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"Avatar".

Par Loulouti
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C’est fait : mercredi 23 décembre 2009 à 10h30 je suis entré de plein pied dans un nouvel univers cinématographique, celui du long métrage de James Cameron, le colossal "Avatar".
Jamais un film n’avait fait autant parler de lui avant sa sortie. Les chroniqueurs professionnels parlaient depuis des mois de budget pharaonique et rivalisaient avec des sommes astronomiques pour nous donner le vertige.
Les idées les plus folles ont circulé prétendant que les pontes de la 20th Century Fox n’auraient pas apprécié le travail d’un metteur en scène hors normes.
Des photos distribuées sporadiquement ont rendu fous les cinéphiles à partir de la fin de l’année 2008. Mais à quoi aller ressembler ce foutu "Avatar"?
Les amoureux du 7ème art comme les spécialistes du cinéma ont pris véritablement conscience de ce qui les attendaient dans la journée du 20 août dernier quand la première bande annonce de l’œuvre a été mise en ligne.
A la fin de ces trois minutes, j’ai eu l’impression d’avoir reçu un uppercut au creux de l’estomac. Rarement des images n’avaient provoqué un tel frisson. Ma première pensée fut : "si le reste du film est comme ça, eh bien ça promet".
Paroles prophétiques me demanderiez vous ?
Oui, dix mille fois oui.
"Avatar" est bien la bombe cinématographique tant attendue par des cinéphiles en mal de rêves et de sensations fortes. C’est un long métrage novateur, épique, puissant, démesuré, sublime, superbe. Un ensemble qui va au-delà du cinéma. James Cameron réinvente le 7ème art à sa façon. Il y aura à coup sûr un avant et un après "Avatar".
Les cinéastes, dotés de moyens financiers il est vrai, ne pourront plus dire : "nous ne pouvons pas ou de nous ne savons pas le faire".
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Petite aparté aux personnes qui n’aiment pas suivre les autres, le flot des critiques élogieuses et l’avis "général" : n’ayez pas peur de vous jeter à corps perdu dans "Avatar".
Le film est bien plus que le succès du moment dont tout le monde parle et/ou qu’il faut avoir vu absolument pour ne pas paraître ridicule dans une conversation, c’est un monument du cinéma que nous venons de prendre en pleine poire, un truc de dingues.
"Avatar" réécrit le cinéma depuis quelques jours car l’œuvre a été pensé en 3 dimensions pour que le spectateur fasse UN avec le film. Voir le long métrage autrement relève pour moi de la stupidité pure et simple.
Vous allez peut être me trouver dur avec les petites salles qui luttent pour s’en sortir car équiper un lieu dédié au 7ème art avec cette technologie coûte bonbon je vous l’accorde. Mais que dire alors quand l’un des plus grands réseaux de distribution en France refuse de franchir le pas en proposant un ersatz de film à ses fidèles clients…euh spectateurs. J’étais navré quand j’ai appris la nouvelle.
Je ne vais pas non plus entrer dans les polémiques sur la paternité du long métrage de James Cameron. S’il le faut la justice se prononcera un jour. Mais j’imagine que comme n’importe quel être humain, James Cameron a du être influencé par d’autres films, des romans, des tableaux, des bandes dessinées mais de là à dire qu’il y a une certaine forme de plagiat, c’est un pas que je ne souhaite pas franchir. Non pas que je ne désire pas prendre position ou ne pas m’y intéresser mais en ce bas monde des gens dont c’est le métier seront plus à même de trancher ces questions (pécuniairement très rentables).
Et le film en lui-même ?
"Avatar" ne ressemble à rien d’autre sur le fond et la forme à ce qu’ai vu au cours de mes 39 premières années d'existence. Quand les lumières de la salle se sont éteintes, votre serviteur a quitté le plancher des vaches de cette bonne vieille Terre pour rejoindre l’univers de la planète Pandora. L’entame nous bluffe littéralement. Nous oublions tous nos repères, nos références et l’immersion est totale et définitive. A la fin de la projection j’ai vu des spectateurs qui avaient du mal à se lever et à reprendre contact avec la "réalité".
C’est l’une des qualités premières du film. James Cameron réussit son pari d’entrée de jeu. Il nous entraîne dans son sillage à des années lumière de l’astre bleu sur une planète hostile aux humains, peuplé par de redoutables Na’vis et par bien d’autres créatures on ne peut plus dangereuses.
