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L'art peut-il (aussi) etre sonore ?

Publié le 27 novembre 2009 par Desartsonnants

DE l'ART GLOBAL A L'ART SONORE
 AU FIL DES MOTS ET DU TEMPS





Article prolongeant le lexique de mots-clés consacrés aux arts sonores


Concernant l'art pensé de façon générique, on peut parler dans une acception des plus anciennes, de l'ensemble de moyens, de procédés conscients par lesquels l'homme tend à certaines fins, cherche à atteindre un  un ou des résultats escomptés. Tous les stratagèmes et autres dispositifs pouvant s'avérer efficaces pour servir ses desseins sont envisageables, de l'outil à la pensée stratégique. Il s'agit donc d' agir avec un certain art pour vivre, et parfois survivre, avant même de penser à une quelconque création artistique. (Art du potier, art de l'agriculture, ; art de nager, de pêcher à la ligne, de préparer un feu, de tresser, de toréer; art culinaire, les arts appliqués, les arts industriels, les arts et métiers.)
Sinon, de façon certainement moins vitale, on considérera une manière d'être, un savoir-vivre (Art de vivre, d'être heureux, de transmettre, d'enseigner, de la table, d'être ensemble...), un art qui chercherait des postures de bien- être, de confort, dans une idée sociale et politicienne, au sens premier du terme, voire un art en quête de béatitude si l'on pousse cet exercice de bien-être au bout, que l'on pourrait chercher à atteindre notamment par des expérimentations du beau, du bon, du sensible, donc de l'art...
On peut également embrasser l'art comme étant celui, ou ceux correspondant à un type de civilisation, avec ses leviers culturels, ses marquages ethniques, ses expressions caractéristiques, parfois difficile à appréhender pour un "barbare" néophyte. (Arts africains, aztèques, chrétiens, orthodoxes, primitifs, premiers...).
Nous arrivons donc naturellement à la recherche, dans les œuvres humaines d'un idéal de beauté. Au-delà d'une manière d'être, de vivre, c'est à une forme de création humaine plus esthétisante (la beauté, le parfait, le pur...),  qui est ici en jeu. Cette œuvre suprême qui correspondrait de fait à une vision, à une conception propre à l'artiste, d'une forme de beauté, ou de "non beauté".
Par extension, envisageons également un ensemble des règles, des moyens, des pratiques ayant pour objet la production de choses belles, ainsi que la pratique de ces règles; virtuosité, talent, maîtrise, comprenant ce que l'homme artiste tente d'apprivoiser et d'utiliser  au mieux, notamment dans des créations artistiques.
Enfin, pensons les arts au pluriel (Beaux-arts, arts appliqués, arts visuels, sonores, numériques...), dans des conceptions, très en vogue aujourd'hui, où les pratiques arttistiques se rassemblent par groupes, par genres, par écoles, par média, par technicités... On retrouvera là, en même temps que besoin de classer, de ranger par genre, les difficultés rencontrées  pour déterminer des pratiques hybrides et oh combien mouvantes, et d'en définir des groupes ou sous-groupes homogènes et cohérents.

L'ART SONORE EN (TRES) GRAND RACCOURCI
Pratique(s) artistique(s) où le son est le média essentiel, prédominant, et parfois unique mis en œuvre. Notons ici le la notion d'un média sonore n'est pas forcément celle qui prévaut aux pratiques musicales, avec ses techniques d'écritures, d'interprétation et de diffusion, même si parfois musiques expérimentales, acousmatiques et nouvelles lutheries proposent des espaces intersticiels, des zone des chevauchements et donc de nombreux terrains d'hybridation qui rendent parfois les frontières musique-sonore poreuses et mouvantes.

