"allégé dedans
du coup ce rire rien fou
qui dévale long résonne dans un vide
loin
***
une plongée sans peur
sans résistance interne
une sorte de pente brusque
et ça verse sans fin autour
on ne bouge pas
c'est le reste qui fuit
poussé sur les bords
où l'oeil ne voit plus
une force déblaie on est
dans cette force
on la nomme rire
pour faire court
il n'y a rien de drôle
juste une surprise brusque
d'être sorti de soi
happé par un vide
on le connaît
mais d'ordinaire il est fermé
le rire file dans cette part au-delà
après ce qu'on peut voir
avec les mots
le plus proche serait peut-être
le rire muet des carcasses et leur danse
une sorte de transe
jusqu'à plus rien que la lumière
ce n'est pas tomber à n'en plus finir
il n'y a pas de peur dans ce trajet
cette boucle imprévue ou spirale
jusqu'à la verticale du temps
ensuite ça se défait on voit de nouveau
coaguler les murs
revenir les mots
et l'ordinaire étroit du jour
***
on écrit sur ce retour
au bout du rire
il n'y avait pas de mots
on en est sûr
pas d'images ni de souvenirs
on a seulement été d'un coup
désencombré d'être
comme tout en vrac hors
le linge sale d'une vie."
Extrait de De l'air, édité au Dé bleu, malheureusement indisponible mais vous pouvez retrouver l'auteur dans Cambouis, édité au Seuil en 2009, collection Déplacements.