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[Zoom sur] SIC

Par Charlyh

Quand j’étais petit, je n’étais pas grand, je montrais mon cul à tous les passant, ma mère me disait… nul à tous les passant, ma mère me disait… nimportenawak !!
Ma mère ne m’a jamais rien dit, contrairement à cette salace comptine enfantine, puisqu’elle n’a jamais rien su. Et, puis, je montrais mon cul à l’adolescence : aaah, ces crises adolescentes chez les jeunes metalleux…
Et c’est aussi à l’adolescence et dans cette crise identitaire et d’appartenance à une groupe, une communauté ou une horde, plutôt, en l’occurrence, qu’en sortant et fréquentant dans des boites de nuits bretonnes que j’ai rencontré une partie de ceux dont je vais parler ce soir.

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SIC ( 1999 – 2005 )

Né des cendres d’un groupe adolescent Feeds For Dogs, composé d’adolescents à cheveux longs et voix beuglantes en fin de mues se cherchant encore, les Horned Birds allaient composer la future base et épine dorsale de ce qui allait devenir SIC.
Ainsi, à l’âge où d’autres découvrent à peine les premiers cours d’économie et autres filières scolaires allant forger leur baccalauréat, votre serviteur faisait le mur le soir venu avec son pote breton Laurent « Lolo » ( qui alors se faisait appeler Larry, guitariste à la dégaine nonchalante des Feeds For Dogs, garage band lorientais pour qui j’aurais griffonné des conneries canines ). Laurent qui ne tarda pas à  me présenter dans l’une de ces boites – si ce n’est la boite lorientaise – le chanteur du dit groupe : Lucien « Lulu ».
Et alors que les années passèrent les amitiés se consolidèrent ou se dénouèrent et même si Laurent fut évincé des Feeds For Dogs, qui ne tardèrent pas à se métamorphoser en Horned Birds, notre meute de jeunes loups continua pendant longtemps ses errances communes et nocturnes.
Biberonnant aux mêmes sons et cannettes de bières que Lucien, Baptiste, Mathieu et Pascal, respectivement chanteur, batteur, guitariste et bassiste des Horned Birds, on était en droit de se les imaginer continuant dans la zik, sans pour autant, il est vrai, imaginer le succès critique – bien que confidentiel – que pourra connaitre SIC, leur groupe une fois adultes.
L’âge ingrat de l’adolescence et ses crises d’acnés passés, les premiers jobs aidant ou non quand des études poursuivies ou pas compliquent encore plus la chose, notre quatuor s’engage dans l’âge adulte en se séparant : il en sera fini des Horned Birds, SIC naissant.
Mais, fidèles copains et décidés à poursuivre leur expérience au-delà des conneries, Lucien et Baptiste ne décrochent pas pour autant. Et c’est alors qu’ils recrutent, dans les environs de notre bonne vieille ville natale de Lorient ( 56100, Morbihan ), Alex à la guitare et Pok à la basse, que leur son va encore un peu plus s’éloigner de titres comme « Hélène » ( superbe chanson adolescente des Feeds For Dogs s’attaquant à la série phare de AB Production : « Hélène et les Garçons » ) ou des reprises du « What Make Us Tick » de Biohazard ou « Come out and Play ( Keep ‘Em Separated ) » des Offspring pour devenir le leur. Alors qu'en traversant une période dite de Cash Musik avec les Horned Birds, Lucien e Baptiste n'ont qu’avouer encore leur amour et influence puisée dans le son du meilleur groupe français et parisien, Lofofora : une certaine punk attitude – pour les références - et un rattachement à la scène française – pour l’écriture francophone de Lucien – existant toujours chez eux.
Mais c’est à ce moment là que se finit mon aventure lorientaise et un retour sur Paname, n'allant pas connaître la naissance même des SIC.
Lorsque je retrouve la trace de Lucien, qui désormais se fait appeler Nagar ( contraction de son patronyme ), celui-ci et Baptiste ( tout simplement Bat ) sont entrés dans la phase SIC, leur ultime expérience musicale, formée en 1999.
