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La demeure du Chaos (suite) : obligation de réparer

Publié le 28 décembre 2009 par Rendez-Vous Du Patrimoine

La demeure du Chaos (suite) : obligation de réparer
Les jours se suivent et... ne se ressemblent pas. Après les anges ...
Il y a plus d'un an, le 19 novembre 2008, notre journaliste Louis-Ferdinand Céline nous faisait part des déboires juridiques de Thierry Ehrmann, fondateur du groupe Serveur (et de sa filiale Artprice) en raison de l'utilisation faite de sa maison à Saint-Romain au Mont d'Or (69) : "une oeuvre au noir se nourrissant du chaos alchimique de notre 21e siècle". 
L'affaire, lancée en 2004, vient de s'achever, en France du moins, avec un arrêt de la Cour de Cassation du 15 décembre 2009 confirmant le dernier arrêt rendu par la cour de Grenoble. Celle-ci avait condamné Thierry Erhmann à 30 000 € d'amende et à remettre sa demeure en état. Il y est donc tenu dorénavant.
Il compte néanmoins porter l'affaire devant la Cour Européenne des droits de l'homme en se basant cette fois non plus sur les éléments du code de l'urbanisme mais sur la liberté d'expression.
En attendant, L.-F. Céline nous envoie sa réaction.
"Ça a débuté comme ça.
Les avions, comme des aiguilles dans du beurre, des jouets minuscules, l'air de rien, ça fonce et ça éclate, mieux qu'un obus, avec des giclées de verre et de ferraille. Le feu qui dégouline, la suie, le goudron. De la poussière partout en gros nuages bien gras et des gens qui courent partout, la bouche ouverte, la fin du monde.
Il a tout compris,  le péquin de Saint-Romain. Le baptême du siècle, c'est d'la peinture bien sanglante et des macchabées en direct.
Le 11 septembre, il est passé par là, la mort en cratère chevauchant des météorites, hurlant comme un cyclone atroce, s’écartelant de la cave au grenier ; que ça gicle du noir, du bien pourri, de la gadoue à vous coller les yeux pour toujours, de la mitraille à vous les écarquiller pour perpète, des portraits abominables à cauchemarder en plein jour, à finir plus tôt que prévu.
Les autres, ceux qui sont nés là et qu'ont pas l'sou ou qu'en ont trop mis dans leurs belles baraques, ils veulent pas voir ça, ces horreurs sous le nez, ça pue trop.
Les mauvais souvenirs, z'ont qu'à rester au cimetière, Ground Zero, Zero souvenir. On passe la serpillière ou on devient fou, Zero avenir.
La demeure du Chaos (suite) : obligation de réparer
Artiste qu'il dit, fumier qu'ils disent ; les robes noires se balancent les articles et les codes.
Il va voir ce qu'il va voir à nous torcher des horreurs, à ce qu'il dit du grand art.
Les arrêts, les pourvois, le tribunal, la cour de Cassation et ça y est, ça casse ! Il doit payer, il doit réparer. 
Réparer !
Ah ! la belle formule, bien inventive et ressassée depuis deux mille ans. Réparer, on passe son temps à réparer, à s'excuser de vivre !

C'est son tour à l'artiste. Pour avoir voulu faire le malin, "imiter le chaos", y'a pas assez de la réalité ?
Mais il ne veut pas se laisser faire le bougre. Il a des ressources encore, il parle de l'Europe maintenant.
On en a donc jamais fini avec l'apocalypse ?"
Merci pour votre lecture ! Thank you for reading !

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