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La menace protectionniste et les errements intellectuels de Paul Krugman

Publié le 03 janvier 2010 par Objectifliberte

Chine-templeVous savez déjà que je ne fais pas partie des optimistes quant à la réalité et la durabilité de la "reprise économique" qui serait observée en ce moment. Pis même, je prévois une poursuite des ennuis bancaires américains (voir également ceci) liés à une poursuite de la mise en insolvabilité d'un grand nombre de ménages et de commerces du fait d'une vague importante de réajustements contractuels de prêts à taux variables. La relativement bonne nouvelle est que l'ensemble des entreprises américaines a profité de la courte fenêtre de répit que la mini-reprise leur a octroyée pour renforcer leurs fonds propres. Bref, il semblerait que la seconde vague de turbulences bancaires soit mieux anticipées que la première. De là à dire qu'elle ne fera aucun dégât supplémentaire, il y a un fossé, que dis-je, un canyon, que je ne franchirai pas.
Tels des capitaines d'esquifs contraints de mener leur embarcation dans une mer déchainée, les chefs d'entreprise devront faire face à une conjoncture difficile en 2010. Il ne faudrait pas que de malencontreuses décisions gouvernementales ne viennent leur imposer des handicaps supplémentaires.
Krugman prône un retour du protectionnisme contre la Chine !
Or, plus que jamais, les hausses de chômage nourrissent une demande politique en faveur de plus de protectionnisme de la part des populations. Le chinois, ce voleur d'emplois occidentaux, voilà l'ennemi ! Et en plus, il sabote les accords de Copenhague: le bridé doit être puni, ah mais !
Que ce type de discours soit entendu de la bouche de quelque syndicaliste nourri de sa propre démagogie ne surprendra guère. Qu'il transparaisse entre les lignes de déclarations d'un politicien en vue à Washington ou Paris pourra éveiller un haussement de sourcils. Mais qu'on le retrouve sous la plume du très distingué, puisque nobélisé, Paul Krugman, ne laisse de décevoir, et surtout d'inquiéter, vu l'influence qu'a le bonhomme auprès de l'équipe dirigeante en place à Washington.
Dans son dernier éditorial de l'année 2009, pour le New York Times, Paul Krugman affirme que le refus de la Chine de laisser flotter le Yuan Renminbi est une façon déguisée de subventionner ses exportations, ce qui est parfaitement exact, que cela porte préjudice aux salariés chinois, ce qui est incontestable, mais aussi, et c'est là que je nourris quelques désaccords, que cela pénalise les salariés américains, que cela accroitrait le chômage aux USA d'1,4 Millions d'unités, et que cela justifierait quelques mesures protectionnistes en retour.
1,4 millions d'emplois ?

Krugman, dans cet article, ne donne pas la justification de son calcul:

"My back-of-the-envelope calculations suggest that for the next couple of years Chinese mercantilism may end up reducing U.S. employment by around 1.4 million jobs". C'est tout.
Mais il l'explique très sommairement ici:
Blanchard and Milesi-Ferretti, at the IMF but speaking for themselves, project a Chinese current account surplus for 2010-2014 of 0.9 percent of gross world product.

(...)

In turn, this negative shock is like a negative shock to government purchases of goods and services. So it should have a similar multiplier. Multiplier estimates are all over the place, but tend to cluster around 1.5. So we’re looking at a negative impact on gross world product of around 1.4 percent. Not huge — China isn’t the principal obstacle to recovery — but significant.

And, if we think of the United States as bearing a proportionate share, and also use the rule of thumb that one point of GDP = 1 million jobs, we’re looking at 1.4 million U.S. jobs lost due to Chinese mercantilism.