Prolongeant la noirceur d’un texte comme « Why », écrit par un Lucien adolescent ayant mûri trop vite avec un deuil précipité, dans une musique enfin personnelle à la noirceur et langueur sublime, le jeune quatuor de SIC ( Bat gérant la double charge de la batterie et des samples, au passage ) sort en 1999 son premier EP en autoproduction : « Insane Hope ».
Poursuivant leurs tournées régionales – dans une Bretagne qui, heureusement, reste une région fortement rock – SIC parvient maintenant à se détacher de l’ombre de groupes locaux comme Freedom For King Kong et Don’t Call Me Charlie Mushroom, entre autres, avec qui ils auront arpenté les scènes, arrières salles de bars et estrades de leurs débuts.
Adultes et indépendants, ces quatre mecs peuvent enfin se lancer dans l’aventure musicale. Comme des grands.
2001, la bande à Nagar, qui a toujours été un fan du travail de Maynard James Keenan et de Tool plus particulièrement, se voit désormais comparer au groupe américain.
« Ergate », leur maxi CD de 4 titres autoproduit sorti la même année, permettant aux travers de ces titres ( « Cronocution », « Sorry », « Disorder » et « Searching Health » ) de découvrir l’écriture sombre de Nagar, qui aime à jouer de sa voix sur les sons et riffs de ses partenaires. Tantôt claire et audible, elle varie selon le jeu lourd des grattes ou les envolées lyriques mais puissantes de Pok et Alex, que vient marteler de ses fûts ou non Bat.
« Disorder » toujours disponible sur leur site officiel en restant un parfait exemple.
Après avoir côtoyé sur scènes des groupes francophones prenant de l’ampleur, comme les marseillais d’Eths, le groupe s’envole pour la cité phocéenne ( ou du moins entre Marseille et Aix-en-Provence, au réputé Sound Suite Studio ) où ils enregistrent auprès de Terje Refsnes, producteur ayant travaillé en un quart de siècle avec des groupes comme les norvégiens de Tristania ou Sirenia, finlandais de Turisas et d’autres groupes français, leur premier album : « Hunt ».
Sorti en février 2003
, ce maxi cinq titres ( « Become Better », « World Eyes », « Silence », « You Are » et de nouveau « Disorder » ) prolonge la comparaison avec Tool ou Porcupine Tree.
Soignant leur galette dans un très beau digipack réfléchi par Nagar et complétée d’une piste vidéo et section multimédia, cet album autoproduit avec l’aide de l’association lorientaise Siclik, confirmera quatre années de travail, ouvrant au passage à ce quintet désormais ( Gwen venant y apporter sa seconde guitare ) les portes DU festival breton des Vieilles Charrues cette même année 2003. Et oui, certains bretons se reconnaissent plus à travers ces trois jours de dingues dans les Monts d’Arrée que pendant les dix jours du Festival Interéthyli… heu celtique de Lorient.
S’ouvrant à une musique plus ambiant, le metal de SIC devient rapidement ce que certains sites qualifie d’hybrid metal au même titre que les danois de Mnemic, les britons de Skindred, les pakistanais de Black Warrant ou les ricains de Shootyz Groove. Ce qui ne sont pas de mauvaises comparaisons aux dires de certains. Ou fera regretter les univers sombres et violents du passé du groupe caractérisés par la rage du chant de Nagar.
Et c’est alors qu’ils annonçaient sur leur site la venue d’un second album, « Luxumbra » ( dont deux titres inédits restent à l’écoute : l’excellent et saccadé « Become Better » et « Tell Me Why », qui surpasse les autres productions du groupe avec son intro claire à la guitare sur laquelle Nagar chante enfin son malaise, ce mal-être qu’un perpétuel questionnement accompagne finalement depuis notre adolescence ) aux relents toujours black et sombre dans une ambiance atmosphérique lancinante voire dépressive que le groupe finit par splitter courant 2005.
Mais, heureusement, il nous reste le site du groupe, qui, lui, n’a pas fermé et dont l’exceptionnelle beauté de la présentation accompagnée de superbes photos en noir et blanc témoigne de la qualité du travail fourni par les membres de SIC.
Kenavo, comme on dit chez nous, SIC
Et encore merci pour tout Nagar…

Site officiel du groupe



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