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"La route"

Par Loulouti

Je ne dois pas avoir trop de chance avec l’auteur Cormac McCarthy. Je dois être l’un des rares humanoïdes sur terre qui s’est franchement emm… devant l’adaptation de son livre "No country for old men" réalisée par les frères Coen.

J’ai remis le couvert avec "La route" de John Hillcoat et le résultat n’est pas à la hauteur de les espoirs initiaux. Je suis souvent enthousiaste (parfois trop quand un long métrage me plaît) mais inversement j’ai occasionnellement du mal à cacher mon immense déception. La bande annonce était pourtant sacrément bien foutue et alléchante.

L’humanité a périclité après qu’un mystérieux fléau ait touché la planète. La végétation et le règne animal ont été réduits à néant. Seule une poignée d’êtres humains survie tant bien que mal au milieu d’un paysage apocalyptique. Un homme (Viggo Mortensen) et son fils (Kodi Smit-McPhee) se déplacent constamment sur une route en direction du sud à la recherche d’un ordinaire plus clément.

Je sais très bien qu’un film n’est qu’une œuvre de fiction et qu’elle ne doit pas s’immiscer dans notre quotidien mais "La route" n’est pas le long métrage que vous devez voir si en ce moment votre moral est au plus bas ou que vous connaissez des difficultés existentielles.

Il se dégage de l’œuvre un pessimisme de tous les instants, une noirceur profonde, une impression de malaise permanent. Ce sentiment nous colle à la peau, nous submerge, nous étouffe littéralement.

Le monde de "La route" est totalement dévasté. L’étrange apocalypse (au sens populaire du terme et non littéraire) a réduit la planète terre à un immense cimetières de friches industrielles et de paysages dévastés. C’est à mon sens la seule vraie réussite du long métrage. L’écrin où évoluent les personnages est très bien rendu.

Nous sommes au beau milieu d’un hiver éternel où les teintes grisées résonnent comme autant de stigmates d’un monde où l’éclat de la vie a disparu. La nature hostile est l’un des personnages de ce film. Les chutes d’arbres, les tremblements de terre ne sont des exemples parmi tant d’autres des catastrophes qui touchent une humanité qui court à sa perte. Un univers qui n’offre plus de cadre salvateur ou nourricier aux personnages.

Visuellement ce monde glauque bénéficie d’une photographie très travaillée, d’un cadrage plus qu’intéressant.  La bande son nous enveloppe d’un linceul de désolation et de mort.

Au-delà du contenant j’ai du mal à me passionner pour le contenu. Ce road movie apocalyptique qui érige en valeur universelle la simple survie d’un homme et de son fils s’étire en longueur sans vraiment changer de rythme.

Sérieusement je ne m’attendais pas à assister à la projection d’un long métrage d’action mais un film un peu plu nerveux m’aurait indéniablement plu. J’ai eu la sensation d’assister à la répétition de certaines scènes (la fouille des décombres de maisons à la recherche de nourriture, la possibilité de se suicider pour en finir avec tout ça). J'ai regardé ma montre quatre ou cinq fois en espérant que le film change de tempo. Et bien non.

Le seul moment vraiment poignant où l’œuvre s’envisage tout d’un coup sous un jour nouveau concerne la découverte par l’homme et son fils d’un cave où sont entreposés hommes, femmes et enfants tels des denrées alimentaires d’un garde manger. Mais la séquence est trop brève, voire inachevée.

J’ai un esprit cartésien comme bon nombre d’entre vous je suppose et je veux savoir le pourquoi du comment. John Hillcoat nous replonge dans le passé de l’homme et de son fils au moyen de courts flashes back. Ce genre de procédé est généralement employé pour nous donner des indices, des pistes sur une situation passée, un état donné. Quid des raisons du fléau qui a ravagé la planète ?

Le metteur en scène s’en sert uniquement pour introduire le personnage de la mère (Charlize Theron) et charger la note dramatique (le renoncement à la vie par le suicide, la fuite face au péril).

Le long métrage a quand même un arrière plan intéressant. Le film dénonce la folie des hommes qui sacrifient la nature sur l’autel de la rentabilité économique. A l’heure où nous parlons toutes et tous d’écologie, sans parfois savoir de quoi il en retourne exactement, le propos est assurément louable.  

Le metteur en scène pointe du doigt la bestialité de l’Homme. Affranchi de toute règle ou de toute convention sociale, l’individu a retrouvé des instincts primaires séculaires. Le cannibalisme (jamais montré mais évoqué par nos "héros") est l’un des affres que connaît ce monde post apocalyptique où tout est permis.

Le constat du metteur en scène est clair, sans fioritures et sans espoir.

L’un des pôles du film est la relation père fils que j’ai trouvé émouvant par moments, mais trop linéaire sans réelles surprises pendant une bonne partie de l’œuvre.

Viggo Mortesen est on ne peut plus crédible comme à son habitude. La saleté lui comme à la peau comme une seconde enveloppe charnelle. La transformation physique est plus qu’étonnante. Le jeune Kodi Smit-McPhee impose une présence à l’écran assurément probante. La présence de Charlize Theron est à la limite de l’anecdote.

J’ai l’impression d’être resté au milieu du guet. "La route" est un film doté d’une forme irréprochable mais dont l’histoire ne m’a vraiment pas emballé. Je n'ai pas lu le livre mais j'ai entendu dire que l'histoire était difficilement adaptable. 

Nous pouvons y voir le reflet de notre propre devenir, la cristallisation de nos pires craintes mais cette intention, si louable soit elle, suffit elle pour faire un bon film ?

Pas vraiment pour le cas présent. 


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