Ce qu'on voit, et ce qu'on ne voit pas
Passons sur la comparaison avec l'effet "négatif" d'une chute des achats publics, et allons à l'essentiel.
Krugman commet ici le fameux contresens dénoncé par Frédéric Bastiat: ce qu'on voit, ce sont, en admettant que le calcul de Krugman soit exact, un solde net de 1,4 millions d'emplois qui seraient déplacés vers la Chine, principalement vers ses ateliers de production, par la politique de change chinoise. Cela représente 1% de la force de travail totale aux USA. Comme le dit P.K., pas essentiel, mais pas négligeable, encore que certains commentateurs aient quelques difficultés avec les chiffres avancés par P.K.
Ce que l'on ne voit pas, ce  sont les millions d'emplois autrement plus nombreux et mieux payés dont la création n'aurait jamais été possible sans le déplacement d'une part très importante de la production en Chine, une économie tertiaire qui serait littéralement ravagée par un regain de guerre commerciale entre les grands blocs économiques qui composent notre planète.
Qui suis-je, moi, simple économiste amateur par accident, pour oser critiquer les fulgurances de coin de table de sa majesté Paul Krugman ? Pourtant, je me perds en conjectures sur le pourquoi du "portage aux nues" d'une personne qui commet de telles erreurs de raisonnement.
Commençons toutefois par évoquer ce sur quoi nous sommes d'accord et sur les effets du maintien par la Banque Centrale Chinoise du change fixe du Yuan par rapport au dollar.
Les effets du change fixe du Yuan

Le problème du change fixe du Yuan n'est pas nouveau pour les habitués de ce blog, mais nécessite peut être quelques rappels pour les autres. En septembre, dans une longue note consacrée à ce passionnant pays (reprise sur AgoraVox) voici comment je résumais cette importante question:
Dans un régime de monnaies à cours flottant, c'est à dire fluctuant sur un marché international de devises au gré de l'offre et de la demande de RMB, jamais la Chine n’aurait pu accumuler de tels excédents, et ce n'aurait pas été plus mal.
En effet, imaginons qu’un fabricant d’ordinateurs de Shanghai vende pour 200$ de produits à un revendeur américain. Avec ces 200$, il doit payer des salaires, des amortissements d’investissement, des taxes, des intérêts de prêts, le tout libellé en RMB.
Si le RMB était une devise de marché, il proposerait ses dollars (lui ou sa banque) sur ledit marché mondial, et demanderait des RMBs en échange. Or, comme la Chine exporte beaucoup plus vers les USA que l’inverse, une telle politique conduirait à un excès d’offre de dollar et de demande de RMB : le cours du RMB par rapport au dollar s’inscrirait à la hausse. La perte de compétitivité monétaire des produits chinois par rapport aux concurrents payant leurs frais en dollars serait largement compensée par, d’une part, la baisse du coût d’achat des matières premières achetées hors de Chine, libellées en dollars le plus souvent, et d’autre part par la baisse du coût des investissements nécessaires pour augmenter la productivité des salariés chinois, sous réserve que des contraintes politiques et fiscales n’obèrent pas ces investissements. Nous y reviendrons.
Autrement dit, la hausse du RMB sur les marchés mondiaux des devises forcerait les entreprises chinoises à gagner en productivité pour maintenir leurs parts de marché à l’export, mais en contrepartie, permettrait aux salariés chinois d’importer plus de biens que la Chine ne peut produire elle-même, ce qui améliorerait l’offre à laquelle ils ont accès et donc leur pouvoir d’achat. Les excédents commerciaux de la Chine se seraient donc réduits, mais cela n’aurait en rien constitué un appauvrissement pour les chinois.
Rappelons que contrairement à ce que suggère une vision superficielle des choses, exporter, c’est s’appauvrir, car on vend en dehors du pays le produit de son travail, généralement utile, contre de la monnaie, qui n’a d’utilité que indirecte, alors qu’importer, c’est s’enrichir, puisqu’on bénéficie du travail des autres, contre de la monnaie. Dans un monde normal de libre échange, il convient toutefois que ces dits échanges ne  soient  pas trop déséquilibrés, pour que les importateurs nets ne puissent trop longtemps vivre sur la sueur des exportateurs.  Faire l’effort d’exporter ce que l’on sait faire le mieux est donc l’indispensable contrepartie du pouvoir de s’enrichir en important ce pour quoi les étrangers sont plus efficaces. Mais si une nation exporte plus qu’elle n’importe vis-à-vis d’une autre nation, sa monnaie doit prendre de la valeur par rapport à celle du pays importateur, ce qui est une juste reconnaissance de la meilleure contribution du travailleur exportateur à enrichir le consommateur importateur, que l’inverse.
Mais hélas pour lui et sa population, le gouvernement chinois a choisi une autre voie, apparemment porteuse à court terme, mais dont les dangers se matérialisent aujourd’hui. Il a choisi de maintenir arbitrairement un change fixe par rapport au dollar. Quelles en ont été les conséquences ?
Conséquence des parités fixes
L’ouvrier chinois est mal payé, car la conversion de son pays à l’économie de marché, et encore, de marché très dirigé, est récente, et l’on ne rattrape pas en 20 ans des siècles de modèles de développement peu favorables, avec pour paroxysme les années Mao, qui ont coûté au pays des millions de morts et un désastre économique parmi les plus dramatiques, même au sein des pays communistes. Seul le cambodgien Pol Pot a poussé le délire meurtrier plus loin encore.
Voilà donc un pays où une jeune classe d’entrepreneurs co-optés par le parti est priée de faire du business pour sortir le pays de la pauvreté, et où produire ne coûte rien, car les salariés y sont dociles, intelligents, et mal payés.
Notre fabricant d’ordinateurs peut donc exporter des milliers de petites boites qui lui rapportent 200$ chacune. Tout le monde y trouve son compte. Le revendeur d’ordinateurs américain peut faire des marges très correctes tout en vendant plus de petites boites beiges à 500$ que s’il vendait du "made in USA", qui lui reviendrait 600$ pièces, et qu’il devrait suer sang et eau pour arriver à les vendre à 800$.
Notre entrepreneur chinois doit payer ses charges en RMB. Il va donc à sa banque, laquelle va à sa banque centrale, reçoit 200 dollars moins les frais, et émet toujours la même quantité de RMBs.
De fait, les cours des monnaies ne se réajustent pas, et la banque centrale chinoise accumule des dollars et met en circulation des grands volumes de RMBs.
Ajoutons que l’ouvrier Chinois, déjà appauvri par le refus de sa banque centrale de voir reconnaître la valeur de son travail pour l’importateur américain, en laissant s’apprécier ses Yuans durement gagnés, s'appauvrit une seconde fois en se voyant refuser la possibilité d’acheter plus de bons produits étrangers, puisque sa monnaie reste artificiellement sous cotée.
Dans cette même note, j'ai également documenté les autres effets pervers du change fixe entre Renminbi et Dollar, je n'y reviendrai donc pas.
La subvention profite à l'acheteur !

