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Aime-t-on le cinéma si on ne va pas voir Avatar ?

Par Charlyh

Après avoir tourné et retourné cette question et ses différentes variantes (n’aime-t-on pas le cinéma si on ne va pas voir Avatar ? Aller voir Avatar, est-ce aimer le cinéma ? Etre un vrai cinéphile ? Je ne vais pas voir Avatar mais j’aime le cinéma ? ), je me suis arrêté définitivement sur celle-ci : aime-t-on le cinéma si on ne va pas voir Avatar ?

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Car oui, peut-être pour me distinguer des autres, par esprit de contradiction voire de provocation (consciente ou non), je n’ai aucune envie d’aller voir Avatar.
Le nouveau blockbuster du King Cameron (King en référence à l’extrait et citation célèbre de son précédent film Titanic en 1997, « I am the king of the world !» qu’hurle le personnage de Leonardo Di Carpaccio à la proue du navire et que le réalisateur reprit lors de la récompense des Oscars ’98) sort aujourd’hui. Enfin, diront certains.


Film produit, écrit et réalisé, donc, par James Cameron, Avatar a commencé à se répandre sur ce qui n’était pas encore la Toile que l’on connait aujourd’hui il y a déjà une quasi-dizaine d’années : des dessins de production de l’homme qui a inventé l’univers post-apocalyptique futuriste et mécanique des Terminator circulant dès 2001, les fans du réalisateur canadien se mettant déjà à bander.

Mais, l’homme n’est pas encore sorti de son expérience Titanic (film alors le plus cher du cinéma avec son budget estimé à 200 millions de dollars, mais qui en remportera plus d’un milliard huit cent millions, sans compter ses onze Oscars sur 14 nominations), et alors que l’univers du cinéma parle de réalisations maudites que celles se passant en milieu aquatique (souvenez-vous du gouffre Waterworld - commenté la semaine dernière), lui, reste émerveillé par l’expérience humaine qu’a été la production du film qui a rendu célèbre le jeune Leonardo Di Caprio (pour citer correctement son nom) et après des mois et des mois de plongées sous-marines, il continue à garder la tête sous l’eau. Ou du moins ces caméras que ses équipes techniques ont développées pour filmer et découvrir la véritable épave du plus célèbre paquebot.


 Il exploite ou plutôt offre au public les images extrêmement rares et belles de son exploration, « Titapérience en relief du réalisateur en 2003 ou Expédition : Bismarck en 2002 – dans lesquels il apparait aussi.
Hanté par les fantômes du paquebot (il produira NIC Explorer », la même année 1997, mais moins suivi par le public), le réalisateur d’« ABYSS » produit et réalise des documentaires comme Aliens of the Deep en 2005, Ghost of the Abyss (connu aussi comme "Titanic 3D"), aussi en 2005 pour la télévision ses Titanic Adventure et Last Mysteries of the Titanic  afin d’en conclure l’aventure  (après d’autres productions télévisées dont je vous épargnerai les titres) et de pouvoir enfin se lancer dans la prochaine.

Ainsi, si l’idée de l’univers forestier de cet Avatar aurait germé dès 2001 dans son esprit prolifique, le créatif d’Hollywood peut enfin s’y lancer il y a quatre ans et demi (comme il le reconnaissait il y a encore deux semaines lors d’une interview pour la première chaine).
Nouvelle production, nouveau record de délai et nouveau budget monumental de 237 millions de dollars, Avatar est aussi une nouvelle merveille de technologie.
Car, on ne peut pas le nier mais James Cameron reste l’homme de la révolution, le réalisateur des révolutions cinématographiques !


S’il a commencé en 1978, comme scénariste, réalisateur, producteur et créateur des designs de ce Xenogenesis toujours aussi méconnu, le jeune James Cameron de 24 ans entre dans l’écurie du célèbre producteur fauché Roger Corman (pour qui l’un de ses travaux les plus connus reste Pirahna II » en 1981 ) avant de se faire remarquer avec le débarquement d’un avenir sombre de son Terminator en 1984, film qui va révéler au public ce génie mais aussi son acteur principal, Arnold Schwarzenegger (Mister Univers qui donnait un grand coup d’accélérateur et de virage à ses rôles de barbare sumérien), et son actrice principale, Linda Hamilton (qui deviendra l’une de ses épouses pour la page people).


