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Se lasse-t-on de la voix de Cécilia Bartoli ?

Publié le 23 décembre 2009 par Philippe Delaide

Allez, je me lance, dans cette note, sur cet exercice périlleux consistant à m'interroger à propos d'une des plus grandes chanteuses actuelles, artiste généreuse, disposant d'une technique époustouflante, dotée d'une musicalité exceptionnelle et effectuant un vrai travail musicologique, en plus de son activité d'interprète.

Bartoli 2
Ces quelques lignes énumérant les indéniables qualités de Cecilia Bartoli étant rédigées, venons-on au point qui suscite le titre de la présente note. Il y a environ cinq ans, je ne jurais que par elle, écoutant en boucle notamment le superbe concert "Live in Italy", enregistré au Teatro Olimpico de Vicence, édité par Decca. Je ne me lassais pas notamment du spectaculaire "Agitata da due venti" de l'Acte 3 de Griselda (A. Vivaldi). Puis il y avait l'album sur Vivaldi ("The Vivaldi Album") qui, malgré une prise de son déplorable, était un festival de vocalise des plus "pyrotechniques". Au film, comme au concert, Cecilia Bartoli, artiste naturelle, directe, spontanée, se campe fermement sur le sol, affirme son assise avec sa belle corpulence pour affronter les quadruples croches. Sa tessiture impressionnante, lui permet d'atteindre des aigus que certaines sopranos n'osent pas frôler alors que sa voix naturelle est plutôt mezzo. A cela s'ajoute l'articulation, le phrasé, la diction.

Seulement au fil des enregistrements, malgré un vrai travail musicologique consistant à exhumer des partitions qui méritent d'être, pour la plupart, découvertes, avec un projet cohérent, de Salieri aux compositions pour castras italiens, en passant par Gluck et la Malibran, sur la durée, cette voix très travaillée, ce vibrato incessant, malgré la beauté des couleurs déployées, ces airs de bravoures alignés comme autant de perles sur un collier... ne finissent-ils pas par lasser ? Étonnamment, l'écoute d'une partie du dernier disque qu'elle a consacré aux Castras italiens du XVIIIème siècle ("Sacrificium") ne fait que conforter ce sentiment de relative lassitude. C'est fou comme on peut être "blasé" d'écouter un tel niveau d'excellence ! Plus sérieusement, s'il faut louer la qualité encore exceptionnelle du travail de Cecilia Bartoli, je crains être en train de saturer un tout petit peu sur ses modulations, ce vibrato omniprésent. Je suis certainement en train de traverser ma phase "recherche d'un chant naturel, évident, simple" et ne semble plus vraiment supporter les voix travaillées à l'extrême. C'est bien dommage, tant cette grande interprète est attachante et sincère. Je changerai peut-être à nouveau...


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