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Max | L'homme au chaperon bleu

Publié le 10 décembre 2009 par Aragon

jan_van_eyck.jpgTout à l'heure en cette fin de jour, en cette heure exquise  que l'on appelle "entre chien et loup", cette heure que j'apprécie au plus haut point quand le bleu sombre, le gris plombé, l'argent, se battent contre les ors du couchant, quand de tendres et dures violences explosant des nuages expulsent les ultimes lumières du jour, en cette heure-là, souvent, je vais m'asseoir en compagnonnage étroit avec mes livres.

Je me suis réconcilié avec eux, ayant renoncé à les mener en ma cave ainsi que je le disais dans un post récent vraisemblablement écrit dans un moment d'abattement, d'égarement. J'ai allumé ma lampe, j'ai tendu le bras et j'ai tiré une couverture qui m'appelait.

Le livre était lourd. Il y a longtemps que je ne l'avais point tenu entre mes mains. Frères flamands, mes amis : Bosch, Brueghel, Memling, Van Eyck... J'ouvre au hasard, il en sort un homme qui ne me regarde pas. Je suis stupéfait. Je te connais, toi, passant d'éternité, je te connais. Tu  es souvent entré dans ma maison, tu as toujours ta barbe de trois jours, cette pâleur, tu as l'air  pourtant de savoir ce que tu veux, mais tu es paradoxalement méditatif, à quoi penses-tu ami ? A quoi penses-tu ?

Tu tiens ton destin comme tu tiens cette bague dans ta main droite. Vas-tu te marier ? Te fiancer ? Ton visage, je peux le rencontrer dans la rue, dans ma vie aujourd'hui.  Ton visage, mon ami inconnu a pourtant six cents ans !

Incroyable ! Le temps, je n'arrête ni de le dire, ni de le penser, ne signifie rien. Il est battement régulier. Son coeur est palpitant. Sa respiration, ô, sa respiration...

Portes du temps, immensités subtiles de cet espace inconnu je veux vous franchir, je veux fouler de mes pas ces contrées enchantées. Je sais qu'elles existent, je le sais. Je veux te retrouver  mon frère Jan Van Eyck qui t'a peint, toi, "homme au chaperon bleu" qui vient m'honorer de ta visite à intervalles réguliers. Jan van Eyck qui t'a peint, en incroyable minutie.

Alors, mon propre regard, traversera-t-il les siècles ?



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