Confirmant son talent avec sa vision militarisée et personnelle du monstre extraterrestre (démultiplié) dans son Aliens ( avec déjà Sigourney Weaver ) en 1986, sa maestria des nouvelles technologies débute avec sa première production sous-marine Abyss en 1989, dans laquelle les premières images de synthèse pour représenter les murs aquatiques et aliens des fonds sous-marins (sans spoiler le film, j’espère) confrontés aux acteurs font leur apparition. L’effet numérique balbutiant allait se confirmer avec les nombreuses métamorphoses du nouveau Terminator en métal liquide dans le blockbuster Terminator 2, Le Jugement Dernier en 1991.
TITANIC allait croiser l’iceberg de la célébrité et de la popularité six ans plus tard avec toutes les qualités, récompenses et le succès mentionnés plus haut. Six années de travail – ou presque – pour huit années d’expérience.

Mais James Cameron ne s'est pas endormi sur ses lauriers.
Et après avoir eu le temps de produire entre temps la série TV  Dark Angel (exploitant encore ses obsessions pour les corps de synthèse et créations (in)humaines en s’inspirant du manga Gumn), James se lance dans sa nouvelle réalisation.
Réalisation sur laquelle il découvrira le (selon lui) « talentueux » acteur Sam Worthington, à qui il a confié le rôle principal de ce paraplégique à qui des scientifiques militaires proposent d’investir le corps de l’être artificiel créé sur l’ADN de son jumeau et des autochtones aliens de la planète Pandora. Acteur d’une trentaine d’années qu’il conseillera lui-même au réalisateur McG, lorsque celui-ci, préoccupé d’obtenir l’aval du Maître Cameron viendra le consulter au moment de relancer la saga Terminator dans son quatrième opus et reboot Salvation. Intronisant Sam Worthington futur actionner quand on le sait à l’affiche du prochain Choc des titans du frenchie Louis Leterrier ?
La parenthèse humaine passée, on ne pourra passer sur la nouvelle évolution voire révolution que propose avec son Avatar James Cameron.

A la pointe des technologies, comme mentionné plus haut, le réalisateur a développé pour son nouveau film une toute nouvelle technologie 3D, allant encore une fois jusqu’à créer ses propres caméras pour exploser l’effet de relief que s’était vu développer un réalisateur borgne en 1953, André De Toth dans son remake de House of wax.
Oubliez et enterrez les célèbres lunettes bicolores rouges et vertes en papier de votre adolescence pour regarder des films au relief quasi anecdotique voire amateur comme The Creature of the Black Lagoon de 1954 et autres expériences 3D des eighties : Freddy 3D et cie.
Deux caméras made by Cameron ayant la lourde charge de restituer cette dimension en relief que nos yeux ajustent physiquement. Les images de synthèse de Weta et ILM venant compléter l’expérience que propose ce film, Avatar.

Dans le futur, Jake Scully (Sam Worthington), un ancien Marine américain paraplégique, est envoyé sur la planète verdoyante et forestière Pandora pour participer à la colonisation et exploitation de celle-ci.
Choisi pour voir son esprit transféré dans le corps artificiel d’un Na’vi, humanoïde de 3 mètres de haut habitant Pandora, hybride sur l’ADN de son jumeau, le jeune civil a pour mission d’infiltrer la population et permettre à l’armée américaine de les chasser le plus rapidement possible de leur territoire…
Mais, l’amour pourrait perturber cette mission et la trahison être là où on ne l’attend pas.

