Autant la très anglaise Publishers Association avait salué l'arrivée prochaine d'une loi Hadopi, telle que révélée par Lord Peter Anderson, destinée à couper l'abonnement internet du vil pirate qui sera pris en flagrant délit de téléchargement.
De même, en France, lors du rejet de l'Hadopi par le Conseil constitutionnel, le Syndicat national de l'édition avait hurlé au scandale, croyant y lire la victoire du web sur les créateurs. « En même temps, en rendant pratiquement impossible la lutte contre le piratage, les contenus culturels vont pouvoir être pillés et accessibles gratuitement. N’y a-t-il pas là une régression démocratique à refuser de rémunérer le travail intellectuel, l’œuvre de l’esprit, alors qu’on accepte de payer pour des biens matériels ou des services ? »
Si en France, les auteurs, romanciers et autres n'ont pas réellement fait entendre leur voix, et que les éditeurs restent assez discrets sur la question - exception faite de l'intervention musclée de la jeune maison manolosanctis - outre-Manche, un romancier qui s'est illustré récemment avec la scénarisation du film Coraline fait valoir que le projet de loi anti-piratage proposé par le gouvernement anglais le débecte.
Dans un courrier, Neil Gaiman estime que « l'ancienne méthode ne fonctionne plus ». De fait, le projet de loi du sieur Anderson « ne rapportera pas un centime de plus dans les poches des artistes et de leurs agents ». Or c'est pourtant bien sur cette base que le projet de loi communique, en assurant que la Digital Economy Bill permettra de résoudre les problèmes de l'économie anglaise.
Mais Gaiman de proclamer bien plutôt qu'il faut absolument trouver un moyen de financer la création et non pas de réprimer les internautes. Et de mettre surtout en garde contre les dérives... « Les plans de M. Mandelson, tels qu'actuellement posés, jettent les bases d'une dictature numérique, contre laquelle aucune garantie n'existe, d'autant plus que la déconnexion du web se fera sans procès », dénonce Neil Gaiman auprès de Lord Stephen Carter, ministre de la Communication.
« L'économie a besoin de vous, la liberté d'expression a besoin de vous : s'il vous plaît, prenez le temps de parler avec nous. Le temps manque pour empêcher cette loi d'aboutir. Nous avons besoin de toute l'aide que nous puissions obtenir. »