Magazine Cinéma

SALSEDO : "Wine & Pasta" ( 2008 )

Par Charlyh

Y a que les cons qui ne changent pas d’avis.
Et je dois avouer que je sais être con aussi, parfois.
Lorsque je me souviens avoir découvert la promotion du premier album « solo » de David Salsedo, le chanteur de Silmarils, l’an dernier dans l’une des dernières émissions musicales de la télévision française ( « CD Aujourd’hui », court programme promotionnel, sur France 2 en l’occurrence ), je dois reconnaître mettre demandé « mais qu’est-ce que c’est que cette daube que nous a pondu David ? » en m’en tenant aux quelques notes jouées en acoustique et sans m’attarder sur les propos du bonhomme.
Sans doute, l’adolescent rebelle que je fus à écouter et singer et mimer le flow du chanteur des Silmarils sur mes propres textes en parallèle à mes nuits de spectateur dans les salles de leurs concerts avait-il repris le contrôle et  trouvé les textes du David version solo mièvres aux vues ou plutôt à la trop courte écoute de ces quelques notes grattées sur ces cinq cordes dans mon poste de télévision.
Mais quand on est jeune et con, comme l’a chanté un autre chanteur de la nouvelle scène française sans souffle et inspiration…
Et le souvenir d’avoir vu le nom de David Salsedo associé à des titres du groupe Nantais Dolly ( « Je ne veux pas rester sage » et « Partir seule » qu’il leur composa ), au troisième album éponyme des Minimum Serious ( où il fut à la fois producteur et auteur-compositeur ) ou aux deux premiers albums des Superbus ( « Aéromusical » et « Pop’n’Gum » qu’il a produit et réalisé ) et même aux noms de Johnny Hallyday ( pour qui il a écrit « Ma vérité » ) ou Emma Daumas ( sur le deuxième album « Effets Secondaires » de la Star Academycienne ), alors, ne devait guère participer à dissiper le malentendu.

