Magazine Culture
Reprenant la formule proposée par Alexandra Novosseloff et Frank Neisse dans leur ouvrage Des murs entre les hommes, ce papier se propose d'interroger les ponts, non simplement comme des infrastructures, mais au prisme de leur symbolique, de leur usage et de leur appropriation, à travers le cas des villes en guerre de l'ex-Yougoslavie (tout particulièrement les ponts de Mostar et de Mitrovica, qui suite à leur destruction relevant d'un urbicide orchestré par les belligérants pendant les guerres respectivement de Bosnie-Herzégovine et du Kosovo, ont été l'objet de reconstruction tout aussi monumentale). Et si les ponts pouvaient eux aussi être davantage des frontières vécues que des hauts-lieux de l'échange ? Quelques éléments de réflexion pour intégrer une analyse géographique du pont au-delà de la simple question d'une infrastructure favorisant les flux.
"Les symboles paraissent clairs : les ponts font la liaison entre les hommes et favorisent les échanges, tandis que les murs marquent une distanciation volontaire et imposent la notion de seuil et de droit d’entrée dans un lieu approprié et privé. Pourtant, la guerre semble profondément modifier ces références au bâti. L’efficacité géographique de la guerre ne se lit pas seulement dans les paysages de destruction, et les stigmates qu’elle laisse ne sont pas comblés en même temps que la reconstruction du bâti. Les ponts deviennent alors de véritables géosymboles de l’inscription spatiale de ces stigmates par-delà le temps de la guerre. Reconstruire ne suffit pas à assurer la réconciliation. S’attarder sur les lieux de l’échange et les lieux de la séparation permet d’entrevoir la persistance des tensions dans les villes de l’immédiat après-guerre".
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