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Identité suisse

Publié le 11 décembre 2009 par Malesherbes

Peut-être ému par la vague de boue soulevée par l’initiative ( ?) d’Eric Besson, Nicolas Sarkozy a jugé utile d’intervenir sur ce sujet. Il a choisi la voie de la tribune dans un quotidien national, retenant Le Monde, moins ostensiblement (mot à la mode) à droite que Le Figaro. Je m’étonne toujours de voir un Président, avec une charge de travail aussi lourde, pouvoir dégager du temps pour se livrer à un exercice aussi contraignant où chaque mot doit être pesé. On me répondra qu’il a délégué cette tâche à sa plume. Si tel est le cas, ce texte m’intéresse encore moins. Sauf à ce qu’il soit capable de transmission de pensée, je ne vois pas comment un tiers pourrait transcrire fidèlement la pensée ( ?) de notre bon maître. Je supposerai donc que ce texte est tout de son cru (petit clin d’œil aux amateurs de contrepèterie).

Cette tribune commence par évoquer le référendum suisse sur la construction de minarets. Par là-même, notre Président démontre qu’il ignore tout de ce qu’est l’identité nationale. Je ne sais si les lois ou les résultats d’un vote font partie de l’identité nationale mais, si tel est le cas, le résultat de ce scrutin appartient à l’identité nationale suisse. Je me fiche royalement de ce qu’il en est et, puisque le débat ( ?) en cours porte sur l’identité nationale française, je ne vois pas en quoi, moi Français, j’ai à considérer ce qu’ont pu décider nos voisins suisses. L’identité nationale, pour moi, c’est précisément ce qui nous distingue des autres, comme cette fameuse exception française dont on nous rebat les oreilles à propos de la culture. Je suis fier d’être citoyen d’un pays qui a su abolir la peine de mort et je compatis aux Etatsuniens, membres d’une nation qui, avec l’efficacité que l’on peut constater, n’ont pas fait de même, se plaçant au niveau des phares de l’humanisme que peuvent être la Chine, l’Iran, l’Arabie Séoudite, la Russie et quelques rares autres.

L’identité française, c’est qui nous fait différents des autres, et dans un sens dont nous pouvons être fiers. Je ne vais pas comparer mon pays à une confédération de cantons, qui réussit la prouesse de faire coexister quatre langues différentes mais où progresse un parti xénophobe capable, face au projet d’une liaison ferroviaire Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse, de placarder des affiches avec le texte suivant : « Un nouveau moyen de transport pour la racaille [tiens, tiens ?] d'Annemasse ! Expulsons les criminels étrangers! ».

Nicolas Sarkozy poursuit avec quelques considérations oiseuses sur la possibilité de répondre par oui ou par non à des questions aussi complexes. Puis-je lui rappeler qu’il en est presque toujours de même ?

Notre Constitution a été adoptée par référendum et, comme on peut le constater souvent au Grand Journal de Canal+, nos politiques se dérobent le plus souvent quand on leur demander de répondre par oui ou non. N’en déplaise à notre Président, dans l’existence, quelle que soit la complexité du sujet, bien souvent c’est devant cette simple alternative que l’on se trouve placé : « je l’épouse, ou non ? », « j’accepte ce poste, ou non ? », « je vote pour ce candidat, ou non ? ».

Toutes les contorsions, les arguties n’y changeront rien. L’identité nationale ne se définit pas, elle se construit et, surtout, elle existe avec ou sans immigration. Mêler les deux est un non-sens et avoir un ministère avec cet intitulé une ignominie.


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