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DES COURANTS AU FIL DES SONS
Depuis l'aube du XXe siècle, et avec une grande vitalité depuis les années 50, les arts sonores, au travers des performances et des dispositifs privilégiant l'utilisation du son, s'installent dans différents lieux. Ces dispositifs jouent et dialoguent avec les caractéristiques architecturales et acoustiques des différents espaces qui les accueillent, y compris en extérieur, dans des lieux publics. On les retrouve maintenant également dans des espaces immatériels, virtuels, au sein de la création sonore en réseau (internet/ Podcast/Streaming)...
Nombre de  personnages et de courants artistiques ont œuvré à l'éclosion de l'art sonore, ou d'un art "pré-sonore". Depuis les bruitistes-futuristes italiens (Luigi Russolo) en passant par les premiers "casseurs et détourneurs" de langages, et autres dadaïstes et lettristes (Raoul Hausmann, Isidore Isou, Bernard Heidsieck, Henri Chopin, ...), les explorateurs de musiques "contemporaines élargies", électroniques, concrètes (Pierre Schaeffer, John Cage, La Monte Young, Alvin Lucier, David Tudor, Luc Ferrari..), les plasticiens du sonores et installateurs (Max Neuhaus, Robin Minard, Paul Panhuysen, Pierre Berthet, Christina Kubisch, Pascal Broccolichi, Arno Fabre, Bosch et Simons...) jusqu'aux artistes parfaitement inclassables. De fait,  on commence aujourd'hui à cerner un début d'histoire des arts sonores, même s'il reste beaucoup à défricher dans ce domaine.
Ces pratiques émergentes de Sound Art, ou d'art sonore, de créations audio, d'installations, forment peu à peu un genre à part entière qui se montre d'une grande inventivité et vitalité.
Les moyens technologiques, le développement galopant du numérique permettent à ces recherches sonores de développer nombre de projets et d'esthétiques différentes, des dispositifs interactifs, alliant souvent arts plastiques, sciences et technologies et recherches sonores.
On trouve actuellement de nombreux champs  investis par les arts sonores, tels que les relations arts-sciences (robotiques, cybernétiques, génétique, environnement...), les arts de la rue, la création radiophoniques, le théâtre et la danse, le web art, l'écologie sonore...
La vitalité et la diversité de ces recherches font des arts sonores un domaine artistique à la fois abondamment montré, tant dans des galeries, musées, lieux publics urbains, milieux naturels, espaces virtuels, mais parfois difficile à cerner dans sa prolifération tous azimut. Entre arts sonores, numériques, mixed-média, électroniques, médiatiques, multimédia, on s'y perd parfois, surtout lorsque l'outil technologique, le procédé technique, a tendance à prendre le pas sur la création sonore initiale, son projet, son esthétisme.

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HYBRIDATION, METAMORPHOSE ET MOUVANCE DE LA CREATION SONORE CONTEMPORAINE
Il fut un temps où les choses étaient (plus) simples. D'un côté, de la musique, ses compositeurs, ses orchestres, ses salles de concert, ses théâtres lyriques, ses maisons d'édition... D'un autre côté, des beaux-arts, des arts plastiques, des arts visuels, de la peinture, de la sculpture, de la gravure, de la photographie, des artistes peintres, sculpteurs, des musées, des galeries...
Et puis, quelque trublions aidant, les choses se compliquèrent. Des plasticiens se sentirent pousser des oreilles, des compositeurs eurent envie d'en découdre avec les formes et les matières non musicales ni même sonores, des techniciens fabriquèrent des instruments OSNI (Objet sonore Non Identifié) et autres interfaces de jeu...
Les formes artistiques s'entremêlèrent, usant d'objets usuels, triviaux, de matériaux disparates, de sons du quotidien... Les œuvres s'installèrent dans l'espace, et régulièrement dans de nouveaux lieux non dédiés à la cause artistique. Le public fut invité à pénétrer au cœur de l'œuvre installée, voire parfois à intéragir activement à son développement dans le temps et l'espace.
Des technologies galopantes incitèrent les artistes à expérimenter, tant dans la forme que dans la matière, de nouvelles esthétiques, des procédés narratifs inédits virent le jour, de nouvelles postures physiques et intellectuelles, y compris des postures d'écoute s'imposèrent au public pour appréhender des œuvres toujours plus protéiformes.
De quoi à perturber plus d'un critique ou historien de d'art,  mais aussi des publics qui ont somme toute assez rapidement perdu nombre de leurs repères.
Face à ces explorations parfois erratiques, la dichotomie sonore-visuel devenant parfois très ténue, on vit apparaître le terme d'art sonore, calqué sur celui de Sound Art dans les pays anglo-saxons.
Cette expression relève aujourd'hui d'une définition plus précise, malgré la diversité des champs couverts, de l'installation à la performance, en passant par les réseaux multi-médiatiques et autres dispositifs inclassables, sans parler des diverses ramifications et croisements vers des domaines scientifiques, sociaux...
On est enclin à penser aujourd'hui que l'art sonore fait genre et s'impose peu à peu, au fil des galeries et des festivals comme une discipline à part entière, même si ses frontières entre musiques expérimentales et créations sonores ne sont pas toujours très étanches, et fort heureusement aurais-je tendance à dire.
Enfin, on pourrait dire, non pas pour conclure car le sujet est vaste, que les arts sonores dans leur multiplicité procèdent, de façon naturelle, comme nous l'avons évoqué au départ, d'un ensemble de savoirs faire et de maîtrise d'outils, dans certains domaines d'une recherche de bien-être (écologie et design sonore), en même temps que participant à cette éternelle recherche d'esthétismes artistiques où le concept de beauté, au sens large du terme, est toujours en vigueur.

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