La politique chinoise équivaut donc à une "subvention aux exportations" payée de facto par le salarié chinois. Mais rappelez vous que ce ne sont jamais les produits qui paient les taxes ou reçoivent les subventions, mais ceux qui les achètent. La "subvention aux exportations" opérée par la Chine constitue donc un profit considérable pour le consommateur américain, mais aussi et sans doute surtout pour toutes les personnes parties prenantes de l'économie qui s'est bâtie autour de la faculté de délocaliser les ateliers en Chine.
Le RenMinBi Fixe est une très mauvaise affaire pour le salarié chinois, mais une très bonne pour son employeur, qui s'enrichit en produisant de gros volumes à faible marge pour l'exportation, et aussi pour toute une économie de "Middlemen", d'intermédiaires généralement basés dans les pays clients, et donc américains ou européens, c'est à dire chez nous, qui vont étudier la demande des consommateurs occidentaux, la traduire en une offre de produits adaptés à cette demande au meilleur prix, les faire produire par des salariés chinois cocufiés par leur classe dirigeante, l'importer, la vendre dans leurs magasins occidentaux, avec un marketing occidental, des services financiers occidentaux...
Autrement dit, la part de la production pure dans la valeur ajoutée des produits que vous achetez tend à s'affaiblir, celle de l'adaptation du produit à la demande et de sa distribution tendent à augmenter (phénomène déjà analysé ici). Le résultat est que les emplois "intermédiaires" qui alimentent la chaîne de création de valeur entre production et consommation, les "cols blancs", sont bien mieux payés que les emplois de cols bleus qu'ils remplacent, et que la marge réalisée grâce aux gains de productivité permis par la production low cost ont alimentée une très florissante économie du service, quand bien même celle ci connaît actuellement quelques soubresauts pour d'autres raisons.
Guerre commerciale et coûts de restructuration associés

Imaginons un seul instant qu'une guerre commerciale éclate entre USA et Chine. Krugman affirme que ce ne serait pas un gros problème pour les américains, en se focalisant sur le problème des achats ou de la revente d'actifs américains par la banque centrale chinoise. Et il "calcule" un effet positif net de 1,4 millions d'emplois supplémentaires aux USA. Est-ce justifié ? Paul Krugman ne rate-t-il pas l'essentiel ?