Nous sommes plongés au cœur d’un conflit en latence qui finit par éclater. Les hommes veulent chasser les "native people" comme diraient les anglo-saxons ("ceux qui étaient là AVANT" pour les autres) dans le but de contrôler un sous-sol riche en minerais.
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Au milieu de cette guerre larvée il y a Jake Sully (Sam Worthington), marine paraplégique, envoyé en éclaireur chez les Na’vis sous la forme d’un avatar (corps contrôlé par l’esprit) pour connaître leur civilisation. Jake Sully est soumis à une double influence : celle d’une équipe de scientifiques dirigée par le Dr Grace Augustine (Sigourney Weaver) et celle des militaires menés de main de fer par le Colonel Miles Quaritch (Stephen Lang).
Entre l’approche humaniste et la raison d’Etat, Jake devra faire des choix d’autant plus draconiens que le marine tombe sous le charme de Pandora et de sa population, et en particulier de la belle Neytiri (Zoe Saldana).
La mayonnaise prend très vite car l’histoire est très simple et James Cameron amène chaque élément de manière très naturelle. Sa trame est basique mais très efficace. Il a une manière toute à lui ne nous raconter les plus belles histoires simplement. Pandora fait partie de notre quotidien au bout de quelques minutes. La ligne directrice est claire et toute tracée. James Cameron n’éprouve pas le besoin de s’égarer dans des intrigues secondaires et des développements forcément inutiles et/ou superflus.
Cette opposition de civilisations et ce désir qu’a un peuple d’imposer sa volonté à une autre entité peut être lue comme une formidable parabole sur toutes les formes d’impérialisme que l’Homme a connu au cours de son histoire. Les Na’vis sont le symbole de tous ces peuples disparus depuis que le premier homme a pensé qu’il pouvait s’accaparer le champ de son voisin. La démarche de James Cameron est admirable en tout point sur ce thème bien précis. Sa démonstration est nette et son coup de griffe acéré.
Le nombre de personnages est resserré côté humain et côté Na’vi. En dehors des protagonistes principaux, les autres personnages ne font que de fugaces apparitions, le temps de remplir leur office. Le spectateur a ainsi le temps de s’attacher à tel ou tel héros (et inversement d’éprouver de l’inimitié pour les militaires), de prendre la mesure des interactions qui se produisent inévitablement.
La fluidité de ce récit fait que les 2h40 de projection ont l’air de ne durer qu’une seconde où le temps suspend son vol. D’un très long moment d’extase devrais je dire plutôt.
La réalisation de James Cameron est pleine de force, de puissance. Le réalisateur alterne les séquences vertigineuses, les instants qui nous collent au siège avec des parenthèses de poésie où l’émotion, la vraie, la pure, est au rendez vous. Car "Avatar", au-delà de l’immense divertissement populaire pensé pour le plus grand nombre, est aussi un long métrage qui place les sentiments sur un piédestal.
Au rayon action j'ai arrêté de compter les séquences d'anthologie. Les scènes ou Jake l'avatar chevauche ses différentes montures nous réservent des plans de caméra hallucinants. La bataille finale entre forces armées et les tribus Na'vis unifiées est tout simplement jubilatoire.
Le film nous propose donc une histoire d’amour originale, étonnante, touchante, pleine de flammes et de passion entre un humain et une créature "différente". Cameron nous propose une réflexion sur les différences, sur l’acceptation de l’autre. Mais sa démarche n’est pas didactique. Son propos tient en quelques images et quelques lignes de dialogue. Et le tour est joué.
"Avatar" peut être aussi considéré comme une fable écologiste pas du tout niaise. Les Na’vis font un avec leur planète nourricière, protectrice. Encore une fois le discours de James Cameron n’est pas du tout ampoulé. Au travers des nombreuses péripéties que subissent les principaux protagonistes, la nécessité de sauvegarder et de se battre pour son cadre de vie s’impose comme une valeur incontournable, une constante qui se défend pied à pied.
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"Avatar" est un long métrage en tout point crédible. Sa planète Pandora nous explose à la tête pendant 2h40. Le spectateur est au cœur d’un univers dont chaque élément a été pensé dans les moindres détails. La forêt luxuriante et la nombreuse végétation nous surprennent, le bestiaire est unique.
Les Na’vis étaient parmi les éléments les plus difficiles à rendre. Encore une fois James Cameron et ses équipes techniques s’en sortent haut la main. A chaque seconde l’ingéniosité rivalise avec l’inventivité. Le peuple de Pandora a l’air plus vrai que nature. Dans sa démarche James Cameron montre du respect sur le fond et la forme. Connaissant son parcours et ses précédents longs métrages, il ne pouvait en être autrement. Les Na’vis ont des expressions de visage absolument étonnantes, des mouvements corporels incroyablement fluides. Ce réalisme de tous les instants, qui provoque un attachant immédiat et définitif aux habitants de Pandora, doit pour beaucoup à des images de synthèse parfaites.
Ce nécessaire respect pour la chose créée se retrouve aussi sur l’approche de la civilisation Na’vi en elle-même. James Cameron ne se contente pas de brosser le portrait des habitants de Pandora en deux coups de pinceau, bien au contraire. Il dote cette civilisation d’un langage, de coutumes, d’une philosophie de vie animiste centrée autour d’une terre salvatrice. Un anthropologue y retrouverait ses petits.
Et la 3D dans tout cela ?
Magique, bluffante, plastiquement irréprochable.
"Avatar" n’est pas un simple film en 3 dimensions de plus où la technologie n’aurait qu’une simple valeur de gadget. A l’inverse des œuvres estampillées 3D depuis quelques temps et qui relèvent parfois du piège grossier, je me répète mais le long métrage de James Cameron est avant tout une aventure d’immersion dans quelque chose de nouveau et de décisif.
Chaque plan de caméra, chaque image est unique. Que ces représentations sont belles, fascinantes. Le spectateur est happé par cette profondeur, ces volumes. On a parfois le sentiment de flotter, au propre comme au figuré, entre plusieurs dimensions, de vastes mondes.
"Avatar" peut aussi s'enorgueillir de posséder une superbe bande son composée par le talentueux James Horner. Les douces harmonies et les rythmes trépidants se marient dans une symbiose parfaite.
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Sam Worthington dans un double emploi est absolument irréprochable. Il surmonte avec un naturel déconcertant le passage d’un corps à l’autre.
Sirgourney Weaver démontre encore une fois qu’elle est une actrice hors du commun. Sa prestation est digne de ses plus grandes interprétations.
Michelle Rodriguez sait toujours montrer qu'elle a ce qu'il faut là où il le faut.
Stephen Lang joue une crapule de la pire espèce, ce qu’il y a de pire dans la nature humaine. La composition de Giovanni Ribisi nous rappelle celle de Paul Reiser dans "Aliens" signé…James Cameron.
Sur le fond, la thématique du conglomérat militaro-industriel exploitant les richesses au détriment des populations autochtones n’est pas une nouveauté chez le réalisateur américain.
Mais les vraies vedettes sont peut être les comédiennes et les comédiens que nous ne voyons jamais à l’écran sous leur forme humaine, j’ai nommé des Na’vis.
Grâce à la performance capture et aux voix, les acteurs et actrices nous charment par leur application et leur détermination. Zoe Saldana tire son épingle du jeu haut la main.
"Avatar" est bien ce tourbillon d’images, de sensations et d’émotions tant attendu. La 3D donne sa pleine mesure et le long métrage gagne la bataille de la révolution technologique de bout en bout.
J’ai une seule réserve à émettre. Ayant vu le film en version originale, que je défend bec et ongles car la voix d’origine fait partie du jeu d’un acteur, j’ai certainement loupé quelques plans intéressants, occupé à lire les sous titres. Mais le détail est infime.
Les frères Lumière ont inventé le cinématographe, James Cameron, secondé par une armée de techniciens et de génies de l’image, a fait entrer le cinéma dans un nouveau siècle.
"Avatar" n’est pas un long métrage, pas un film, pas une œuvre anodine mais une expérience d’art et un moment de vie incontournable.
Le spectateur n'a qu'une envie : retourner sur Pandora.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par Tarek
posté le 24 décembre à 17:45
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Il n'y a rien à rajouter sur cette succulente analyse, si ce n'est ceci: "J'aurais dit la même chose, mot pour mot."

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