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Interview de Gush, quatre garçons pleins d’avenir

Publié le 07 décembre 2009 par Kub3

L’Aéronef était plein à craquer jeudi dernier. Et -M-, fidèle à lui-même, l’a tout simplement enflammé. Mais plutôt que de nous pencher sur un musicien dont le génie n’est plus à prouver (Dieu sait pourtant à quel point c’était bon), nous avons préféré nous intéresser à ceux qui assuraient ce soir là le préchauffage du four : Gush.

Quatre beaux gosses enflammant les minettes avec de la pop énergique et un brin polyphonique, ça ne vous rappelle  rien ? Les Gush ne s’en cachent pas, ils sont inspirés par les Beatles. Et les bougres dégagent sur scène une énergie qui n’a rien à envier aux sbires du Yellow Submarine.

Avant le concert, on s’était donc donné rendez-vous sur les canapés de leur loge. Pendant que Vincent mangeait un morceau, Xavier improvisait à la guitare (une histoire de Rock’n Roll et de marshmallows, allez savoir). Par la suite nous avons pu discuter un peu des autres artistes dont ils ont assuré les premières parties ainsi que des instruments qu’ils utilisent. L’occasion de remarquer que sur leur titre I Just Mathieu s’était laissé tenter par le clavinet, instrument cher à General Elektriks.

Entre deux c’était l’heure de l’interview ping-pong, le gagnant étant celui qui dégaine le plus vite sa connerie. Je ne dis pas qui l’emporte, vous vous ferez votre propre avis. En vrac, il sera donc ici question d’Ennio Morricone, d’André Rieu, de viagra et de marshmallows.

KUB3 : Comment avez-vous décidé de monter ce groupe ? C’est une affaire de famille non ?

Xavier : Oui tout à fait. Vincent c’est mon petit frère et Mathieu et Yan sont nos cousins.

Yan : J’ai offert à Mathieu une pédale Wha Wha à Noël, en 91 je crois. Et là ça a été le coup de foudre.

Xavier : En fait on avait un groupe tous les trois, qui s’appelait K.Wha. On chantait en français, ça n’avait rien à voir. Yan lui avait un autre groupe, qui s’appelait Aoxomoxoa.

Il n’y a parmi vous aucun compositeur attitré. Ce n’est jamais compliqué de composer ainsi à huit mains ?

Xavier : On compose chacun de notre côté en fait. Ensuite seulement on met en commun, chacun ramène sa sauce et donne ses idées. Mais composer à quatre concrètement ça ne nous est quasiment jamais arrivé.

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Et vous avez tous un peu les mêmes influences musicales ou alors certains ont des goûts que les autres n’approuvent pas du tout ?

Mathieu : On a des goûts différents mais on a quand même les mêmes bases.

Yan : Tout ce qui est la pop rock, des années 50 à aujourd’hui. Mais on est ouvert à toutes les musiques, qu’elles soient du monde ou du sous-sol. Si on doit en nommer quelques-uns ça va des Beatles jusqu’à aujourd’hui, avec Beck par exemple.

Xavier : Ou même AC/DC ! [Se met à jouer une chanson à la guitare] “Rock’n Roll, marshmallows !” [rires]

Yan : On a des goûts assez divers. Bien sûr il y a des choses qu’on apprécie moins. Moi je ne suis pas fan de Death Metal ou de  tous ces trucs là. Et Xav’ par exemple n’aime pas le raï.

Xavier : J’aime pas le mauvais raï. Mais en fait dans tous les styles musicaux, que ça soit de la musique folklorique, du rock ou du classique, il y a des artistes qui nous touchent, au delà de la musique et des styles musicaux. Et il y en a d’autres qui nous touchent moins.

Yan : Il y a également des artistes qui ont fait de super albums mais seulement à un moment donné. Alan Stivell par exemple : ses premiers albums sont très bien. On ne connaît pas forcément toute sa discographie mais on sait qu’il a fait de la bonne musique à un moment donné.

[Les autres s'interrogent du regard. Xavier à Mathieu : "tu sais qui c'est toi ?"]

Yan : [Toujours sérieux] C’est le seigneur de la musique celte [rires]. Il a fait de vrais disques.

Vincent : Genre André Rieu ?

Yan : Non mais pas du tout à la André Rieu. Alan Stivell, lui, il est classe.

“[Pascal Obispo :] Dans le monde du mauvais goût il est assez marrant”

Un petit groupe pas connu et qui mériterait de l’être plus, d’après vous ?

Yan : Amber & The Dude et MiamiVince.

Xavier : The Love Bandits aussi. Ils viennent de Paris. Ça c’est un groupe qui gagne vraiment à être connu.

Et à l’inverse un groupe qui est très connu mais qui gagnerait à l’être moins ?

Mathieu : Tous les groupes ont fait des choses qu’on peut leur reprocher et d’autres qu’on peut apprécier. Je pense à un groupe comme Muse par exemple, on est tous les quatre à ne pas trop aimer. Mais c’est vrai qu’ils enchaînent les stades et qu’ils les enflamment. Donc on les salue.

Xavier : Après c’est vrai qu’il y en a quand même certains qui ne mériteraient pas d’exister…

Vincent : Comme Michel Sardou.

Yan : Pour moi c’est Pascal Obispo.

Xavier : Non mais Obispo je l’ai rencontré, tu peux pas dire ça. Je comprends son personnage et finalement il est un peu marrant. [Yan pouffe] Dans le monde du mauvais goût il est assez marrant.

Yan : Pour moi c’est l’un des pires artistes français.