Imaginons que, du jour au lendemain, comme on l'a vu lorsque la consommation s'est arrêtée dans les deux mois qui ont suivi la faillite de Lehman Brothers, les produits chinois, frappés par des droits de douane exorbitants, ne puissent plus trouver de débouché aux USA. Pour les chinois, le coup serait à l'évidence rude. Mais pour les américains ?


Naturellement, ceux ci pourraient changer d'atelier: Mexique, Amérique Latine et Afrique ne manquent pas de pauvres prêts à remplacer les chinois pour sortir de leur condition actuelle. Mais du point de vue américain, que l'atelier soit à Monterrey ou Shenzen, cela ne change pas grand chose. Gageons que la demande politique pro-protectionniste ne sera pas que dirigée contre la Chine, mais contre tous les pays "à bas salaires" (ou à politique anti-carbonique jugée insuffisante, les prétextes ne manquent pas, mais c'est un autre débat).
De fait, faute de pouvoir rapidement effectuer les gains de productivité permettant de compenser la hausse des coûts de production, le "made in USA" devant remplacer le "made in China", c'est toute la part de la valeur ajoutée dédiée à la rémunération de cette économie intermédiaire qui se verrait massacrée par une telle évolution géopolitique.
Toute cette économie du service intermédiaire entre production et consommation a pris une importance considérable aux USA, où l'industrie proprement dit n'emploie plus que 10-11% de la main d'oeuvre, contre 33% après guerre, et ce pour une part inchangée dans le PIB. Cela vous donne une idée, par soustraction, de l'importance du secteur des services dans l'économie Américaine (la part du secteurs primaire y étant résiduelle).
La menace protectionniste et les errements intellectuels de Paul Krugman

Sachant cela, qui aurait le plus à perdre d'une guerre protectionniste entre USA et Chine ? Les salariés chinois, qui devraient reconvertir leur production destinée à l'export vers une économie plus tournée vers l'expansion de la zone sud est asiatique et la satisfaction de la demande intérieure et vers les services, ce qui serait difficile mais pas insurmontable, ou les USA, dont des millions de salariés des professions intermédiaires verraient la part du gâteau qui leur est servie se contracter dans d'importantes proportions ?
Les pertes seraient supérieures aux bénéfices espérés par Paul Krugman

Ajoutons que  les emplois tendent à se créer prioritairement dans les services parce que le coût en capital du nouvel emploi créé y est plus faible que dans l'industrie. Au contraire, créer un emploi industriel très productif aujourd'hui coûte extrêmement cher dans nos économies développées: les machines sont de plus en plus performantes, car un seul opérateur peut aujourd'hui accomplir avec une seule de ces machines ce que faisaient 10 ou 100 ouvriers il y a encore quelques années, et cette productivité est indispensable pour permettre de payer aux salariés officiant en production des salaires acceptables.

Relocaliser de la production dans les pays à haut salaires (ce que Paul Krugman semble appeler de ses voeux) nécessiterait donc de pouvoir investir massivement dans ces outils de production ultra sophistiqués. Avec quel argent ? L'économie américaine, comme la notre, est plombée par un endettement massif de tous les agents économiques, endettement dont le remboursement se révèle aujourd'hui problématique. L'épargne disponible est siphonnée par les états qui se sont presque tous engagés simultanément dans des politiques de relance et de sur-endettement dont la soutenabilité à terme est ouvertement questionnable.


Bref, le capital nécessaire au financement d'une relocalisation d'une partie de l'appareil industriel aujourd'hui en Chine - et plus généralement en Asie du sud est - n'existe tout simplement pas.

Si l'on ajoute à tous ces coûts de conversion déjà insupportables par eux mêmes ceux qui résulteraient de la très grande difficulté à convertir des as du marketing, de la R&D, ou des logisticiens, en producteurs de slip en coton (je caricature certes un peu, les adaptations seraient souvent plus subtiles), peu motivés par cette conversion forcée à la fois dégradante socialement et du point de vue de la rémunération, sans parler des compétences à réacquérir d'urgence...

