Un an passe tout juste et le voilà déjà de retour. Il s’attend à ce que je fasse de nouveaux des vœux et des promesses que je ne pourrais pas tenir, ou en tout cas pas très longtemps. J’avais promis à notre dernière rencontre d’arrêter de boire et de fumer, un an est passé sans que pour l’instant je n’y parvienne. J’avais promis des tas de choses, j’avais promis de conduire moins vite, d’aider les vieilles dames à traverser la rue, de ne plus mettre de coup de pied dans le derrière des chiens que je prenais à pisser sur les pneus de ma voiture, de ne plus sécher les cours, de ne plus avoir 3 copines en même temps, de ne plus bousculer les gens dans le métro, de ne plus être un sale égoïste bref de ne plus être ce sale type arrogant et prétentieux que je m’évertue à être depuis trop longtemps.
C’est vrai qu’avoir 3 copines c’est juste odieux, pour elles.
Boire et fumer ça nuit à la santé.
Conduire moins vite, moins de carburant, moins de rejet dans l’atmosphère, un petit geste pour l’écologie (si quelqu’un sait avec précision ce qu’est l’écologie dans un monde où tout est industrialisé, jusqu’à la nourriture que l’on consomme, je serais curieux de l’entendre).
Aider les vielles dames à traverser la rue je le fais déjà mais quand le feu est rouge pour les piétons, je vais faire un effort pour le faire quand il est vert.
Ne plus sécher les cours, le concept du cours inclut le fait de les sécher pour les gens comme moi qui militent pour que le monde soit enfin dirigé par des crétins ignorants plutôt que tous ces brillants intellectuels qui font chaque jour monstration de leur grande sagesse et leur érudition. On peut prendre comme exemple le débat sur l’identité nationale, les peuples qui ne sont pas entrés dans l’histoire etc.
Si on doit faire de longues études pour en arriver là, je me dis que sécher c’est peut être pas plus mal.
Ne plus bousculer les gens dans le métro : quand les gens se rappelleront d’un mot en 10 lettres, courtoisie, et des gestes simples qui l’accompagnent comme attendre qu’on descende avant de se ruer à l’intérieur, descendre pour laisser passer quand le métro est bondé et ne pas rester figé sur place comme si la rame allait disparaître si jamais on avait le malheur de faire le moindre mouvement, dire pardon quand on veut passer, bref. Quand les gens se rappelleront ce mot simple, ces gestes qui ne coûtent rien et installent tout de suite une ambiance bien plus sympathique que celle de pugilat latent qui règne dans les voitures, j’arrêterais de les bousculer (qui a dit jamais ?).
Ne plus foutre mon pied au derrière des chiens qui pissent n’importe où et puis quoi encore ? (si vous voulez alerter Brigitte Bardot n’hésitez pas j’aurais 2 ou 3 mots à lui toucher à propos des pubs pour les manteaux de fourrure qu’elle aurait faites dans les années 70.)
Ne plus être un type égoïste, arrogant et prétentieux, qu’est ce que je pourrais bien être alors ?
Ce bon vieux Sylvestre va encore passer me voir je vais boire comme un trou, me goinfrer comme un porc et je dégueulerais deux ou trois vœux sur ses chaussures en même temps que ce que j’aurais ingurgité en trop.
Je rentrerais me coucher, si je ne meurs pas sur les routes parce que naturellement j’aurais repris ma voiture en étant encore bourré comme un coin, pour me réveiller le lendemain matin dans un brouillard abstrait, avec une barre dans le crâne comme si un ou une mal intentionnée m’avait mis un coup de batte de base-ball pendant mon sommeil. Je me rappellerais plus ou moins de mes vœux et en guise de bonne volonté je m’écrierais : « Bon, c’est bon Sylvestre tu peux te barrer maintenant je t’ai assez vu, reviens l’année prochaine si le cœur t’en dis ! »