SALSEDO

Pourtant, lorsqu’au détour d’une errance tardive chez un disquaire parisien spécialisé en soldes j’ai découvert ce premier album « solo » « Wine & Pasta » de Salsedo pour la somme symbolique d’un Euro, je me suis dit que cet achat vaudrait toujours plus le coup que de perdre le temps à le télécharger illégalement ou payer bien plus cher en téléchargement légal.
Et c’est arrivé chez l’amie qui me logeait alors que pour accompagner d’un fond sonore notre discussion que j’ai entamé une première écoute distraite de cet album en question. Les conditions idéales n’étaient pas encore réunies, mince.
Ce sera, donc, après l’avoir transféré dans mon Smartphone ( de la marque à la pomme pour ne pas le nommer ) mais surtout en l’écoutant tout l’été dans l’autoradio de ma voiture que j’aurais pris conscience du niveau de la connerie humaine et de ma connerie plus particulièrement.
Car, non, cet album – « Wine & Pasta » sorti en 2008 chez Sony – est loin d’avoir été une monumentale connerie ou erreur de la part du chanteur et du guitariste de Silmarils ( d’où ces guillemets autour du terme de solo concernant le premier album de ce groupe, en fait, ayant pris pour nom celui de son chanteur : David Salsedo ), groupe dont le public hexagonal pouvait être sans nouvelles depuis leur quatrième opus « 4 Life » en 2003 et leur single « Guérilla ».
Si le groupe from Ivry-sur-Seine ( merveilleuse ville rouge où j’aurais usé mes baskets de lycéens également ) aura ponctué mes jumps et slams d’adolescent des nineties d’alors, avec les groupes Lofofora, Mass Hysteria ou No One Is Innocent, de leurs flow, riffs et scratches inspirés des Beastie Boys ( qu’aura produit dans leur quasi intégralité Mario Caldato Jr., également producteur de cet album chroniqué ), Red Hot Chili Peppers et autres groupes de fusion internationale Urban Dance Squad, Living Colour ou Fishbones, la musique de David Salsedo ( et Jimi Daurs dans son ombre constante ), elle, fera écho à ma vie et mes expériences d’adulte et d’homme blessé et attristé tentant de supporter son malaise et les douleurs de sa nature humaine.
Oui, la fusion à la française des cinq gars d’Ivry ( rejoints par le bassiste Côme ) cracha leur colère contre le système et la machine – le titre « Mackina » de leur premier album « Silmarils » ne pouvant pas être plus explicite – tout au long de leur carrière, ponctuée de hits et singles ayant fort bien marché ( leur « Va y avoir du sport » ayant fait les beaux jours cyclistes du Tour de France sur France 2, entre autres ), et aujourd’hui David Salsedo, toujours en charge de la musique et des paroles, s’est tourné vers ce qu’il qualifie lui-même d’antifolk : une musique héritée d’un courant plutôt américain mais surtout alternatif initié par d’anciens musiciens punks s’étant mis à jouer du folk dans la veine de ce folk révolutionnaire des seventies, comme l’explique en interview – pour le site Waxx Music – cet amateur de Syd Barrett, The Beatles, Beck, Eels, The Who ou le compositeur Nino Rota ( « LA MALEDICTION » souvenez-vous ).
David Salsedo allant graver sur les cordes de ses guitares et dans les sillons de ses micros un très bel album de douze pistes, qui de maquettes bricolées allait au fur et à mesure des enregistrements et arrangements « devenir plus riche et moins dépouillé et moins primaire » ( dixit l’interview précédemment citée ).
L’album d’un homme.
Après les quatre albums ( studio ) d’un adolescent, d’un jeune adulte se plongeant dans la maturité après une crise d’adolescence artistique virile et musicale ( et qui décora de sa musique l’un des premiers films « DEJA MORT » du jeune réalisateur prometteur Olivier Dahan – qui réalisa le premier clip censuré « Cours Vite » de Silmarils ), « Wine & Pasta » est à mes yeux l’album réussi d’un homme accompli, d’un homme revenu de ses douleurs et blessures personnelles, l’album d’un homme mature plus que l’album de la maturité comme aiment à trop l’écrire certains journalistes et critiques musicaux.
A trente-quatre ans, David Salsedo se fait bien plus intimiste qu’il ne l’aurait été en montant sur le ring avec Silmarils, son groupe rock ( et celui de Jimi D, son complice au sein des deux projets, que je n’oublie pas ), son groupe engagé, toujours en activité mais suspendue ( entre parenthèses préciserai-je entre parenthèses ) au moment de la sortie de « Wine & Pasta » en 1998 ( et toujours aujourd’hui ) alors que tout le monde pourrait les croire morts.