...Vous comprendrez que j'exprime les plus expresses réserves sur le "solde net d'1,4 millions d'emplois supplémentaires" créés aux USA par l'érection de barrières protectionnistes vis à vis de la chine, et qu'au contraire, ce scénario me paraisse ouvrir la porte à des destructions massives d'emplois intermédiaires, sans contrepartie en terme de relocalisation de la production. Bref, un chômage supplémentaire massif.

Dans le pire des cas, un scénario identique à celui de la grande dépression, où des millions de "middlemen" avaient dû manger leur orgueil et retourner à l'atelier ou à la terre pour un salaire de subsistance, après un passage plus ou moins long par la case "soupe populaire", serait parfaitement envisageable.
Que faire, que ne pas faire ?
Cela ne veut pas dire que Paul Krugman ait tort d'insister sur la nocivité de la politique Chinoise du Renminbi faible. Inciter le gouvernement de Chine a changer cette option majeure de l'économie chinoise est une bonne chose, ne serait-ce que pour l'immense majorité de la population chinoise elle même. Les déséquilibres monétaires nés de ces taux de changes fixes se résorberaient progressivement, au fur et à mesure que l'évolution du Yuan reflèterait la prise de valeur relative du travail des chinois par rapport à celui des américains.
Au reste, il semble, selon des observateurs de la Chine réelle tels que Charles Gave (cf cette interview pour Turgot), dont le fonds d'investissement opère depuis Hong Kong, et non selon des économistes modélisateurs spécialistes du calcul de coin de table à Princeton, que la Chine se prépare à une telle évolution, mais qu'elle veuille le faire à son rythme, dans une démarche concertée avec ses partenaires d'Asie. On peut également supposer que cette évolution ne fasse pas l'unanimité au sein du parti communiste chinois, et qu'un tel changement politique suppose encore une maturation interne plus ou moins longue.
Si l'on est optimiste, on peut même espérer que l'article de Krugman ne soit qu'un "message" indirect envoyé par Washington a Pékin pour hâter cette évolution, mais qu'il n'y ait pas de réelle volonté à Washington de rééditer le désastre que constitua l'adoption du Smoot Hawley Act très protectionniste de 1930.
Mais ce n'est qu'une hypothèse, et il se trouvera sûrement bien des syndicalistes, lobbystes et politiciens à Washington pour prendre les mots de Krugman au pied de la lettre. Alors il convient de le répéter inlassablement:  une réponse protectionniste dure au dumping monétaire chinois ramènerait nos économies des années en arrière, et aurait des effets absolument dramatiques sur l'emploi de dizaines de millions de salariés du secteur des services de support de la production, de la logistique aux bureaux d'études en passant par la distribution, le crédit et la publicité.
Et si le gouvernement chinois persistait dans l'erreur du taux de change fixe ? Ce serait certes regrettable, mais de deux maux, il faut choisir le moindre, et nous avons plus intérêt à prendre la subvention que nous octroie ainsi le gouvernement chinois sur le dos de son salariat, qu'à nous couper de notre principal pourvoyeur de biens manufacturés à coût abordable. Cynique, certes, mais après tout, la source politique de la difficulté est à Pékin, pas à Washington ou Bruxelles.
Nous assistons aujourd'hui à quelques escarmouches commerciales entre USA, Chine, Europe, et le reste du monde. Le "Stimulus Package" de l'économie américaine voté par le congrès sous l'impulsion du président Obama comporte quelques provisions visant à favoriser l'achat "américain" qui ont pénalisé des producteurs américains transformant des matières premières importées. Quelques droits de douanes ont été rétablis sur des produits aussi peu médiatiques que la limaille d'acier ou certains textiles de niche.
En Europe, des personnes telles que Nicolas Sarkozy évoquent régulièrement l'Europe "qui doit protéger" et veulent instaurer une barrière à l'entrée des produits en provenance de pays émergents, en prenant pour prétexte leur politique de réduction insuffisante des émissions de CO2...
Espérons qu'il se trouvera assez de brillants esprits influents en haut lieu pour contrecarrer l'influence d'un Krugman, et dissuader nos gouvernants de céder plus avant à la tentation protectionniste.
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Ailleurs :
L'article de P.K. dans le NY Times
How Paul Krugman Became an idiot par Brian Shelley
The good and the bad Paul Krugman, par Richard Posner
Freedom to trade
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