Et si Avatar peut avoir des échos de fable écologique dans l’amour pour leur planète des Na’vis et l’allure d’un pamphlet contre le gouvernement militariste d’occupation de l’administration Bush ( Irak et Afghanistan ) renvoyant au passé colonialiste et assassin des Américains envers un autre peuple tribal écologiste, les Amérindiens, pour leur voler leurs richesses, je ne pense pas pour autant aller voir ce film.
Car, oui, je suis conscient que Avatar reste un film, même s’il semblerait qu’une bonne part de ses 162 minutes soient de synthèse une fois le Na’vi de Jake infiltré parmi les autochtones (les acteurs ayant vu leurs jeu et actions capturés immédiatement par les caméras virtuelles de James Cameron pour une transposition quasi-directe dans l’univers, alors encore en développement, de Pandora) et pour autant ce n’est pas ce jeu qui prolonge les aventures du Polar Express ou Beowulf qui m’effraie. Non, Avatar ne m’effraie pas. Comme il ne me déçoit pas.
Avatar ne me branche pas, c’est tout.

Les aventures synthétiques de cet Alice masculin qui ici retrouve l’usage de ses jambes plus que des souliers rouges à travers le corps d’un autre (idée que le scénariste Cameron développa déjà dans une très belle idée et scène du film d’une autre de ses ex-femmes, Kathryn Bigelow, Strange Days) pour ne pas sembler rentrer chez lui au Kansas (comme l’annonce le gradé au début de la bande annonce), à moins que chez lui soit désormais cette planète alien et le chemin de briques jaunes cette végétation florissante gigantesque, ne me faisant décidément pas rêver. Le jeu vidéo pouvant peut-être me plaire plus, même si son concept militaire de semblant de shoot-em-up ne me tente pas plus.
Et la présence de Sigourney Weaver (dont on a déjà lu la précédente collaboration avec le réalisateur en tant qu’héroïne comme il en affectionne) n’y changera rien.

Avatar reste pour moi, à premières vue, une version hollywoodienne et américaine à grand spectacle de ce qu’aurait pu être une adaptation cinématographique réussie de la saga bande dessinée Aquablue des français Cailleteau et Vatine, la planète aquatique d’adoption du petit Terrien Nao étant remplacée par cette végétale Pandora dans la lutte révolutionnaire armée pour libérer son peuple d’adoption du joug et de l’exploitation humaine : « Aquablu… heu, Pandora étant à nous !! ».
Mais Avatar pas à moi. Ni d’émoi. En ce qui me concerne.


Oui, je n’irai pas voir Avatar, comme d’autres n’ont jamais vu Titanic, et pourtant vous ne pouvez pas dire que je n’aime pas le cinéma, mais c’est ça la liberté d’expression et la démocratie de faire ses choix sans être un mouton.
Et je vous emmerde (pour provoquer le débat ?)

La fiche IMDB ( en anglais ) du film


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LES COMMENTAIRES (1)

Par Tarek
posté le 24 décembre à 16:22
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Autant je te rejoins parfaitement dans ta démarche anticonformiste, pour rompre avec le suivisme bête et discipliné des adorateurs (et pourvoyeurs) du dieu Hollywood, autant je ne comprends pas cette position teintée de préjugés, à la limite parano. Mais peut-être est-ce une manifestation de ta peur viscérale et inconsciente que de te voir appartenir au troupeau des bééés. Titanic est un film-phénomène qui reste pour moi un mystère, tant le succès est à mon sens démesuré par rapport à la prouesse technique, même si elle est quelque peu méritoire. J’ai eu la même réaction que toi à la sortie de Titanic dans les salles obscures, et je me suis décidé à le voir par curiosité un peu plus tard sur DVD. Conclusion : J’ai eu raison de ne pas avoir payé mon ticket. Mon choix de ne pas le voir au cinéma fut tout d’abord une question d’affinité pour le genre. Je ne suis pas du tout attiré par les films qui jouent un peu trop du violon. C’eut été un film de S.F, j’aurai sans hésitation aucune fait le pas, même au risque de me faire bousculer par le troupeau des bééés, surtout quand c'est signé par un réalisateur talentueux.