Ecrit et composé sur la plus éternelle et inspiratrice des thématiques, cet album est une magnifique déclaration d’amour à celle qui vous manque, celle qui est partie, celle que votre bêtise ( bévues pour reprendre Salsedo ) peut avoir blessée mais aussi celle pour qui votre amour et votre passion vous entrainent à ne plus toujours distinguer tous les sentiments et les mélanger dans ces circonstances.
Car, oui, lui écrire qu’il la trouve belle ne fait pas tellement rebelle, comme l’écrit Salsedo dans le titre d’ouverture de l’album – « Si Facile » - mais comme il le chante aussi si bien dans ce même titre : il n’a plus envie de chanter les problèmes ( même s’il dit en ouverture revenir les chercher ) mais plutôt d’être émotif, quitte à pleurer devant les objectifs, et chanter ceux qu’on aime. Et c’est ce qu’il fait désormais très bien, posant sa voix sur ses mélodies plus qu’il ne déversait son flow phrasé sur les rythmiques et riffs de Silmarils. Peut-être y a-t’il désormais aussi du sirop dans ses veines pour citer toujours cette chanson mais à l’instar de ce titre d’ouverture l’album a pourtant bien trouvé son style et on est en droit d’imaginer ce qu’a fait de lui cette histoire d’amour qui se distingue en filigrane tout au long – ou presque – de ses textes.
Album d’une rupture, d’une reconstruction personnelle, du deuil d’un amour perdu, « Wine & Pasta » serait comme un film musical nous entrainant du départ d’un homme pour l’étranger ( « Mexico », second titre de l’album )avant qu’il ne revienne chez lui ou du moins dans son voisinage ( comme il le chante dans le huitième titre « Assez » où un ami en commun l’interpelle pour lui parler de son ex et de lui ) et que l’on découvre ce qu’il s’est passé entre eux dans quelques phrases et passages ( ce même titre « Assez » où cet homme cherche à s’excuser du mal qu’il lui a fait car il avait bu toutes ces années, la forte personnalité de cette femme à travers la dixième piste « Toujours les mêmes » ), nous étant immiscé dans la rupture de ce couple depuis l’enfance ( respectivement à travers les pistes 7 et 12 : « Qu’est-ce qu’on va faire de nous ? » et « Que moi » ).
Et je doute que cet album ne soit qu’une composition sur cette thématique lorsque les propos de David Salsedo semblent me confirmer mon idée de la fin de son couple à travers l’enregistrement du onzième titre – « Des fleurs » - que Jimi D l’aurait forcé à enregistrer après l’avoir entendu la jouer seul à la guitare.
Album d’un homme, « Wine & Pasta » est aussi l’album d’un duo artistique ( David Salsedo et Jimi Daurs ) finalement exceptionnellement encore plus talentueux lorsqu’ils savent déposer les armes de la provocation musicale et verbale de leur formation musicale Silmarils.
Silmarils dont on retrouve la dernière production en date dans cet album : « Populaire » ( piste 6 ) bien qu’interprété par le « groupe solo » Salsedo étant une composition, paroles et musiques, du groupe d’Ivry-sur-Seine, le retour à un flow ( bien que plus mélodieux ) de David rappelant celui de ce mec au baggy et carhart qu’il a été.
Silmarils qui sera aussi présent avec la participation amicale d’Aymeric Moneste aux futs sur le cinquième titre et premier single de l’album, la très belle chanson « Mon Amour » avec sa terrible trompette d’ouverture.

Vous l’aurez compris : j’ai été con de ne me fier à rien du tout si ce n’est des putains d’a priori pour passer à coté de ce très bel album ( qui m'a ému et touché, personnellement en l'écoutant jour après jour ) lors de sa sortie en 2008.
A moins que ce ne soient mes récentes expériences et histoires compliquées qui m’ont fait me reconnaitre également à travers ces superbes titres, dont je ferai sortir du lot « Mon Amour » ( puisque oui, moi aussi, même si je ne suis pas toujours si doué, je sais trouver les mots pour te retenir ), « Toujours les mêmes » ( pour avoir rencontré le même genre de fille exceptionnelle ), « Assez » mais surtout les très belles et magnifiques « C’est ainsi », « Des fleurs » et « Que moi » sur lesquelles David semble avoir posé de mieux en mieux sa voix pour venir plus que nous chanter ses paroles, nous susurrer la tristesse émotionnelle d’une douloureuse séparation – accompagné des guitares de Jimi D.

«  On s’est aimé, on s’est hait, on voulait juste voir passer le temps, finir ensemble tout simplement.
Si l’un de nous deux s’évapore, je te promets, si l’un de nous deux s’évapore, je te promets de me changer en sémaphore, je te suivrai… »

Et je pourrai reprendre tant de ces magnifiques textes ( que vous ne trouverez pas sur la toile, à l’exception des deux singles : « Mon Amour » et « Yeah Yeah » )…

Page MySpace du groupe Salsedo
Interview complète de Davis Salsedo sur Waxx Music


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Charlyh 59 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines