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J'ai testé pour vous : Budapest ! Hongrois que c'est bien et pourtant…

Publié le 07 septembre 2009 par L12s

Miss-Hongrie-les-12-douze-salopards-BudapestVous savez sûrement que les teufs c’est plus vraiment à la mode. Ce qui fait fureur maintenant chez les jeunes friqués en mal d’expériences « hors du système » ? Les festivals Trance-Hippie ou comment marier la nouvelle vague écolo, le bien vivre, la musique techno et… les drogues psychédéliques. Road-trip hongrois d’un salopard dans l’univers allumé de l’Ozora festival où se mélangent culture locale, fric, drogues, vrais hippies et occidentaux en panoplie de « zen-attitude ». Première étape : Budapest. Par Jean-Paul Deniaud.
Départ de Paris, il fait moche et lourd. À moins que ce ne soit la cuite de la veille (pour l’anniversaire du pote qui m’accompagne dans mon périple) qui rende chaque pas douloureux. Ou bien encore ces sacs énormes sur nos épaules avec la Quechua 2sec, les duvets, sacs de couchages et les pantalons en trop. Le bus pour aller à Beauvais coûte toujours 13 euros et on s’en acquitte toujours avec le même sourire aigri : on part en vacances d’accord, mais se faire prendre pour des pigeons alors que l’on est pas encore partis, ça casse sévère les couilles.

Un bref vol de deux heures où la confiance entre la mécanique de l’appareil, le pilote et les passagers règnent… comme la mauvaise haleine de ma voisine de droite, que j’implore de ne pas me parler du voyage. Elle tient et nous arrivons à l’aéroport de Budapest.

Budapest (capitale de la Hongrie je le rappelle pour ceux qui, comme moi, jouaient à la Game Boy Advance pendant la géo) est une ville où l’on parle un drôle de langage (le Hongrois, oui bon ça va), une langue qui se rapproche plus du Finnois (allez savoir pourquoi) que de nos racines Latines.  On usera donc de l’Anglais. Budapest, ville qui accueille tous les ans ce festival monstrueux pour occidentaux sur-friqués, en mode beauf-et-bide-à bière, bruyants et détestables. Je parle évidemment du Sziget festival, dont on rencontre à l’aéroport des représentants Français de la pire espèce. Il est l’heure de l’apéro à notre arrivée, on se rue donc vers une bière locale en arrivant dans le « cœur de ville ». Un petit tour vers les chics chiottes du chic bar anglophone et on repart. Le but avoué se mettre une mine bien sévère avant de nettoyer tout ça dans les thermes de la ville le lendemain.

Les thermes à Buda (pour les intimes) c’est un peu une institution, des bains à toutes les températures (jusqu’à 34°C ça fait rêver) et des joueurs d’échecs grabataires sur les bords. Avançant dans la ville au charme certain et à l’architecture épargnée par les guerres, on s’avale une bonne salade tomate-mozza-spiruline sur les bords du Duna. Le Duna c’est le Danube, LE fleuve européen (vous serez interrogés à la fin, faites gaffe). La spiruline, c’est ce truc pour végétos-bobos à la con. Une algue pluri-millénaire qui soit disant apporte autant qu’une bonne viande. C’est ce que croit mon acolyte en tout cas, mais je vous jure que ça passe moins bien avec du rouge. On finit par s’arracher des  bords du fleuve alors que la nuit tombe et que l’autochtone local, un pêcheur monolingue et donc incompréhensible nous balance des mots violents pour les bouts de tomates qu’on laisse derrière nous.

La marche se révèle vite fructueuse alors que la bouteille se vide. Un bonne douzaine d’anglais ivres passent devant nous. « Excuse-me, je leur lance, but where’s the party ? « . C’est (apparemment) le leader et le plus ivre qui répond. « The party ? We go to the party, follow us! ». Il tape une sévère goulée dans notre teille et on y va. Présentations faites, ils viennent de Londres et se font un tour d’Europe en mode hôtel-cuite-avion-hôtel-cuite etc… On arrive à une grande place, le Gödör (prononcez Gheudheul) où règne la jeunesse locale et internationale, avec leur meilleure compagne : l’ivresse. c’est bien simple tout le monde boit, gueule, et il y a du verre cassé un peu partout. « C’est mortel ici! » me fait mon pote. Je suis bien d’accord. On laisse partir nos amis un peu bruyants un peu plus loin et je pars commander les premières bières. L’endroit est donc l’endroit nocturne de Buda, où, sous la grande place, s’étend un bar-boite-cafétéria avec terrasse qui remonte l’escalier. Juste au dessus, un plan d’eau où des américains s’amusent à se jeter en criant « Heul! Heul! Heul! ».