Mathieu : Pour répondre à ta question, en règle générale c’est surtout les gens qui véhiculent des messages politiques qui ne nous plaisent pas. Comme Sardou.

Yan : Moi je déteste le racisme et la faim dans le monde.

Xavier : Mais franchement musicalement on ne se sent pas Français. Là on parle de la France parce que c’est notre pays mais bon…

D’ailleurs vous chantez en anglais. Vous pourriez chanter en français ?

Yan : Je suis pas sûr que ça passe avec la musique qu’on fait. On adore la musique française mais ça ne correspond pas à notre style.

Xavier : A l’origine on chantait en français. On a fait un disque et quelques EP en français d’ailleurs. Mais on écoute une grande majorité de groupes chantant en anglais, et Yan est à moitié anglais. Mais on n’exclue pas de faire un disque en français un de ces quatre.

Yan : Ou en flamand [rires].

Vous aviez réalisé un clip pour le titre I just. Vous en avez un autre en gestation ?

Xavier : On en avait fait un autre pour un morceau qui s’appelle My Favorite Song. On va sûrement en faire un nouveau pour No Way, qui sera notre single je pense.

C’était Romain Chassaing qui s’était occupé du premier…

Yan : Et le deuxième c’était Christophe Axford. Pour le prochain on ne sait pas encore qui ça sera.  On hésite entre Spike Jonze et Chris Cunningham [rires].

Justement KUB3 est un webzine qui s’intéresse aussi au cinéma. Y a-t-il un film qui vous a particulièrement inspiré dans votre musique, ou tout simplement marqué ?

Xavier : Moi j’ai adoré Il était une fois en Amérique.

Yan : Paris, Texas de Wim Wenders.

Vincent : Orange Mécanique.

Mathieu Le Bon, la Brute et le Truand.

Xavier : Moi, et je pense que c’est pareil pour Mathieu, c’est la musique d’Ennio Morricone qui m’a vraiment marqué.

Yan : Et dans Paris, Texas c’est Ry Cooder qui joue de la slide pendant toute la BO.

Mathieu : Y a Dead Man aussi, dans le même esprit. Avec la BO de Neil Young en live qui est mortelle. Sublime film.

Jouer en première partie de -M- ?

“Il y a des milliers de gars qui aimeraient être à notre place, donc on en profite à fond”

Si vous deviez définir votre fantasme en musique, ça serait quoi ?

Yan : De jouer à la Maroquinerie le 11 mars. C’est notre premier fantasme [rires]. Non plus sérieusement notre fantasme ça serait de jouer partout sur Terre. On veut faire des concerts en Afrique, en Australie, aux États-Unis, en Asie…

Xavier : Même en Europe on n’a pas encore beaucoup joué.

Yan : On avait accompagné le même artiste, Adan [Jodorowsky, alias Adanowsky] tous les quatre pendant un moment, pour avoir le même emploi du temps. Donc on a eu la chance d’aller au Chili, en Argentine, au Mexique… C’était hyper enrichissant.

Et comment s’est passée la rencontre avec -M- ?

Xavier : Justement on s’est rencontré grâce à Adan, au Chili. Il était en vacances là-bas et Adan lui a dit de venir voir un de nos concerts. Ça lui a bien plu et comme on était chez le même tourneur…

Quel effet ça fait d’ouvrir pour lui ? Pas trop la pression ?

Xavier : C’est impressionnant.

Yan :  Mais on le vit hyper-bien en fait. Il y a des milliers de gars qui aimeraient être à notre place, donc on en profite à fond.

Mathieu : Et il y a moins de pression quand tu joues en première partie parce que tu es une sorte d’outsider. Les gens ne viennent pas pour te voir toi donc tu peux les surprendre.

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Et vous avez déjà joué à Lille ?

Xavier : Avec Gush on avait fait un concert mémorable à Lille, dans une école de commerce.

Yan : A Arras.

Vincent : Non à Saint-Omer.

Yan : Non c’était Béthune, tu confonds avec Béthune.

Mathieu : [Visiblement peu impressionné par leurs performances en géographie] Ok les gars… en fait c’était au Gala de Centrale Lille.

Yan : Exact. Et moi j’ai joué au Biplan une fois avec un autre groupe. J’adore cette salle et ses briques.

Xavier : En tout cas ce concert à Lille qu’on avait fait dans le cadre de ce gala était mémorable. On était un peu bourré sur scène. Il y a d’ailleurs une vidéo qu’on peut trouver sur Dailymotion qui est assez marrante.

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Une dernière pour la route. Vous vous appelez Gush. Si on vous propose de tourner dans une pub pour le viagra vous acceptez ou pas ?

Xavier : Tout dépend qui la réalise.

Si c’est Romain Chassaing ?

Yan : Ha bah ouais. Avec un slogan genre ‘Gush, ça te la fait soulever’ [rires]

Xavier : Ok mais uniquement si c’est un viagra naturel.

Vincent : Ouais du viagra bio.

Mathieu : Gush ça te fait penser à du viagra ?

C’est un peu subjectif comme nom… D’ailleurs pourquoi l’avoir choisi ?

Xavier : Pour ça mais aussi pour l’énergie en général qui émane de nous quand on est ensemble sur scène.

Le mot de la fin ?

Yan : On te fait de gros poutous, à toi et aux lecteurs de KUB3.”

Le Myspace de Gush

Leur premier album, “Everybody’s God”, sortira le 15 février 2010

Crédit photos : Olivier Clairouin

Interview réalisée le 03 décembre par Olivier Clairouin


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