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Le déserteur - de Boris Vian à Renaud

Publié le 04 novembre 2007 par Oneloya

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"Le Déserteur" est une chanson très célèbre écrite à l'origine par Boris Vian, sur une musique de Harold Berg, dont la première interprétation par Mouloudji fut diffusée en 1954. De nombreux artistes l'ont repris dont Boris Vian lui-même, mais aussi Serge Reggiani, Richard Anthony, Claude Vinci, Dan Bigras, Leny Escudero, Dédé Fortin et Peter, Paul and Mary, et surtout Jean Ferrat.
Le texte de la chanson comporte douze strophes de quatre vers en rimes embrassées. Il s’agit d’une lettre adressée au Président par un homme ayant reçu un ordre de mobilisation pour raison de guerre. L’auteur de la lettre donne ses raisons de ne pas partir à la guerre, et révèle son intention de déserter préférant vivre de mendicité tout en incitant les passants à suivre son exemple. C'st un vraiment un très beau texte profondément pacifiste qui a d'ailleurs été traduit dans de nombreuses langues.
En 1983, Renaud va en faire une adaptation, sous le titre "Déserteur". Paul Faber, conseiller municipal de la Seine, avait été choqué du passage à la radio de cette chanson, et avait demandé à ce qu'elle soit censurée. En guise de réponse, Boris Vian écrivit une lettre mémorable qu'il diffusa partout sous forme de lettre ouverte, sous le nom de Lettre ouverte à Monsieur Paul Faber.

. La version originelle de Boris Vian




les paroles


    

Monsieur le président
Je vous fais une lettre

Que vous lirez peut-être

Si vous avez le temps

Je viens de recevoir

Mes papiers militairesPour partir à la guerreAvant mercredi soirMonsieur le présidentJe ne veux pas la faireJe ne suis pas sur terrePour tuer des pauvres gensC'est pas pour vous fâcherIl faut que je vous diseMa décision est priseJe m'en vais déserterDepuis que je suis néJ'ai vu mourir mon pèreJ'ai vu partir mes frèresEt pleurer mes enfantsMa mère a tant souffertElle est dedans sa tombeEt se moque des bombesEt se moque des versQuand j'étais prisonnierOn m'a volé ma femmeOn m'a volé mon âmeEt tout mon cher passéDemain de bon matinJe fermerai ma porteAu nez des années mortesJ'irai sur les cheminsJe mendierai ma vieSur les routes de FranceDe Bretagne en ProvenceEt je dirai aux gens:« Refusez d'obéirRefusez de la faireN'allez pas à la guerreRefusez de partir »S'il faut donner son sangAllez donner le vôtreVous êtes bon apôtreMonsieur le présidentSi vous me poursuivezPrévenez vos gendarmesQue je n'aurai pas d'armesEt qu'ils pourront tirer


. La reprise de Renaud

 
Les paroles


Monsieur le président
Je vous fais une bafouille
Que vous lirez sûrement
Si vous avez des couilles
Je viens de recevoir
Un coup d'fil de mes vieux
Pour m'prévenir qu'les gemdarmes
S'étaient pointés chez eux
J'ose pas imaginer
C'que leur a dit mon père
Lui, les flics, les curés
Et pis les militaires
Les a vraiment dans l'nez
P't-être encore plus que moi
Dès qu'il peut en bouffer
L'vieil anar' y s'gêne pas
L'vieil anar' y s'gêne pas
Alors y parait qu'on m'cherche
Qu'la France a besoin d'moi
C'est con, j'suis en Ardèche
Y fait beau, tu crois pas
J'suis là avec des potes
Des écolos marrants
On a une vieille bicoque
On la retappe tranquillement
On fait pousser des chèvres
On fabrique des bijoux
On peut pas dire qu'on s'crève
L'travail, c'est pas pour nous
On a des plantations
Pas énormes, trois hectares
D'une herbe qui rend moins con
Non, c'est pas du ricard
Non, c'est pas du ricard
Monsieur le président
Je suis un déserteur
De ton armée de glands
De ton troupeau d'branleurs
Ils auront pas ma peau
Toucheront pas à mes cheveux
J'saluerai pas l'drapeau
J'marcherai pas comme les bœufs
J'irai pas en Allemagne
Faire le con pendant douze mois
Dans une caserne infame
Avec des plus cons qu'moi
J'aime pas recevoir des ordres
J'aime pas me lever tôt
J'aime pas étrangler le borgne
Plus souvent qu'il ne faut
Plus souvent qu'il ne faut
Puis surtout c'qui m'déplait
C'est que j'aime pas la guerre
Et qui c'est qui la fait
Ben c'est les militaires
Ils sont nuls, ils sont moches
Et pis ils sont teigneux
Maintenant j'vais t'dire pourquoi
J'veux jamais être comme eux
Quand les Russes, les Ricains
Feront péter la planete
Moi, j'aurais l'air malin
Avec ma bicyclette
Mon pantalon trop court
Mon fusil, mon calot
Ma ration d'topinambour
Et ma ligne Maginot
Et ma ligne Maginot
Alors me gonfle pas
Ni moi, ni tous mes potes
Je serai jamais soldat
J'aime pas les bruits de bottes
T'as plus qu'a pas t'en faire
Et construire tranquilos
Tes centrales nucléaire
Tes sous-marins craignos
Mais va pas t'imaginer
Monsieur le président
Que j'suis manipulé
Par les rouges ou les blancs
Je n'suis qu'un militant
Du parti des oiseaux
Des baleines, des enfants
De la terre et de l'eau
De la terre et de l'eau
Monsieur le président
Pour finir ma bafouille
J'voulais t'dire simplement
Ce soir on fait des nouilles
A la ferme c'est l'panard
Si tu veux, viens bouffer
On fumera un pétard
Et on pourra causer
On fumera un pétard
Et on pourra causer


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