Les rencontres se multiplient, et l’option de devoir planter la tente dans cette ville s’éloigne en même temps que les grammes montent. Mon pote négocie avec des meufs de Manchester un peu trop poufs de squatter la moquette de leur piaule, sans succès. On finit par se casser, en mode campeurs par dépit. Il n’y a rien de pire que faire quelque chose par dépit, les deux prochaines filles qu’on croise seront nos proies. Elles ont l’air jeunes, mais plutôt jolies. Attention, mode Antoine de Maximy : « Excuse-me, we’re looking for a place to plant our tents tonight. Is it possible to plant it in your living room? ». Elles hésitent, les garces. L’une des deux tend ses deux poings fermés à l’autre. Celle-ci en choisit un : « No, I’m sorry ». Quoi !? Putain, on est dingues, on les remercie platement quand même et on les regarde partir tranquillement. On reste plantés là comme deux cons, quand mon pote tente une dernière fois :  « Pleeeeeaaase !! « . Elles se retournent, nous leur faisons nos yeux les plus pitoyables, elles refont leur chorégraphie avec les poings… Cette fois-ci c’est la bonne : « Yes, you can come ». « Really, ok, you’re sure ?  » on ne pose pas la question deux fois et on les suit. Sur le chemin, après quelques sommaires présentations, celle chez qui l’on se dirige se retourne vers nous :  « Have you got a swimming suit in that? » demande-t-elle en montrant nos sacs. Des maillots de bains? « Heu, yes. What for ?  » Elle nous explique qu’elle vont chercher les leurs pour retourner à la « swimming pool party » où elles étaient auparavant, et nous propose de nous joindre à elles! Putain mais grave ! Oui, c’est un plan d’enfer, oui, on a de la chatte, oui, cette ville nous plaît !

Un petit bout de chemin plus loin arrivée dans l’appart’, dans un bel immeuble à l’ancienne où la taille de l’ascenseur réduit l’espace entre nous. On a juste le temps de déposer nos sacs à l’entrée pour se rendre compte de l’état de la piaule. C’est carrément crade, le sol, la vaisselle, les chiottes… trop le bordel ! « You live alone here ? « . J’espère vraiment que c’est ça… « No, I’m with my mum and my sister ». Et merde! Bon, on fait bonne figure et on accepte le thé qu’elle nous propose, non sans avoir exploré l’intérieur de la tasse avec la plus grande rigueur. A priori notre venue ne posera de problème à personne ici. De toute façon, nous n’avons plus la force de faire autre chose que de nous laisser entre leurs mains. Maillots de bains enfilés, énième clope et… elles ne veulent plus y aller. Il est trop tard maintenant (c’est vrai qu’il est dans les 3 ou 4h du mat’) et j’avoue être bien mort aussi. C’est le moment que choisit la grande sœur pour arriver. Elle, c’est Yanka (désolé pour l’orthographe), un peu plus vieille. On flippe pour notre nuit en bonne compagnie. Après deux ou trois mots, elle sort une bouteille de rouge du frigo (sacrilège ! ) et roule un joint. Ouais, elle est cool la sœur. On finira par se pieuter. Moi dans le lit de Yanka (l’adultère est mauvais pour la santé, parlez-en à votre copine), et mon pote dans la chambre des deux meufs qui l’ont, semble-t-il, empêché de dormir toute la nuit. Réveil avec la maman bien cool, qui « aime la France » et on repart.

La visite de la ville se fera beaucoup plus courte que prévu. Le temps d’errer dans les rues de la ville à la recherche de bouffe (tout est fermé le samedi ! ) et des thermes (elles sont où bordel !? ) ; le temps de déjeuner dans un parc vraiment trop glauque avec clodos, détritus, chiens cheulous, et fourmis (c’est pas le pire je le conçois) ; le temps pour mon pote de faire un peu de méditation (il n’a pas de dreadlocks, j’vous jure), et un appel change la donne. Le pote qui devait nous prendre en camion à Buda nous plante, il faut prendre un train pour le rejoindre à deux heures au sud de la ville pour qu’il nous chope. Fais chier, mais pas le choix. On arrive à la gare 15 min avant le départ du dernier train, le temps de baragouiner en Anglo-Hongrois et on part.

C’est un vieux train. Il mettra environ 2h30 pour faire 130 km. Je crois que le meilleur moment du voyage était celui où, alors que tous les deux nous pioncions sévère, une odeur horrible m’envahit et me réveilla. En fait, l’odeur était partout, étouffante et lourde. Le vieux un peu plus loin en face de moi a bien compris ma réaction. Il se tourne sur son siège et indique une masse industrielle plus loin dans les champs qui nous entourent. Une raffinerie ? « Kèch », il me dit. Je crois que ça veut dire « gaz »… Confirmation lorsqu’il me montre l’autre fenêtre du train où s’alignent une file ininterrompue de remorques-citernes de trains. L’odeur est affreuse, l’air que l’on respire est chaud et épais et il semble imprégner nos vêtements. J’hallucine quand je remarque des gens ont leurs maisons ici. Mon pote, lui dors, paisiblement…

L’arrivée à la gare de Simontornya mettra un terme à ce périple à deux. A la sortie du train nous sommes attendus en messies. Nos potes sont en rang d’honneur, caméra au poing et nous la gueule dans le cul. On part vite et surexcités vers le lieu de toutes nos attentes : Ozora festival !


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