Par Bernard Vassor
Sur ce plan de 1550, la rue de la Pute-y-Muse avait été débaptisée et dénommée rue des Célestins en raison de la construction et de l'installation du couvent des Célestins.
Deux siècles avant François Villon, les parisiens appelaient un chat un chat. Ignorant la langue de bois, la première nomenclature des rues de Paris "Le Dict des rues de Paris" nous donne un aperçu du langage utilisé pour donner une image des voies de la capitale sous Philippe le Bel. L'auteur est un nommé Guillot de Paris dont nous ne savons pas grand chose, sauf que sa fidèle épouse lui fit porter un des plus jolis andouillers de la capitale; ce qui fit dire à un ancien chroniqueur :
"Opérateur-poète est un assez beau lot,
Je descend droctement de messire Guillot
Qui mit Paris en vers, rêva l'échevinage,
Pour adoucir un peu son triple cocuage"
Un proverbe de l'époque disait : "Cocu comme un échevin"
De savants médiévistes ne sont pas tous d'accord sur la date de cet écrit, mais ils se rejoignent pour donner une fourchette entre 1300 et 1310.
"En la rue de Pute-y-Muce,
M"en entrant dans la maison Luce
Qui maint* en rue de Tyron,
Des dames ymes** vous diront"
Paris et ses faubourgs (dedenz et hors les murs) et ne comptait environ 190 rues et 20000 habitants.
Pour l'explication du nom de cette rue dont la renommée ou bien une enseigne pendue, laisse penser que l'origine révélée par Guillot devait être bien antérieure à l'an 1300.
"Près, la rue aux fauconniers :
"Trouvai la rue à Fauconnier
Où l'on trouve por deniers,
Femmes por son cors soulagier"
Inutile je crois de traduire en bon françois les noms successifs de Pute y Musse, Pute-y-Muse ou Pute-y-Muce.
Sur ce plan de Turgot, en 1730, la rue porte le nom qu'elle garde aujourd'hui : du Petit Musc, altération bien plus correcte
pour nos chastes oreilles..
Le Paris de Guillot
* Maint : demeure.
** Ymes : hymnes