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Des cimetières numériques

Publié le 28 décembre 2009 par Alternativechannel
Le Ghana, la Chine, l’Inde, le Pakistan… Les pays pauvres écopent les déchets technologiques des pays riches au détriment de l’environnement, mais aussi de la santé de ceux qui travaillent dans ces décharges toxiques. Chacun y trouve son compte, mais à quel prix? Par Alexa Tymocko Des dépotoirs numériques se déploient à perte de vue dans les régions éloignées de la Chine et des vapeurs toxiques menacent la santé des jeunes enfants dans les bidonvilles du Ghana. Le commerce illégal des déchets électroniques à l’échelle internationale inquiète. Des étudiants en journalisme d’une université de la Colombie-Britannique ont retracé le parcours troublant de vieux ordinateurs nord-américains. Ce qu’ils y ont découvert est perturbant. Des montagnes d’ordinateurs en provenance des États-Unis et de l’Europe sont déchargées quotidiennement sur les rives du Ghana. Des vapeurs chimiques émanent d’un énorme dépotoir industriel au cœur des bidonvilles à proximité de la plus grande ville du pays. Érigés au beau milieu de l’un des plans d’eau les plus pollués de la planète, ces bidonvilles accueillent des tonnes de déchets clandestins. Des enfants travaillent à longueur de journée dans les dépotoirs où brûlent des centaines d’ordinateurs. Ils récupèrent les résidus métalliques pour survivre, sans protection aucune. Ils mangent et jouent même au foot au milieu des vapeurs noires. Ils sont exposés au plomb, au bromure, au mercure et à la dioxine. Ces jeunes travailleurs cherchent des morceaux d’aluminium ou de cuivre afin de les revendre pour quelques dollars. Il y a quelques années, lorsque les premiers conteneurs arrivaient en Afrique occidentale, les ghanéens croyaient qu’il s’agissait de dons d’entreprises pour pallier leur retard technologique. Rapidement, les cargaisons se sont accumulées et les ordinateurs envahissent maintenant leur paysage et leur environnement quotidien. D’autres problèmes préoccupent alors que les disques durs de ces ordinateurs se retrouvent régulièrement entre les mains des pires pirates informatiques du monde. La majorité des américains ne se doutent même pas que leurs vieux appareils atteignent l’autre extrémité de la planète. Des bandes criminelles organisées scrutent leur contenu à la recherche d’informations personnelles. Numéros de carte de crédit, détails intimes, informations financières, comptes bancaires, relevés de transactions en ligne, tout y est. Le département d’État américain considère le Ghana comme l’un des hauts lieus de cybercriminalité mondiale. Ce ne sont plus seulement les individus qui sont menacés. Une équipe canadienne d'étudiants en journalisme a découvert dans l’un de ces disques durs des contrats gouvernementaux américains de plusieurs millions de dollars. Ces derniers contiennent de nombreuses informations confidentielles, dont diverses négociations avec le pentagone, la NASA, les services de renseignements militaires et même le département de sécurité intérieure des États-Unis. ©Samuel Louis Le même scénario se déroule à Hong Kong puisqu’aucune loi n’encadre le traitement de ces rebuts électroniques en provenance d’Europe ou des États-Unis. Des particuliers aux entreprises, plusieurs croient que leurs déchets sont détruits et recyclés par la suite. Mais des entreprises spécialisées en recyclage envoient des conteneurs remplis de ceux-ci dans le sud-est asiatique. Des centaines de millions de tonnes de vieux appareils quittent l’Amérique du Nord pour le plus gros marché clandestin des appareils électroniques au monde. Une réelle industrie s’est créée à partir de ces débris. Des milliers de chinois s’emploient à brûler, fondre et démonter les composantes des ordinateurs. Les femmes font cuire des cartes de circuits électroniques jour et nuit afin de récupérer de minuscules particules d’or. Elles respirent des émanations de plomb à longueur de journée et s’empoisonnent lentement l’existence. Pendant que les lois chinoises interdisent l’entrée de ces gadgets, des centaines d’entreprises continuent d’importer des déchets électroniques et de s’enrichir au profit des pauvres et de l’environnement. Quel prix devrons-nous payer pour instaurer un recyclage technologique mondial? Visionnez le reportage

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