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Le manque de piquant du hérisson

Par Georgesf

Je suis très ennuyé. Très ennuyé parce que j’ai lu L’Élégance du hérisson.

Et encore plus ennuyé parce que je vais donner mon avis alors que personne ne me le demande. Mais un blog, c’est fait pour ça : hululer dans le désert et recevoir quand même des seaux d’eau jetés par les fenêtres


LE MANQUE DE PIQUANT DU HÉRISSON
Et je pressens les réactions que va provoquer ma réaction. Je vais consterner certaines blogueuses que j’aime bien et dont je rejoins souvent les élans de lecture. Je vais éveiller chez d’autres les commentaires inévitables dès qu’un auteur se permet de ne pas applaudir un collègue « Qu’il fasse le centième de ses ventes, et ensuite il aura le droit de parler », « C’est de la jalousie, c’est le pipi du petit chien au pied de la statue », « C’est pour faire l’intéressant : puisque tout le monde aime, il ne pouvait pas aimer ».


Oui, tout bien réfléchi, le plus sage serait de baver d’admiration avec tout le monde, après tout le monde.

Mais quand on tient un blog, on réfléchit toujours trop tard.


Préalable : je sais que Muriel Barbery est une femme charmante. Je reconnais qu’elle ne m’a jamais causé de tort.
Cela dit, je n’aime pas son roman.

Je repose la question qui m’était venue en lisant «Les Onze » de Pierre Michon. Est-ce bien un roman ?

C’est un peu plus un roman que Les Onze : il y a des héros, un début, une fin. Tout ce qu’il y a entre les deux est un peu moins bien écrit que Les Onze.

Le principe de ce roman est simple : il y a trois héros. Ils sont tous les trois surdoués.

La première est Renée, une concierge surdouée de la culture. Elle disserte d’Husserl à vous en rendre très humble (hi, hi, une concierge qui cause d’Husserl, quel pied de nez aux conventions, hein !)

La seconde, c’est Paloma, une adolescente surdouée de l’intelligence. Et déjà un peu de la culture, de façon plus disséminée. Elle envisage de se suicider, mais c’est juste pour donner un peu de tension au roman, pour éviter que le lecteur ne baille. Elle est sympa de penser au lecteur, Paloma.

Le troisième arrive plus tard, c’est un Japonais surdoué de la gentillesse. Et de la japonaiserie, et de la délicatesse, et de la richesse. Si, si, on peut être surdoué de la richesse : il suffit de tourner une page et l’argent arrive.


Au début, on met en scène la surdouée de la culture et la surdouée de l’intelligence. Et comme on ne sait quoi leur faire faire, on les fait causer. De philosophie, de trucs profonds et graves qui donnent un sens à la vie. C’est le monde de Sophie, en moins allègre. De temps en temps, pour donner du rythme, on fait entrer la copine portugaise de la concierge, une femme bonne comme le pain. Voilà, vous avez là tous les gentils. Les autres sont sots et méchants. Et riches, parce que c’est plus pratique, quand on veut créer des contrastes : la concierge surdouée est obligée de cacher son savoir aux sots qui se croient supérieurs à cause de leur richesse (leçon de philosophie au passage ).


LE MANQUE DE PIQUANT DU HÉRISSON
Même comme ça, on finit par tourner en rond entre surdoués gentils. Alors on fait entrer Monsieur Ozu, vaguement parent à Monsieur Ozu, un réalisateur que tout le monde connaît et que la concierge admire. Quoi, comment ? Vous ne connaissez pas Monsieur Ozu ? Roooh, cela vous apprendra : désormais vous parlerez plus poliment à toutes les concierges, elles sont probablement plus cultivées que vous.

Et on repart pour un tour : Monsieur Ozu est gentil avec les surdouées, ils ont tous trois de brillants échanges, de petits rires coquins entre deux portes (hi, hi, comme ils sont sots, les autres, les méchants et riches).

Et quand on ne sait plus quoi faire, on boucle avec la plus vieille ficelle des romans (comme quoi, c’est quand même un roman) : le coup de la mort. On tue un héros, un gentil, au hasard. Je suis un peu déçu, j’aurais préféré qu’on tue les trois. Cela m’aurait consolé, moi qui, depuis longtemps étais mort d’ennui.

En résumé, ça manque de piquant.

LE MANQUE DE PIQUANT DU HÉRISSON
C’est bien écrit, un peu comme du Gavalda : on glisse aisément d’une phrase à l’autre. Si aisément qu’en bas de chaque page on a l’impression de n’avoir rien lu.


C’est le roman le plus snob et le mieux pensant (on ne dit pas « le plus bien pensant ») que j’aie jamais lu depuis la série des Bécassine.


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