etc.) etc. Surtout, des règles convergentes en matière sociales mais aussi financières. Quand on voit déjà la difficulté à faire respecter les contrats signés, tant en Chine qu’en Russie ou ailleurs dans les zones émergentes, on se doute qu’imposer un minimum de respect de calcul financier par les acteurs bancaires sera une entreprise de longue haleine.

Les issues à ce défi pour les pays occidentaux sont connus : à court terme, des procédures anti-dumping (c’est ce qui se prépare contre les chinois), à long terme, une inévitable faillite des banques émergentes et, avec elles, des Etats qui les soutiennent.


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